L’Orchestre classique de Montréal annonce la nomination de son nouveau directeur artistique et chef principal : Jacques Lacombe. Le nouveau chef, qui entrera en fonctions en juillet prochain, devient la première personne à occuper ce poste sans faire partie de la famille Brott, qui a fondé cet orchestre il y a 83 ans.
Il succède à Boris Brott, décédé tragiquement en avril 2022 après avoir été frappé par une voiture à Hamilton, en Ontario. Boris Brott dirigeait l’OCM, auparavant appelé Orchestre de chambre McGill, depuis 2000.
Jacques Lacombe aura un mandat de cinq ans avec l’OCM, qu’il a dirigé lors du dernier concert de la saison 2022, en mai dernier, ainsi que pour l’enregistrement de la Symphonie de la tempête de verglas, de Maxime Goulet, pour ATMA Classique.
« Comme tout le monde, j’ai été choqué de ce qui est arrivé à Boris l’an dernier, dit Jacques Lacombe, rejoint par téléphone. C’est quelqu’un que j’ai beaucoup côtoyé et qui a joué un rôle important dans mon développement, comme cela a été le cas pour plusieurs musiciens. Le concert que j’ai dirigé au mois de mai était mon premier contact avec l’orchestre et comme je leur ai expliqué, il y avait quelque chose d’un peu symbolique pour moi là-dedans, car quand j’étais enfant, l’un des premiers concerts d’orchestres auxquels j’ai assisté, à Trois-Rivières, était celui de l’OCM, dirigé par Alexander Brott. C’est un de mes premiers souvenirs d’orchestre. De me retrouver à les diriger a quelque chose d’un peu sentimental. »
Au Québec, on connaît mieux Jacques Lacombe comme chef d’orchestre symphonique, pour le poste qu’il a occupé à l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières de 2006 à 2018, et auparavant, en tant que chef invité de l’Orchestre symphonique de Montréal, de 2002 à 2006. Il revient d’ailleurs régulièrement à l’OSM comme chef invité. Plus récemment, il a été directeur artistique et chef principal de l’Orchestre symphonique de Mulhouse, en France, de 2017 à 2021.
À l’étranger, Jacques Lacombe a aussi bien sûr dirigé des orchestres symphoniques, comme le New Jersey Symphony Orchestra, de 2010 à 2016, mais il est également très demandé comme chef d’opéra, son dernier poste l’Opéra de Bonn en Allemagne de 2016 à 2018. Au moment de lui parler, il revenait justement de Vancouver, où il a dirigé une production du Songe d’une nuit d’été, et s’apprête à diriger Werther à l’Opéra national de Grèce, à Athènes, en mars et avril.
« La musique de chambre est un retour aux sources, puisqu’au tout début de ma carrière, j’ai été chef associé d’un orchestre de chambre qui s’appelait l’Ensemble Amati. Je connais bien ce répertoire aussi. De plus, j’ai eu un excellent contact avec les musiciens de l’OCM, qui ont été partie prenante de la décision, et l’OCM a un bon conseil d’administration composé de gens sérieux qui prennent leur rôle à cœur, alors nous avons beaucoup de bonnes cartes dans notre jeu. »
Bien que très occupé par ses invitations à l’international, Jacques Lacombe a toujours gardé sa maison à Montréal, et sera heureux d’y avoir ce nouvel ancrage comme directeur artistique, tour en poursuivant sa carrière à l’extérieur.
« C’est certain que ma priorité sera avec l’OCM, mais ma carrière internationale va continuer, notamment à l’opéra. C’est important pour moi de pouvoir toucher au répertoire orchestral et au répertoire lyrique, car je crois que les deux se nourrissent. »
Un bon coup pour l’OCM
Il s’agit d’un excellent choix pour l’Orchestre classique de Montréal, qui bénéficiera certainement de l’expérience, du talent et de la notoriété de Jacques Lacombe.
« Je suis très heureux du processus de succession, même si, avec la mort de Boris, cela nous a fait vivre des moments difficiles, dit Taras Kulish, directeur général de l’OCM. Nous ne savions pas comment cette situation allait tourner, à long terme. Nous avons formé un comité avec des membres de différents points de vue pour réfléchir à où on voulait aller. Je connais Jacques depuis trente ans et j’ai un immense respect pour cet homme, tant comme musicien que comme personne. Avec lui, nous avons quelqu’un de très spécial qui fera rayonner l’orchestre de nouveau.
Et l’important, c’est que tous les musiciens qui vont travailler avec lui le respectent et l’adorent. Il est très exigeant, mais il le fait toujours avec un grand respect de tous. Jacques est un enfant chéri du Québec, un homme très respecté de tous. Nous sommes vraiment fiers de devenir le premier orchestre à Montréal à s’associer avec lui comme directeur artistique. Je suis vraiment ravi de la tournure des événements. De notre point de vue, on a gagné le gros lot. »
La saison 2023-2024 de l’OCM a été élaborée conjointement par Jacques Lacombe et Taras Kulish. Elle sera annoncée au mois de mai.
« Parmi les tâches d’un directeur artistique, l’une des choses qui me passionnent le plus, c’est la programmation. Au cours des dernières années, j’ai pris une pause de direction artistique et j’ai réalisé que ce qui me manquait le plus, c’était de m’asseoir et d’imaginer des programmes. J’aime avoir une créativité dans une programmation qui présente à la fois des chefs-d’œuvre du passé tout en côtoyant aussi des œuvres moins connues, du passé et d’aujourd’hui, car la création joue un rôle dans l’identité de l’orchestre. Il est aussi important de se créer un répertoire d’œuvres canadiennes et québécoises pour qu’elles deviennent un standard de notre musique à nous. De plus, je suis un chef d’opéra et Taras est un ancien chanteur, alors c’est certain que la voix jouera un rôle important. C’est un peu avec tout cela que va se tracer l’identité de l’orchestre. »