We have detected that you are using an adblocking plugin in your browser.

The revenue we earn by the advertisements is used to manage this website. Please whitelist our website in your adblocking plugin.

RENCONTRE | David Bontemps, compositeur: La Flambeau, une fiction haïtienne à l'opéra

Par Caroline Rodgers le 4 février 2023

David Bontemps, compositeur montréalais d'origine haïtienne. (Photo: Kevin Calixte)
David Bontemps, compositeur montréalais d’origine haïtienne. (Photo: Kevin Calixte)

Dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, l’Orchestre classique de Montréal présente cette semaine en première mondiale l’opéra La Flambeau, de David Bontemps, sur un livret de Faubert Bolivar. Entretien avec le compositeur montréalais d’origine haïtienne, qui nous parle de sa création.

LVM : Pouvez-vous nous parler de vous et décrire votre parcours?

David Bontemps : « J’ai grandi en Haïti, à Port-au-Prince, où j’ai suivi des cours privés de piano pendant dix ans, avec Serge Villedrouin, lui-même pianiste et compositeur. J’ai peu à peu été mis en contact avec les compositeurs classiques européens, et aussi, avec les compositeurs classiques haïtiens. C’est en apprenant les pièces de cette école nationale de composition que je suis moi-même devenu intéressé à composer de cette façon, à savoir comment styliser les traditions musicales du pays. D’autre part, je suis arrivé au Québec en 2002 pour mes études en droit. Je ne suis pas devenu avocat, car j’ai choisi de me tourner vers la musique. »

LVM : Existe-t-il des compositeurs haïtiens connus en musique classique?

David Bontemps : « Qui ont dépassé le cadre culturel haïtien? Ça commence. Il y a Ludovic Lamothe et Justin Elie, par exemple. Ce sont des compositeurs qui sont décédés et on en découvre qui ont vécu dans les années 1800, mais ils ne sont pas forcément connus, même du public haïtien. On commence à les faire connaître et à les faire sortir du cercle des connaisseurs. On peut donner, à titre d’exemple, l’album Haïti mon amour, de la pianiste Célimène Daudet, une franco-haïtienne, et qui présente des pièces de compositeurs haïtiens. »

LVM : Autrement, à quoi ressemble la musique haïtienne?

David Bontemps : « Il y en a de toutes sortes, bien sûr les musiques traditionnelles, c’est-à-dire celles que les esclaves ont emportées avec eux et qui sont généralement conservées dans la tradition vaudou. Que ce soit de la musique sacrée ou profane, c’est de la musique d’essence africaine. Il y a aussi la musique urbaine, populaire, dansante, dont on connaît maintenant le compas et le merengue. Il y a également les musiques plus savantes, dont le classique et le jazz, qui s’inspire autant des musiques urbaines et de type folklorique.

LVM : Dans votre opéra, avez-vous intégré ces différentes traditions?

David Bontemps : « Absolument. Autant des compositions où je stylise des rythmes et des mélodies de mon crû qui font écho à ces traditions. De plus, dans la pièce de théâtre de Faubert Bolivar sur laquelle est basé mon opéra, il y a un chant traditionnel vaudou que j’ai repris et stylisé et traité à ma manière.

 

Suzanne Taffot, soprano. (Photo: courtoisie)
Suzanne Taffot, soprano, fait partie de la distribution de La Flambeau. (Photo: courtoisie)

LVM : Pourquoi le titre est-il « la » flambeau, et non « le ».

David Bontemps : « L’œuvre de Faubert Bolivar est digressive à plusieurs égards. Ça commence dès le titre. De cette manière, il veut nous confronter à nos idées reçues, à ce qu’on croit être la norme, une norme qui nous empêche d’être ouvert à ce que l’autre transporte comme imaginaire, comme façon d’être. Pour répondre de manière plus précise, la flambeau est une famille d’esprits dans le vaudou haïtien, à laquelle une des protagonistes de la pièce est fidèle. C’est un univers secret, tout un imaginaire qui sert justement à faire en sorte de nous questionner : sommes-nous vraiment capables de mettre de côté nos a priori pour comprendre l’autre qui est en face de nous? »

LVM : De quoi parle le scénario?

David Bontemps : « C’est l’histoire d’un couple dysfonctionnel composé de monsieur, un intellectuel qui a de beaux principes et parle de la République, et de madame, qui semble frappée de folie. Elle parle à sa mère et à son oncle, tous deux défunts. Le couple embauche une servante, ménagère issue de la classe ouvrière, et monsieur, frappé par sa beauté, tente de l’attirer dans ses filets et va finir par la violer. Elle prend la fuite et plus tard, un parfait inconnu arrive dans le salon de monsieur et procède à son jugement. »

[NDLR : nous avons volontairement tronqué la fin de la réponse de David Bontemps afin de ne pas révéler la fin de l’histoire]

LVM : Pouvez-vous nous en dire plus sur Faubert Bolivar?

David Bontemps : « Nous nous sommes rencontrés à la Faculté de droit, à Port-au-Prince, et il enseigne maintenant la philosophie en Martinique. C’est à la faveur d’un prix qu’il a reçu pour sa pièce, La Flambeau, qu’il m’a envoyé celle-ci, en 2014, et cela m’a inspiré à écrire un opéra. Comme Faubert Bolivar est également juriste, il y a beaucoup de références à la justice dans la pièce. »

La Flambeau, opéra de David Bontemps, adaptation d’une pièce de Faubert Bolivar, avec Suzanne Taffot, soprano, Catherine Daniel, mezzo-soprano, Paul Williamson, ténor, et Brandon Coleman, baryton-basse, dans une mise en scène de Mariah Inger, sous la direction d’Alain Trudel.

Le 7 février 2023, 19h39, salle Pierre-Mercure. DÉTAILS

 

Inscrivez-vous à notre infolettre! La musique classique et l’opéra en 5 minutes, chaque jour  ICI 

Partager cet article
lv_montreal_banner_high_590x300
comments powered by Disqus

LES NOUVELLES DU JOUR DANS VOS COURRIELS

company logo

Part of

Conditions d'utilisation & Politique de vie privée
© 2024 | Executive Producer Moses Znaimer