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ÉDITORIAL | Pandémie et virage numérique: et maintenant, qu'est-ce qu'on fait?

Par Caroline Rodgers le 24 janvier 2022

Selon une enquête menée par Orchestres Canada, 94% des orchestres canadiens ont pris le virage numérique depuis le début de la pandémie, en y allant d’au moins une initiative en ligne. La preuve que le milieu de la musique classique, bien que souvent considéré comme conservateur, est tout à fait capable de s’adapter à la nouvelle réalité et disposé à le faire. Malgré ces efforts, depuis l’entrée en scène d’Omicron, le découragement et l’incertitude semblent gagner du terrain.

Depuis le début de la pandémie, le milieu culturel a fait preuve de résilience et s’est adapté. Il s’est aussi montré exemplaire en ce qui concerne le respect des mesures sanitaires. Malgré ces efforts, la situation est loin d’être reluisante. Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait? En l’absence d’un leadership clair en ce qui concerne les arts et la culture en contexte pandémique, c’est la question que tout le monde se pose.

Les coûts

Selon l’étude d’Orchestres Canada, le numérique ne couvre pas les coûts engagés, et les recherches révèlent que les publics ne reviennent pas en salles assez vite, même avec la levée des restrictions de capacité. C’est ce qu’on a pu constater en voyant des salles de concerts à moitié vides pendant la période où elles ont été ouvertes à pleine capacité, juste avant la montée d’Omicron. On ignore pourquoi exactement les gens ne sortent plus, ou sortent moins, et la réponse pourrait varier selon les individus. Mélange de peur de la COVID-19 et de nouvelles habitudes? Allez savoir.

Autre donnée cruciale:  la recherche à la base de L’avenir de l’orchestre numérique (commandée par OC, financée grâce au fonds Stratégie numérique du Conseil des arts et entreprise par The Arts Firm en collaboration avec la FCM et l’OMOSC) a révélé que la programmation en ligne a produit environ 5 à 10 % des recettes provenant de la vente de billets à des concerts en salle.

Bref, même s’il fait partie d’une adaptation essentielle à notre époque, le virage numérique n’est pas une solution miracle. D’ailleurs, au-delà des revenus de billetterie, ce modèle ne tient pas compte des composantes psychologiques et sociales intrinsèques au fait d’assister en personne à un concert ou une pièce de théâtre. Car au-delà des œuvres elles-mêmes, il y a aussi des bienfaits dans le fait de sortir et d’être réunis avec d’autres personnes pour découvrir ces œuvres et les partager. Cette intangible communion avec les artistes qui sont sur scène n’est pas la même en version numérique. Quelque chose de vrai et d’unique se perd dans la transmission à travers nos appareils électroniques, aussi perfectionnés soient-ils.

Dans cette dystopie rêvée par les bonze de la Sillicon Valley, les activités humaines doivent-elles toutes passer par un écran et se soumettre à la loi des algorithmes?

Le niveau de détresse psychologique ambiant, le peu d’enthousiasme des élèves qui ont pourtant grandi avec les écrans devant l’enseignement à distance, et la réaction mitigée des mélomanes devant l’offre numérique nous indiquent que l’être humain n’est pas encore prêt à devenir un robot.

Après deux ans d’expérimentations et de formules diverses, un constat s’impose: l’élément « vivant » des arts vivants n’est pas transposable en pixels.

 

L’Orchestre symphonique de Montréal, de retour à la Maison symphonique en mode « distancé » sur scène, 11 septembre 2020. (Photo: Antoine Saito)

Du mode hybride au retour en salles

« Hybride » a été mot d’ordre de cette saison, révèle l’enquête d’Orchestres Canada. La majorité des orchestres (69 %) prévoyaient offrir une saison hybride (numérique et en personne) pour 2021-2022. Quand les salles pourront de nouveau accueillir un public à pleine capacité, 45,9 % des orchestres prévoient continuer à offrir certaines des activités numériques actuelles; environ 18 % comptent poursuivre la totalité (16,4 %) ou plus (1,6 %) de leurs activités numériques actuelles; 26 % demeurent incertains, tandis qu’environ 10 % prévoient n’offrir aucune activité numérique. Ces résultats tiennent compte de la situation dans l’ensemble du Canada, mais n’oublions pas que chaque province établit ses règles et que la situation varie.

Alors que l’Ontario annonçait la réouverture des salles de concerts à 50% de leur capacité à compter du 31 janvier. Le « déconfinement culturel » ontarien, si l’on peut l’appeler ainsi, se fera en trois étapes, étalées de janvier à mars. Au moins, ils ont un plan. Mais qu’en est-il du Québec?

Au moment d’écrire ces lignes, aucun plan de retour en salles, même en mode distancé, n’avait été annoncé par le gouvernement Legault. L’opposition a suggéré de créer une unité spéciale, nommée «Covie-19», qui aurait pour principale mission d’élaborer un plan de déconfinement. Cette unité spéciale élaborerait des procédures en tenant compte des besoins de chaque secteur.

Mais au-delà du déconfinement et de l’ouverture des salles de cinéma, de spectacles et de concert, on est toujours en attente d’une politique solide qui ne ferait pas reposer le poids des aléas sanitaires et économiques sur le dos des seuls artistes. Réinventez-vous! disait la ministre de la culture, Nathalie Roy, au début de la pandémie. Comme si les artistes ne faisaient pas déjà cela depuis des années.

La question est complexe: il y a, d’un côté, la survie des organisations, mais de l’autre, la question de la survie des artistes eux-mêmes. Nombre d’entre eux ont déjà quitté le métier pour se réorienter. Il faut payer l’épicerie, le loyer. Le rêve de vivre de son art, déjà fragile, a été une fois de plus piétiné.

Bien sûr, ils se sont déjà mobilisés pour demander un revenu de base garanti, mais pour l’instant, cette idée ne semble pas trouver preneur auprès de nos dirigeants populistes, même si les enquêtes démontrent que le secteur culturel, dans son ensemble, a enregistré un recul important en subissant les répercussions de la pandémie, comme le démontre cette étude de Statistique Canada.

Actuellement, on nage en pleine confusion et dans l’improvisation la plus navrante. Le milieu culturel aura payé cher cette indifférence de nos dirigeants actuels envers l’importance d’une société dotée d’une vie culturelle forte et diversifiée, qui comprend la différence entre l’art et le divertissement, et pour qui « l’industrie culturelle », comme certains aiment l’appeler, ne se résume pas à regarder des séries produites ailleurs pour décompresser à la fin de nos interminables journées de travail.

Nous sommes de tout cœur avec les représentants du milieu culturel qui réclament ces jours-ci un plan de relance. Il est urgent que les arts vivants reprennent leur place.

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