Ce n’est pas tous les jours qu’un chœur québécois fête ses 50 saisons. C’est pourtant le cas du Chœur St-Laurent, qui revient sur scène pour la première fois depuis le début de la pandémie, et présente un concert en collaboration avec Les Boréades de Montréal, sous la direction de Philippe Bourque.
Au programme: les quatre Messes brèves de Jean-Sébastien Bach, un trésor à découvrir, au dire du chef, à l’occasion d’un entretien téléphonique.
LVM: Pouvez-vous nous parler de cette collaboration avec Les Boréades?
Philippe Bourque: « Au Chœur St-Laurent, c’est notre troisième coproduction avec Les Boréades, un joueur important de la musique baroque à Montréal. Nous avons participé deux fois avec eux à l’intégrale des Cantates de Bach à la salle Bourgie. J’espérais depuis longtemps faire les Messes brèves, et nous devions les présenter il y a trois ans, mais le concert a été annulé à cause de la pandémie. Cette fois, on s’est dit qu’on allait le faire, malgré la distanciation et les contraintes sanitaires. Tout le monde fait la Messe en si mineur de Bach, mais ses Messes brèves, qui sont fantastiques, sont rarement jouées. »
LVM: Quelles sont les particularités des Messes brèves?
Philippe Bourque: « Elles durent trente minutes, et sont divisées en six mouvements. Il y a toujours trois mouvements pour chœur et trois mouvements pour solistes. On ne sait pas exactement dans quel contexte elles ont été composées. Pour la Messe en si, on sait que Bach l’avait composée pour obtenir un poste, mais on ne sait pas si c’était le cas pour les Messes brèves.
Néanmoins, on se doute que comme la Messe en si, c’était peut-être une question de postérité. Bach considérait que certaines de ses œuvres sacrées devraient avoir une deuxième écoute. Sur les 24 mouvements des Messes brèves, on est capables d’identifier 19 mouvements de cantates, et on se doute que les autres proviennent de cantates qui ont été perdues. C’est ce qui est génial avec ces Messes brèves, car c’est le seul moyen d’entendre les cantates en question.
Quand on me demande pourquoi c’est intéressant d’aller entendre ces œuvres, je réponds que c’est un peu comme les « greatest hits » des cantates, car c’est le compositeur qui regarde ses cantates et choisit certaines qu’il considère réussies pour les réutiliser. Et aussi, il voulait les laisser pour la postérité et pour des raisons didactiques, pour montrer comment composer. C’est du grand Bach, et pourtant c’est un répertoire qu’on n’entend presque pas. »
LVM: Comment les choses se sont-elles passées pour vous durant la pandémie?
Philippe Bourque: « Comme bien des chœurs, nous étions bien désemparés de la situation, et nous avons continué avec des activités de formation en ligne, tout en travaillant les messes chacun de notre côté, et on est revenus en présentiel cette année, en distanciation, avec masques, et nous avons quand même bénéficié du travail qu’on avait fait auparavant. »
Pour ce concert à l’Église St-Jean-Baptiste, le choeur sera composé de 60 chanteurs. Les quatre solistes invités au concert sont Hélène Brunet, soprano, Marjorie Maltais, mezzo-soprano, Jean-Philippe Lazure, ténor, et Dion Mazerolle, baryton. Pour l’occasion, l’ensemble Les Boréades sera « augmenté » à 24 musiciens.
À savoir: pour son 50e anniversaire, le Chœur St-Laurent donnera aussi un grand concert le 1er avril à la Maison symphonique, en avril, soit le Lobgesang, de Mendelssohn.
Les Quatre Messes brèves de Bach, le 27 novembre, 19 h 30, Église Saint-Jean-Baptiste. DÉTAILS ET BILLETS
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