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CRITIQUE | Concert d'ouverture de l'OSM: un premier concert déstabilisant et le début d'une nouvelle ère

Par Caroline Rodgers le 15 septembre 2021

Rafael Payare, concert inaugural de l'OSM, 14 septembre 2021, Maison symphonique. (Photo: Antoine Saito
Rafael Payare, concert inaugural de l’OSM, 14 septembre 2021, Maison symphonique. (Photo: Antoine Saito)

Rafael Payare dirigeait le concert d’ouverture de l’OSM, saison 2021-2022, à la Maison symphonique, hier soir. Un concert qui laisse entrevoir, à n’en pas douter, une nouvelle ère sonore et esthétique. Impressions. 

Après le discours d’usage de Lucien Bouchard, le nouveau chef prend place pour diriger l’une des œuvres emblématiques de l’OSM: La Valse, de Ravel, devant un public tiré à quatre épingles et visiblement heureux de retrouver ce semblant de vie normale, avec passeport et masque.

Sans dire qu’il s’agit d’une mauvaise interprétation, on a l’impression d’avoir perdu certains de nos repères. À force d’entendre l’OSM jouer La Valse, c’est devenu, dans nos oreilles, une version de référence, que je n’ai pas reconnue hier. La sonorité n’a pas cette transparence, cette consistance aérienne et impressionniste qu’on lui connait. Tout est plus lourd et découpé, très organique, parfois pétaradant, manquant de ce flou magique qui devrait, à mon sens, caractériser cette pièce. On y trouve tout de même d’autres plaisirs, car après tout, c’est de Ravel que l’on parle, et de l’OSM.

Le Kaléidoscope de Pierre Mercure est bien vu par le chef, bien joué et tout y est. C’est une œuvre qui me fait toujours penser à des images rétro (par exemple, d’Expo 67, même si elle a été composée en 1948) et qu’il fait bon réécouter de temps en temps. Rien à redire.

Chostakovitch

La Symphonie no 5 de Chostakovitch est un monde en soi, un monde à la fois sublime et inquiétant, qui dépayse même si on l’a écoutée cent fois. On comprend tout de suite que Rafael Payare, qui dirige sans partition, a une connaissance intime de ce monde et qu’il y plante ses petits drapeaux. Sa gestuelle très précise, et pour ainsi dire éloquente, est belle à observer. Il n’est pas étonnant que les musiciens de l’OSM aient vite apprécié le chef d’orchestre lorsqu’il était invité pendant le processus de sélection, car il semble communiquer très clairement ses intentions. Le troisième mouvement est magnifique, la finale est grandiose mais manque d’un certain sens du drame, de la fatalité.

Après quelques concerts, on croit comprendre que le nouveau directeur musical de l’OSM aime faire « sonner » l’orchestre au maximum (ça fait du bien), que sa vision musicale est très enracinée dans la réalité physique, dans une approche franche et directe du son, et dans une rigueur respectueuse et concrète qui ne s’égare pas dans des considérations cérébrales superflues. C’est une approche tout à fait valide, et le temps nous dira ce qu’elle peut apporter comme développements à l’OSM, car c’est tout un défi de se renouveler sans perdre son âme, d’évoluer tout en gardant l’essence de ce qui en fait un grand orchestre. Grandir tout en restant soi-même. Trouver un juste milieu.

Bref, on est vraiment ailleurs et après une décennie avec Kent Nagano, c’est assez déstabilisant, car on se demande quelle direction prendra notre orchestre, qui sonne déjà différemment, comme libéré d’un certain carcan mais en quête de nouveaux repères. Une libération qui fait du bien en même temps qu’elle fait peur. Mon intuition me dit que ces changements seront positifs en passant par une période d’ajustement. C’est toute une machine, une merveilleuse machine, qui doit maintenant s’ajuster à son nouveau pilote. Et lui, il est en train de comprendre à qui il a affaire. Laissons leur le temps tout en savourant cette conquête d’un nouvel espace artistique, sous nos yeux et dans nos oreilles. Une aventure.

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