
Un nouveau sondage de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ) dont les résultats viennent d’être rendus publics révèle que les musiciens professionnels n’anticipent pas d’amélioration de leur situation financière en 2021.
Ce nouveau sondage actualise les résultats d’une enquête similaire réalisée en octobre 2020, qui dévoilait que 57% des musiciens professionnels envisageaient de changer de carrière en raison de la pandémie de COVID-19.
Selon le nouveau sondage, réalisé auprès de 769 musiciens entre le 12 et le 24 février 2021, la majorité des musiciens professionnels ayant répondu anticipe des revenus inférieurs à ceux de 2020 pour l’année qui commence. Malgré tous les programmes d’aide mis en place au cours des derniers mois, la situation des musiciens professionnels du Québec ne semble pas encore s’améliorer.
Actuellement, plus d’un musicien sur deux fait face à des difficultés financières. En effet, 67% des répondants estiment que leur revenu en 2021 sera égal ou inférieur à celui de 2020.
Avant la pandémie, seulement 23% des membres de la GMMQ gagnaient 20 000 $ et moins. En 2020, cette proportion a grimpé à 52%. La proportion de musiciens gagnant moins de 10 000 $ par an a plus que triplé, passant de 5% à 17%.
On ne sera donc pas étonnés d’apprendre que près de 40% des musiciens professionnels travaillent présentement en dehors de l’industrie musicale, à temps plein ou à temps partiel, pour subvenir à leurs besoins. Dans la situation actuelle, 69% des musiciens professionnels exercent un quart ou moins de leur gagne-pain habituel. Parmi eux, 26% ne peuvent pas travailler du tout. On constate donc que les spectacles virtuels ne permettent qu’à une minorité de musiciens d’avoir du travail.
Le sondage révèle aussi que 46% des musiciens envisagent de changer de carrière ou du moins, sont en réflexion à cet égard. Il s’agit tout de même d’une amélioration comparativement à 57% en octobre pour cette même question. Une forme d’espoir ou de résilience est en train d’apparaître, peut-être encouragée par la perspective du vaccin, dont la laborieuse distribution avance, malgré les embûches de toutes sortes.
Toutefois, cette proportion de 46% demeure inquiétante pour la GMMQ, qui craint que le Québec perde des talents en musique.
Catégories de musiciens plus vulnérables
Le sondage donne également quelques précisions sur les catégories de musiciens plus affectées par la crise actuelle. Les jeunes musiciens, les musiciens de bars, de restaurants et d’hôtels, ainsi que les musiciens de scène, particulièrement dans le domaine pop/rock/jazz, sont les musiciens les plus affectés par la crise sanitaire. Parmi eux, 70% et plus connaissent des difficultés financières, et plus des trois-quarts exercent moins de 25% de leur activité habituelle.
Pour les musiciens de bars, restaurants et hôtels, la portion de musiciens gagnant moins de 10 000$ par an a été multipliée par 8, passant de 3% à 24% pendant la pandémie.
Finalement, pour les musiciens de scène, et parmi eux les musiciens du domaine pop/rock/jazz, la proportion de ceux qui gagnaient moins de 10 000$ par an a quadruplé, passant de 4% à 16%.
Réouverture des salles de concerts
Finalement, 67,77% des musiciens croient que les salles de concerts et de spectacles devraient rouvrir au Québec, avec la mise en œuvre de mesures sanitaires rigoureuses. Ils rejoignent en ce sens les demandes des diverses associations d’artistes, incluant la GMMQ, qui ont interpellé le gouvernement pour une réouverture, en début de semaine.
Bien que le nombre de personnes infectées par le virus de la COVID-19 ait sensiblement diminué au cours des dernières semaines, la distribution des vaccins avance à pas de tortue au Canada et au Québec. De plus, on ignore encore quel sera l’impact de l’assouplissement des mesures sanitaires durant la semaine de relâche, et si une 3e vague meurtrière viendra nous frapper avant l’été.
L’ensemble de ces facteurs, plutôt incontrôlables, nous laisse dans l’incertitude quant à la tenue des festivals de musique classique tels que Lanaudière, le Domaine Forget ou Classica, entre autres. Bien malin celui qui pourra faire une prédiction juste.
Dans le passé, nous avons certainement été naïfs en ce qui concernait la durée de la pandémie. Rappelons l’espoir de l’été 2020, alors qu’on attendait encore une reprise des concerts en septembre. Celle-ci fut de bien courte durée.
Alors que le premier anniversaire du tristement mémorable 13 mars approche, on est encore éberlués de réaliser à quel point nos vies ont changé. Sans savoir exactement ce qui nous attend, nous savons que la vie musicale ne sera certainement pas « normale » avant un bon moment.
D’ici là, il faut encore s’accrocher.
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