Le compositeur montréalais Francis Battah, 24 ans, a remporté hier soir à Prague le 3e prix du Concours international de composition Antonín Dvořák, dans la catégorie junior, ainsi qu’un prix spécial pour l’écriture de la meilleure fugue.
Le concours, qui en était cette année à sa 10e édition, a pour objectif de soutenir les jeunes compositeurs dans leur travail. Il consiste en une épreuve d’écriture sur place, où les 25 finalistes doivent composer deux pièces en cinq jours sur des thèmes imposés, issus de la musique d’Antonín Dvořák.
Nous avons pu lui parler alors qu’il venait tout juste de rentrer chez lui. Ravi de son expérience, il revient avec une modeste bourse en poche (équivalente à environ 900$) mais surtout, fort d’une expérience enrichissante.
« La première pièce était de forme libre, et pour la seconde, on devait choisir entre des variations, un canon, une fugue ou une passacaille. Nous avons cinq jours, avec des séances de sept heures par jour. C’était très intensif et très sérieux. On devait laisser notre ordinateur dans le local, verrouillé, ainsi que nos feuilles de musique, qui étaient comptées, et nous n’avions pas accès à internet ni à nos téléphones. »
Sur place, il a pu constater que le niveau était très élevé parmi les participants, qui provenaient de 18 pays.
« La majorité se sont lancés dans des oeuvres pour orchestre, dit-il. Ma fugue était pour orchestre, mais des participants ont écrit leur pièce libre pour grand orchestre. Quand j’ai vu les gens imprimer leur travail, j’ai vu à quel point le niveau était élevé. J’étais le seul Canadien et il y avait deux Américains. »
Exercice de style
Pour la fugue, il voulait, avant tout, tester ses capacités d’écriture.
« Je voulais voir si j’étais capable d’écrire une fugue dans un langage traditionnel, et que le tout se tienne ».
La pièce libre de Francis Battah, intitulée Exploration, était une pièce pour piano.
« Je me suis un peu senti pris au dépourvu car je trouvais que le thème choisi était un peu à l’eau de rose et je ne savais pas trop, au début, comment le traiter. Je suis allé vers un style un peu à la Prokofiev, pour rendre le tout plus rythmé. J’ai essayé de faire surgir ce thème dans plusieurs atmosphères. »
Francis Battah, qui a fait un DEC en piano jazz au Cégep de Saint-Laurent, a souvent des influences jazz dans sa musique. Pendant ces deux années, il a aussi suivi des cours privés en composition avec Alan Belkin.
« J’improvise beaucoup au piano, je teste des choses à l’instrument. Je suis plus dans cette approche très pratique qu’une approche conceptuelle. »
Allé à Prague en n’ayant que peu d’attentes, Francis Battah a profité de l’occasion de se faire de nouveaux amis, et se dit content d’avoir testé ses habiletés de compositeur. De plus, ces prix lui donnent une participation automatique au concours l’an prochain, cette fois dans la catégorie senior.
Diplômé (baccalauréat) de l’Université de Montréal, il y a étudié en composition avec Ana Sokolović et Denis Gougeon. Pour le moment, il ne compte pas poursuivre ses études.
Concert à la Chapelle historique
Depuis environ un an, Francis Battah a composé surtout pour le piano. Le 18 septembre prochain, à 19 h 30 ses oeuvres seront jouées par trois pianistes d’ici à la Chapelle historique du Bon-Pasteur. Francis Battah jouera lui-même quelques-unes des plus faciles, mais Serhiy Salov. Philippe Prud’homme et Antoine Rivard-Landry, lui prêteront main forte. BILLETS.
« Je veux présenter ce que j’ai écrit pour le piano depuis que je compose, même deux pièces que j’ai faites au secondaire. Ils vont aussi jouer ma pièce Toccata no 1, qui a été jouée au Concours de musique du Canada, en 2018. »
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