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COMPOSITRICE | Katia Makdissi-Warren : le métissage musical dans le respect

Par Béatrice Cadrin le 17 juillet 2019

Cette année, la SMCQ rend hommage aux oeuvres métissées de la compositrice Katia Makdissi-Warren. (Crédit : Jérôme Bertrand)
Cette année, la SMCQ rend hommage aux oeuvres métissées de la compositrice Katia Makdissi-Warren. (Crédit : Jérôme Bertrand)

 

En choisissant de consacrer son année-hommage 2019-2020 à la compositrice Katia Makdissi-Warren, la Société de musique contemporaine du Québec fait preuve à la fois d’ouverture et d’à-propos.

D’ouverture, parce que l’esthétisme de Makdissi-Warren est fortement ancré dans la musique du monde et s’éloigne sensiblement des courants représentés jusqu’ici par les compositeurs et compositrices ayant fait l’objet de l’hommage de la SMCQ. Et d’à-propos, parce que son travail incarne plusieurs aspects de nos préoccupations sociétales actuelles. Il a, en son cœur, le métissage respectueux des musiques du Moyen-Orient et de l’Occident, auxquelles se sont ajoutées depuis quelques années celles des Premières Nations.

Formation

Katia Makdissi-Warren a étudié la composition au Conservatoire de musique de Québec et à l’École supérieure de musique de Hambourg, Allemagne. Dès le début, ses intérêts la poussent vers les musiques du Moyen-Orient : un séjour d’études à Beyrouth lui permet de se familiariser avec les musiques arabes et syriaques. Elle continue par la suite de perfectionner ses talents en participant à des stages de formation, entre autres auprès du célèbre compositeur de musique de film Ennio Morricone.

Ses musiques ont été entendues dans plusieurs pays, dont la France, l’Allemagne, l’Argentine, l’Espagne, le Maroc et le Liban. Elle signe les musiques des salles d’exposition multimédia de la plus haute tour du monde, le stupéfiant complexe Burj Khalifa de Dubaï. Ici à Montréal, l’ensemble Oktoécho, qu’elle a fondé en 2006, est en résidence à la Maison de la culture d’Ahuntsic depuis une dizaine d’années. Leur disque Saimaniq a remporté le Prix Opus de l’album de l’année dans la catégorie Musiques du monde et musique traditionnelle québécoise pour la saison 2017-2018.

 

 

Année-hommage

Une première activité en lien avec la programmation de l’Année-hommage de la SMCQ a déjà eu lieu lors des Choralies de Gatineau. À cette occasion, 1 700 enfants ont interprété Les grands espaces pour chœur d’enfants et chanteuses de gorge facultatives, résultat d’une commande de la SMCQ à Makdissi-Warren.

« J’ai voulu vraiment en profiter pour faire connaître la culture inuit et les chants de gorge. Je suis partie de l’esprit des chants de gorge pour faire imiter la nature aux enfants dans la pièce », explique la compositrice.

Bien accueillie, la pièce sera reprise le 7 août prochain dans le cadre du Festival Présence autochtone. Plutôt que des enfants, ce sera cette fois le public qui sera invité à participer en suivant un atelier en journée dans le but de présenter l’œuvre le soir.

Les projets s’étalant sur toute la saison 2019-2020 sont variés, à l’image des sources d’inspiration de Makdissi-Warren. Elle co-signera avec Stéphane Caron la musique de scène de la pièce Eldorado donnée au Théâtre du Trident de Québec. L’OSM lui a commandé une œuvre qui sera entendue au même programme que le célèbre Ainsi parlait Zarathustra de Richard Strauss.

Pour cette création, Makdissi-Warren retournera puiser du côté du Moyen-Orient, tout en reculant dans le temps jusqu’au 12e siècle. En effet, pour faire pendant à Zarathustra, elle s’inspirera du poète soufi Attar et de son recueil de poèmes persans La conférence des oiseaux. L’œuvre d’une dizaine de minutes s’intitulera Ainsi chantait Simorgh  et inclura un instrument à cordes turc nommé le kanun.

Le Festival du Monde arabe de Montréal, l’Orchestre interculturel de Vancouver, l’Orchestre symphonique de l’Estuaire et le Kamloops Symphony Orchestra ont aussi tenu à s’allier à la programmation chapeautée par la SMCQ, faisant de cette année-hommage un réel événement « d’un océan à l’autre ».

Heureusement pour la compositrice, les événements de cette année-hommage ne sont pas constitués que de créations : les chanteuses de gorge Nina Segalowitz et Lydia Etok, la chanteuse jazz et expérimentale Hélène Martel et les musiciens d’Oktoécho reprendront leur spectacle Saimaniq, enrichi de nouvelles projections, aux maisons de la culture du Plateau-Mont-Royal, de Rosemont-Petite Patrie et Frontenac trois jeudis de novembre.

Transpropriation culturelle

Katia Makdissi-Warren dit s’être sentie un peu loin des débats récents sur l’appropriation culturelle, elle qui collabore depuis presque dix ans en tout respect avec des autochtones de différents groupes culturels.

 

« À chaque fois que je travaille avec la culture autochtone, c’est avec des artistes de cette culture » – Katia Makdissi-Warren

 

Par exemple, elle a insisté auprès de l’orchestre de Kamloops pour inviter des membres des Premières Nations locales pour sa collaboration avec l’ensemble.

Elle décrit sa démarche à l’aide d’un terme qui lui a été enseigné par l’ethnomusicologue Bruno Deschênes, celui de « transpropriation culturelle ».

La programmation de cette Année-hommage, qui continue de se développer, promet d’offrir plusieurs exemples de transpropriation culturelle réussie et stimulante, pour le plus grand plaisir du public.

Conférence de Karia Makdissi-Warren au Centre de musique canadienne au Québec, mardi 10 septembre, 19 h. DÉTAILS

VOIR LA PROGRAMMATION DE L’ANNÉE-HOMMAGE À KATIA MAKDISSI-WARREN

 

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Béatrice Cadrin
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