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CMIM | Autre journée de récitals époustouflants en demi-finale du CMIM et annonce des finalistes

Par Béatrice Cadrin le 3 juin 2019

Les six finalistes du Concours musical international de Montréal, édition Violon 2019. (Photo: Tam Lan Truong)
Les six finalistes du CMIM, édition Violon 2019. (Photo: Tam Lan Truong)

Ludwig van Montréal suit de près les épreuves du Concours musical international de Montréal. Voici le compte-rendu du deuxième jour de la demi-finale d’hier, qui avait lieu en trois blocs de deux heures à la salle Bourgie. En fin de soirée, les finalistes ont été annoncés. Le jury a choisi Elli Choi (États-Unis), Christine Lim (États-Unis/Corée du Sud), Hao Zhou (États-Unis), Anna Lee (États-Unis/Corée du Sud),
Fumika Mohri (Japon/Allemagne), et Johanna Pichlmair (Autriche).

POUR LIRE LE COMPTE-RENDU DE LA PREMIÈRE JOURNÉE

Matin

Matinée de contraste à la Salle Bourgie, hier : les hasards de l’horaire ont jumelé dans le même bloc deux candidates aux personnalités diamétralement opposées. Anna Lee (États-Unis/Corée du Sud), dont le jeu est empreint de réflexion, était suivie de Gyehee Kim (Corée du Sud), qui mise plutôt sur un jeu extraverti et une sonorité musculeuse.

Je ne cacherai pas qu’entre les deux, ma sympathie va plutôt à la première. Cependant, je ne savais pas si la sonate de Beethoven avec laquelle elle a ouvert sa séance saurait convaincre les membres du jury. Du côté positif, son interprétation de la pièce canadienne imposée est à mon avis la meilleure jusqu’à ce point (il ne reste que deux candidates à entendre au moment d’écrire ces lignes – mais ce ne sont pas les moindres).

Typiquement pour elle, elle a dessiné avec soin la forme et les contrastes de caractère, mais au-delà de ça, elle en a tiré des sonorités évoquant presque des consorts de la Renaissance. S’agit-il là d’un goût affirmé pour les sonorités archaïsantes? Les mélopées de la fin de la Sonate posthume de Ravel ont reçu un traitement similaire, et dans le Nocturne et tarentelle de Szymanowski qui a suivi, le violon entre avec des quintes ouvertes, parfaitement placées.

Pour sa part, impossible de soupçonner Gyehee Kim d’être tournée vers des époques passées et lointaines : elle a les deux pieds, et l’archet, bien campés dans le présent. Cela a pour désavantage que les crescendos et les montées dramatiques manquent de vision et ouvrent trop tôt, pressés, semble-t-il, d’atteindre leur but. Si sa sonorité correspond mieux à ce qu’on imagine pour Beethoven que celle d’Anna Lee, elle manque cependant de variété.

De ce point de vue, sa prestation de la Sonate de Debussy ne pouvait rivaliser avec l’interprétation recherchée offerte par Lin Lu hier. On se demande ce que la transcription de Milstein d’un Nocturne de Chopin venait contribuer dans ce programme : on imagine que ce bonbon sans substance servait simplement à combler une exigence de minutage, avant de conclure par l’impressionnant Caprice d’après Saint-Saens d’Ysaïe.

APRÈS-MIDI

La première candidate de ce bloc, Hannah Tarley (États-Unis), ne m’avait pas accrochée lors de l’épreuve préliminaire – erreur! Elle a livré une Sonate de Franck remarquable et bien sentie, malgré une intonation occasionnellement trop haute et des accrocs dans la gestion de la pression d’archet. Dans cette œuvre comme dans la Troisième Sonate de Brahms qui a conclu le programme, j’aimerais plus de différenciation dans le vibrato et dans les nuances douces, et surtout moins de verticalité dans la prise de son, afin d’atténuer les multiples attaques trop raides. Malgré ces faiblesses, elle livre des interprétations d’une grande intensité qui transportent l’auditeur.

Intensité est aussi un mot qui s’applique à Fumika Mohri (Japon/Allemagne), avec les mêmes inconvénients au niveau de la force d’archet. Personnellement, je l’ai préférée musicalement à la précédente, et regrette un petit nombre d’ennuis techniques que j’ai repérés. D’autres auditeurs, curieusement, m’ont dit l’avoir trouvée trop technique et pas assez musicale…les mystères de la perception musicale restent insondables.

 

SOIRÉE

« Si tu penses que je songe à ton vieux violon pendant que je compose! » C’est, à peu près, ce qu’aurait dit Beethoven à un violoniste qui se plaignait de la difficulté de la musique du maître. Sa musique reste difficile pour les violonistes d’aujourd’hui : commencer leur séance par une de ses sonates n’a rendu service ni à Anna Lee ce matin, ni à Johanna Pichlmair (Autriche) ce soir, deux violonistes pourtant parmi les plus intéressantes du concours.

Heureusement, après un premier mouvement confus, Pichlmair s’est reprise pour présenter une prestation époustouflante. À force d’entendre des violonistes atterrir sur la corde à la verticale, avec des attaques inappropriées, j’en étais presque venue à croire qu’il n’était pas possible de faire autrement. Et voilà que Johanna Pichlmair réussit, elle, des atterrissages sans heurts, sans sacrifier en puissance. Violonistes du monde entier, prenez note.

La suite était à l’avenant de cette réussite. Je prends de l’avance en lui décernant, dès maintenant, le prix de la meilleure interprétation de l‘œuvre canadienne. Elle et Anna Lee ont été les seules à atteindre une telle clarté dans la forme : Pichlmair y est arrivé en utilisant des effets de nuances, appliqués particulièrement au motif obstiné mi-fa-mi, tandis qu’Anna Lee jouait plus sur les couleurs.

La dernière candidate de la demi-finale, Michiru Matsuyama (Japon), a offert elle aussi une prestation très forte. Si quelques accidents d’intonation et de prise de son se sont glissés dans la Deuxième Sonate de Prokofiev, elle s’est reprise avec une excellente Sonate de Debussy, dans laquelle elle a déployé une sonorité soyeuse. Comme points forts de la Fantaisie de Carmen de Waxman, j’ai noté un staccato volant parfait dans les deux directions d’archet, et une montée en position sur la corde sol juste et riche.

RÉSULTATS

J’ai évité de faire des prédictions, mais je vous avoue que je n’aurais pas eu tout bon si j’en avais fait. J’avais beaucoup aimé le premier candidat des demi-finales, Leonard Fu, mais celui-ci ne s’est pas retrouvé dans le choix final du jury, qui lui a préféré Christine Lim. J’aurais hésité entre Fukima Mohri et Michiru Matsuyama : je ne suis pas mécontente que le jury ait arrêté son choix sur la première. Pour ce qui est des quatre autres candidats, ils étaient aussi mes préférés et je me réjouis de pouvoir entendre leurs concertos mardi et mercredi soirs prochains avec l’OSM sous la direction du chef attitré de l’Orchestre du Centre national des arts, Alexander Shelley.

Les finalistes du Concours musical international de Montréal 2019 sont donc, dans l’ordre de présentation :

Mardi 4 juin, 19h30, Maison symphonique BILLETS
Elli Choi (États-Unis) dans le Concerto no 2 de Bartok
Christine Lim (États-Unis/Corée du Sud) dans le Concerto de Sibelius
Hao Zhou (États-Unis) dans le Concerto no 1 de Chostakovitch

Mercredi 5 juin, 19h30, Maison symphonique BILLETS
Anna Lee (États-Unis/Corée du Sud) dans le Concerto no 2 de Prokofiev
Fumika Mohri (Japon/Allemagne) dans le Concerto de Sibelius
Johanna Pichlmair (Autriche) dans le Concerto de Brahms.

Rappelons que les concurrents se disputent cette année plus de 150 000 $ en prix.

LIRE AUSSI:

CMIM | Demi-finale: compte-rendu d’une première journée palpitante à la salle Bourgie

 

 

Béatrice Cadrin
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