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CRITIQUE | Das Rheingold à l'Opéra de Montréal: impressionnant malgré quelques héros en demi-teintes

Par Caroline Rodgers le 11 novembre 2018

Roger Honeywell dans le rôle de Loge. (Photo: Yves Renaud)
Roger Honeywell dans le rôle de Loge. (Photo: Yves Renaud)

Personne ne peut nier que la production de Das Rheingold présentée en première hier soir à l’Opéra de Montréal était spectaculaire avec ses impressionnants effets scéniques. De grands moment de musique furent aussi au rendez-vous, avec quelques déceptions sur le plan vocal qui n’ont pas réussi à tout gâcher.

Cette production, déjà été présentée au Minnesota Opera en 2016, vaut le déplacement pour sa scénographie fantasmagorique reposant en grande partie sur des projections et autres effets visuels. En faisant appel aux technologies pour concevoir cet univers, le metteur en scène Brian Staufenbiel a insufflé une vision moderne à l’œuvre de Wagner, sans toutefois trahir l’esprit des légendes dont le compositeur s’est inspiré. Ainsi, les costumes ont une touche futuriste qui n’est pas sans rappeler des films de science-fiction à saveur post-apocalyptique comme Mad Max, mais conservent tout de même une esthétique fidèle à l’identité des personnages.

L’espace scénique est exploité sur quatre plans : sur la scène principale, où prend place l’Orchestre Métropolitain (au lieu d’être dans la fosse), dans des creux aménagés devant la scène qui représentent les eaux du Rhin ou la caverne d’Alberich, sur une passerelle de métal au-dessus de la scène, où évoluent les dieux, et à travers les projections d’images et d’effets lumineux très réussis.

Une exploitation dynamique de ces quatre niveaux permet un va-et-vient continuel et une fluidité de mouvements qui capte sans cesse l’attention et fait passer la soirée rapidement. De façon générale, la scénographie est au service de l’œuvre, et non l’inverse. Il ne s’agit pas d’une transposition, mais de la création d’un univers visuel qui sert bien la narration.

 

L’espace scénique est exploité de manière à faire évoluer l’intrigue sur quatre plans. (Photo: Yves Renaud)
L’espace scénique est exploité de manière à faire évoluer l’intrigue sur quatre plans. (Photo: Yves Renaud)

Les voix

Les chanteurs sont pour la plupart satisfaisants, sauf pour deux des personnages principaux, et c’est là que le bât blesse. Le baryton-basse Ryan McKinny (Wotan) n’a définitivement ni la puissance vocale, ni la présence scénique pour dominer cet univers opératique. Privé de ces atouts essentiels, il ne projette pas la majesté que l’on attend de son personnage et donne plutôt l’image d’un souverain des dieux sans substance et personnalité. Quant au ténor Roger Honeywell, s’il excelle dans le jeu théâtral et incarne son personnage avec intelligence, il fait entendre une voix parfois éteinte, souvent détimbrée et assez mince. On a du mal à croire qu’il n’était pas possible de trouver deux chanteurs à la hauteur de ces rôles importants.

 

L’excellent baryton-basse Nathan Berg dans le rôle d’Alberich, allie une voix superbe, musicalité et prestance. (Photo: Yves Renaud)
L’excellent baryton-basse Nathan Berg dans le rôle d’Alberich, allie une voix superbe, musicalité et prestance. (Photo: Yves Renaud)

Heureusement, le reste de la distribution est satisfaisant, en particulier l’excellent baryton-basse Nathan Berg dans le rôle d’Alberich, qui allie voix imposante, émotion, musicalité et prestance. Plus tard, c’est de lui dont on se souviendra le plus quand on repensera à la production.

Les deux basses, Julian Close (Fasolt) et Soloman Howard (Fafner) sont fantastiques. La voix de Julian Close, qui faisait ses débuts à l’OdeM dans ce rôle, est riche, texturée, profonde. Dans tout l’opéra, ce sont d’ailleurs Fasolt et Fafner qui se rapprochent le plus de l’univers de la science-fiction. Avec leurs crânes chauves et leurs grosses lunettes, ils rappellent certains personnages de film, quelque part entre le méchant caricatural à la Dr. Evil des Austin Powers et le savant fou.

Cette vision des géants donne à penser que l’approche du metteur en scène puise davantage dans la culture populaire en créant des parallèles avec d’autres univers fictionnels qu’elle ne cherche à transmettre une lecture approfondie de la symbolique wagnérienne. Cette impression est amplifiée par un astucieux stratagème qui permet aux géants d’être vraiment géants par rapport aux autres. Tandis que les deux chanteurs fixent de près une caméra placée sur scène, leurs traits grossis deviennent des lignes blanches et floues sur le fond noir d’un grand écran, comme s’ils parlaient d’un autre monde.

 

La soprano Caroline Bleau continue sur la belle lancée d’Another Brick in the Wall en campant une Freia très crédible et bien en voix. (Photo: Yves Renaud)
La soprano Caroline Bleau continue sur la belle lancée d’Another Brick in the Wall en campant une Freia très crédible et bien en voix. (Photo: Yves Renaud)

Chez les femmes, la soprano Caroline Bleau continue sur la belle lancée d’Another Brick in the Wall en campant une Freia très crédible et bien en voix. Aidan Fergusson (Fricka), qui avait aussi impressionné dans Dialogues des Carmélites, fait entendre un timbre chaleureux, une voix souple, charnue et parfaitement maîtrisée.

Steeve Michaud (Froh), qu’on l’on entend trop rarement à l’OdeM, est fabuleux. Quelle belle voix de ténor! Sa prestation est impeccable. Gregory Dahl (Donner), un habitué de la compagnie, est à la hauteur, comme c’est presque toujours le cas. La mezzo Catherine Daniel (Erda) s’avère magnétique par sa présence et très agréable à entendre. Le ténor David Cangelosi (Mime) et les trois ondines (Florence Bourget, Carolyn Sproule et Andrea Nunez) sont amusants et dotés de belles voix. L’Orchestre Métropolitain, sous la direction de Michael Christie, apporte une contribution musclée et une masse sonore imposante que le chef semble vouloir tempérer pour éviter d’enterrer les voix. On oublie toutefois la présence des musiciens sur scène pour se concentrer sur l’action.

En somme, malgré les deux prestations vocales décevantes, nous avons passé une soirée passionnante, avant tout grâce au génie de Wagner, qui serait sûrement bien étonné de voir ce que l’on fait, en 2018, de ses opéras.

Prochaines représentations: les 13, 15 et 17 novembre. DÉTAILS

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