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IN MEMORIAM | La mécène Jacqueline Desmarais s'éteint à 89 ans, les musiciens témoignent de sa générosité

Par Caroline Rodgers le 3 mars 2018

Jacqueline Desmarais. (Photo: Gouvernement du Québec)
Jacqueline Desmarais. (Photo: Gouvernement du Québec)

Mme Jacqueline Desmarais, veuve de feu l’honorable Paul G. Desmarais (1927-2013), est décédée ce matin. La nouvelle a été rendue publique par la famille par voie de communiqué.

Mme Jacqueline Desmarais est née en 1928 à Sudbury, en Ontario, et elle a fait des études en sciences infirmières avant d’épouser en 1953 Paul G. Desmarais, qui fut le président et chef de la direction de Power Corporation et qui est décédé en 2013. Elle laisse dans le deuil ses enfants, Paul Desmarais Jr, André Desmarais, Louise Desmarais et  Sophie Desmarais. Toutes nos condoléances à ses proches.

Une généreuse mécène

Mme Desmarais était une grande amoureuse de la musique classique et très importante donatrice de nombreuses institutions en musique classique. Elle aimait particulièrement l’opéra et avait mis sur pied une fondation pour aider les jeunes chanteurs, en 1997. Au fil des ans, elle a apporté son aide, entre autres, au Domaine Forget, à l’Opéra de Montréal, à l’Orchestre symphonique de Montréal, à l’Orchestre Métropolitain, au Concours musical international de Montréal, à l’Institut canadien d’art vocal et au Metropolitan Opera de New York. Difficile de compter le nombre de chanteurs qui ont pu, grâce à elle, aller passer des auditions à l’étranger et percer dans le monde lyrique.

C’est également grâce à un don de cinq millions de sa part que la Maison symphonique et l’OSM ont pu avoir leur Grand Orgue Pierre-Béique, inauguré en 2014.

En 2011, elle recevait un doctorat honorifique de l’Université de  Montréal. Alors collaboratrice à La Presse, j’avais été désignée pour couvrir cet événement à la salle Claude-Champagne. (LIRE MON ARTICLE DE LA PRESSE DE 2011) J’avais alors eu l’occasion de lui poser quelques questions.

Très émue au moment de monter sur scène, pendant la cérémonie, elle avait dit:

«Jamais je n’aurais rêvé qu’un jour, je recevrais une telle marque de reconnaissance. »

Après la cérémonie, elle m’avait raconté que son amour pour la musique classique lui venait en grande partie de son amitié avec Pierre Béique, qui l’avait initiée à cet art, alors qu’à l’époque, elle aimait plutôt le jazz.

 

Mme Jacqueline Desmarais en compagnie de Joseph Rouleau et de Stéphane Tétreault à l'occasion d'un événement bénéfice pour le Concours musical international de Montréal. (Photo: courtoisie CMIM)
Mme Jacqueline Desmarais en compagnie de Joseph Rouleau et de Stéphane Tétreault à l’occasion d’un événement bénéfice pour le Concours musical international de Montréal. (Photo: courtoisie CMIM)

Réactions et témoignages de musiciens

Stéphane Tétreault, violoncelliste, s’est lié d’amitié avec Mme Desmarais en 2010. C’est à la générosité de cette dernière qu’il doit de pouvoir jouer sur son violoncelle Stradivarius Comtesse de Stainlein, qu’elle a acheté aux enchères pour lui prêter à long terme, deux ans après l’avoir rencontré pour la première fois.

« La nouvelle est très difficile à prendre sur le plan de sa philanthropie, qui a été immense, dit Stéphane Tétreault. On n’arrive plus à compter tout ce qu’elle a donné, mais j’ai surtout de la peine sur le plan personnel, c’était une très grande amie et j’ai eu l’immense chance de la côtoyer pendant huit ans. On s’est rencontrés en 2010. J’avais donné un concert avec I Musici et le soir-même, j’ai été interrogé au téléjournal. Elle m’a vu à la télévision et elle a pris mon nom en note. Le lendemain, elle a demandé à son assistante si elle avait déjà entendu parler de moi. Le hasard a voulu que son assistante était présente à ce concert, la veille. Elles ont organisé une rencontre et ça a été le début de notre amitié. C’est seulement deux ans plus tard qu’on a discuté de la possibilité d’acquérir un nouvel instrument. »

Après l’acquisition du Stradivarius de Bernard Greenhouse, qui est prêté à long terme à Stéphane Tétreault, la mécène s’est évidemment réjouie des succès du jeune musicien, comme elle se réjouissait des succès de tous ceux qu’elle a aidés à lancer leur carrière.

« Elle aimait être généreuse, mais quand il y avait un impact sur notre carrière, quand notre vie personnelle allait bien, elle était tellement heureuse pour les autres! Même chose pour son mari. J’ai rarement vu des personnes aussi altruistes et qui se soucient autant du bonheur des autres. » – Stéphane Tétreault

 

En témoigne d’ailleurs cette citation de 2011, recueillie à l’occasion d’une entrevue téléphonique dans le contexte d’un concert pour la relève, où elle me disait:

« Nos gouvernements sont pris à la gorge et ne peuvent pas toujours venir à la rescousse des institutions musicales, encore moins des jeunes chanteurs. J’adore la musique classique, alors j’aide tant que je peux. Parfois, un jeune chanteur peut rater sa carrière simplement pour des questions d’argent. Lorsque j’apprends qu’un des protégés de ma fondation chante à la Bastille ou au Met, imaginez mon bonheur! » – Jacqueline Desmarais, en 2011

 

Yannick Nézet-Séguin a exprimé sa gratitude et sa tristesse de voir partir celle qui fut son amie et sa bienfaitrice à travers un communiqué émis par l’Orchestre Métropolitain, dont il est le directeur artistique et chef principal.

 

« Je suis profondément attristé par le départ de ma grande amie Jacqueline, une femme extraordinairement énergique et inspirante, une mécène passionnée pour la musique sous toutes ses formes. Son amour indéfectible pour les artistes et son flair unique pour le talent en a guidé plusieurs vers la réussite. Son œuvre aura de nombreuses répercussions sur les générations à venir. Le milieu musical et artistique du monde entier, plus particulièrement au Canada, au Québec et à Montréal, est en deuil » – Yannick Nézet-Séguin

 

Le ténor Marc Hervieux raconte avoir été l’un des premiers chanteurs à bénéficier d’une bourse de la Fondation Jacqueline Desmarais pour les jeunes chanteurs lyriques canadiens.

« J’ai reçu la bourse pendant trois ans, et par la suite, je suis resté longtemps en contact avec la famille, dit Marc Hervieux. Pendant les années qui ont suivi, je donnais souvent des concerts privés pour eux. Grâce à ces bourses, j’ai pu aller passer des auditions, recevoir du coaching et rencontrer des professeurs. Je pense que le monde de la musique classique ne serait pas le même sans le soutien et l’apport exceptionnels de Mme Desmarais, en particulier chez les chanteurs et chanteuses lyriques. Plusieurs de ceux qui ont aujourd’hui une carrière internationale importante ont reçu son aide. Sans elle, le panorama musical, aujourd’hui, ne serait pas le même. »

En reconnaissance de sa contribution à la société et au monde des arts, Mme Jacqueline Desmarais a reçu de nombreux honneurs: elle été intronisée au Panthéon canadien de l’art lyrique en 1996. Elle a été nommée officière de l’Ordre du Canada, en 1999, chevalière de l’Ordre national de la Légion d’honneur, en 2011, grande officière de l’Ordre national du Québec, en 2012, et officière de l’Ordre du Canada, en 2013. Elle a aussi remporté un prix Rubies d’Opera Canada, en 2011, et le prix Hommage dans le cadre de la 19e édition des prix Opus remis par le Conseil québécois de la musique, en 2016.

Ludwig van Montréal continuera de recueillir des témoignages d’artistes aujourd’hui et au cours des prochains jours. Suivez-nous sur Facebook pour lire les développements.

 

 

 

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