L’Orchestre Métropolitain a le vent dans les voiles cet automne avec un premier enregistrement sur Deutsche Grammophon lancé sous peu et une première tournée internationale dans l’histoire de l’orchestre. À deux mois du grand départ, Yannick Nézet-Séguin s’est penché sur les circonstances qui ont mené à cette nouvelle étape lors d’un entretien en tête à tête avec Ludwig van Montréal, nous apprenant qu’un second album avec DG est déjà projeté et qu’une deuxième tournée est aussi envisagée.
« Il y a dix ans, en Europe, peu de gens connaissaient l’existence de l’OM, souligne Yannick Nézet-Séguin. Aujourd’hui, tout le monde est au courant et veut entendre ce mystérieux orchestre de Montréal avec qui je travaille depuis seize ans. Cette tournée est venue parce que Paris nous a invités en premier. Une fois cette invitation faite, d’autres villes ont suivi. »
En plus de Paris, l’OM visitera Amsterdam, Rotterdam, Cologne, Dortmund et Hambourg.
« Ce sont des villes où j’ai dirigé souvent, où j’allais plusieurs fois par année avec l’orchestre de Rotterdam et d’autres ensembles. Mais parce que je commence une nouvelle étape plus nord-américaine, avec le Metropolitan Opera, j’irai moins dans ces salles dans les prochaines années et cela crée une demande qui a aidé à la mise sur pied de la tournée. En fait, la demande était telle que nous aurions pu faire une tournée deux fois plus importante, mais ce n’était pas possible à cause de mes disponibilités. Nous pensons donc déjà à une deuxième tournée, dans deux ou trois ans. »
Les solistes invités seront des Québécois ou des musiciens français qui éprouvent un attachement particulier pour le Québec : Stéphane Tétreault, Marie-Nicole Lemieux, Jean-Guihen Queyras et Alexandre Tharaud.
La logistique de la tournée est prise en charge par Askonas Holt, l’agence de Yannick Nézet-Séguin. Un deuxième album avec Deutsche Grammophon est également projeté, après celui enregistré à Montréal l’an dernier avec le ténor Rolando Villazon et la basse russe Ildar Abdrazakov, qui sera lancé cet automne.
S’il ne peut pas encore révéler les détails de ce prochain enregistrement, ce sera un autre album vocal, souffle le maestro.
Confiance en soi
Tous ces développements positifs pour l’OM ne sont pas le fruit de la chance ou du hasard, mais bien du travail.
« Ce ne sont pas des choses qui arrivent d’un coup. Le développement de l’OM se fait comme le développement de ma propre carrière à une certaine époque. Je me suis toujours concentré sur mes tâches présentes. Quand j’étais jeune, mes parents me disaient : fais ce que tu as à faire, fais-le bien, sois intense et les bonnes choses vont t’arriver. Pas de façon magique, mais à force de travail. Oui c’est une autre étape pour l’OM mais c’est toujours une question de poursuivre ce même geste, qui est d’aller vers les gens. Le fait de vouloir partager la musique avec le plus grand nombre. »
Selon lui, un autre élément ayant mené à cette étape est le fait que les musiciens de l’OM ont gagné de la confiance en eux. La mini-tournée ontarienne réalisée il y a deux ans, avec le violoncelliste Stéphane Tétreault comme soliste a contribué à faire grandir cette confiance.
« Cette tournée a eu tellement de succès, l’orchestre a tellement bien joué à Toronto et à Ottawa que j’ai commencé à nous laisser rêver à l’Europe. J’ai vu que nos musiciens étaient capables d’être à leur meilleur dans des circonstances différentes. »
Pour un orchestre qui a grandi dans l’ombre de l’autre grande formation symphonique montréalaise, ces développements amorcent l’élargissement de la mission de l’OM, qui, tout en continuant à amener la musique dans les arrondissements de Montréal, développera son répertoire et se tournera davantage vers l’international.
« Pendant des années, on s’est fait demander : mais pourquoi un deuxième orchestre à Montréal? Au fil du temps, ces remises en question sont dures à prendre, et peut-être qu’elles ont été la source d’un certain complexe d’infériorité. Aujourd’hui, on se sent simplement comme un orchestre qui n’a pas du tout la même mission que l’OSM, ni les mêmes ambitions. De faire cette différence ne veut pas dire que la qualité musicale est moindre. »
Pour continuer sur cette voie positive, le chef a travaillé avec les musiciens sur la confiance en soi.
« L’OM a toujours eu une immense qualité, qui est l’humilité envers la musique, mais qui avait aussi les défauts de ses qualités. Quand tu es humble, tu ne te vois pas toujours tel que tu es. Nous avons travaillé consciemment là-dessus, depuis quelques années, nous avons fait beaucoup de pep talks. Dans les répétitions, je m’arrête pour leur dire : je sens que ça marche, vous ne trouvez pas? Il faut rester dans la musique au lieu d’avoir cette peur du jugement des autres. L’action de faire de la musique n’est pas une action de jugement, c’est une action d’amour. »
L’OM présentera la majeure partie du programme de sa tournée à la Maison symphonique lors du concert Accent français, le 22 novembre prochain.
Ludwig van Montréal aura l’honneur de suivre l’Orchestre Métropolitain en tournée du 26 novembre au 3 décembre. Suivez-nous dès le 24 novembre pour lire nos reportages quotidiens et mises à jour en temps réel sur nos comptes Facebook, Twitter et Instagram!