
Ève Tessier giguent sur la musique du groupe Le Vent du Nord, en version symphonique avec l’OSD et Julien Proulx. (Photo : Jonathan Bouchard)
Une bourrasque festive a soufflé sur la Maison des arts Desjardins jeudi soir dernier : l’Orchestre symphonique de Drummondville (OSD) y recevait Le Vent du Nord pour une soirée trad symphonique enlevante qui faisait taper du pied et mettait le sourire aux lèvres. Les réactions spontanées du public ne laissaient d’ailleurs aucun doute sur l’effet atteint.
La première partie, consacrée à l’orchestre seul, portait la marque caractéristique du directeur musical Julien Proulx et sa touche magique pour les programmations combinant la bonne dose d’éléments familiers et de découvertes, reliés dans ce cas-ci par une thématique folklorique.
Le concert ouvrait avec la première des six rhapsodies irlandaises de Charles Villiers Stanford (1852-1924). Outre ses chants et harmonisations bien connus des chorales anglaises, le prolifique compositeur irlandais a laissé entre autres dix opéras, sept symphonies, 33 oratorios et cantates et huit quatuors à cordes. Cette Rhapsodie irlandaise sur le thème de Danny Boy met les timbres de l’orchestre en valeur dans un emballage attrayant et accessible.
L’orchestre s’est ensuite lancé dans Légendes de Jacques Hétu, une œuvre constituée de trois vignettes musicales illustrant trois des légendes les plus répandues du folklore québécois : Alexis le trotteur, plus rapide même qu’un train, triomphe au terme d’une course effrénée; la belle du village danse une valse menaçante et irrépressible avec un séduisant jeune homme qui s’avère être le diable; et les hommes de la Chasse-Galerie, revigorés par une veillée en famille qu’ils ne savent pas encore être la dernière, périssent spectaculairement lorsque leur canot volant ensorcelé par le diable s’écrase sur le clocher d’une église. La musique de Hétu, composée en 2008 pour le 400e anniversaire de la Ville de Québec, est évocatrice et descriptive, saisissant l’esprit de chaque récit, qui étaient présentés de façon condensée par Julien Proulx avant chaque mouvement.
Le Vent du Nord
Armés de deux violons, d’une mandoline, d’une bombarde, d’une vielle à roue, de deux guitares, d’une basse, d’un clavier, de leurs voix et de beaucoup de présence sur scène, Nicolas Boulerice, André Brunet, Réjean Brunet, Olivier Demers et André Gagné ont rapidement instauré une atmosphère festive bonenfant. S’échangeant les instruments au gré du déroulement, ils ont entraîné le public à travers un programme de compositions originales aux sonorités folkloriques dont Le pays de Samuel, un hommage à Samuel de Champlain et Fleuve, qui donne la parole au Fleuve Saint-Laurent, toutes deux de Nicolas Boulerice.
Des auditeurs et auditrices de toutes les générations étaient venu·e·s en famille et en groupe d’ami·e·s se mettre dans l’esprit des Fêtes grâce à cette musique à l’énergie contagieuse qui rappelaient sûrement à beaucoup des souvenirs de veillées animées.
L’orchestre appuyait les cinq hommes et leur arsenal d’instruments à l’aide des arrangements de l’Américain Tom Myron, partenaire du Vent du Nord depuis leur première collaboration symphonique en 2007. Les arrangements m’ont semblé plus conventionnels que ce qu’on a l’habitude d’entendre ici d’un Simon Leclerc, Hugo Bégin, Blair Thompson ou François Vallières, mais en réalité, c’est difficile à déterminer sur la base de ce que j’ai entendu, ou pas entendu, à la Maison des arts jeudi dernier : malgré les micros distribués partout sur scène, tout ce qui provenait de l’orchestre était relégué à un plan sonore trop subordonné à celui de l’avant-scène. J’ai vu des pizzicatos et des tremolos, mais je ne les ai pas entendus. Cette hiérarchie était accentuée par l’ajout vraiment excessif de réverbération dans les micros des membres du Vent du Nord, rendant les paroles – pierre d’assise de ce répertoire – confuses et créant un mur sonore presque infranchissable pour l’orchestre. Les cuivres et les percussions s’en tiraient un peu mieux, leurs timbres n’étant pas déjà inclus dans l’instrumentarium déployé en avant-scène.
L’idée d’inclure des gigueurs et gigueuses (Arpad-Xavier Bocz, Ève Tessier, Charles Labrèche et Laurence Corriveau) de la troupe de danse Mackinaw, établie à Drummondville même, représentait un bel ajout à ce concert qui a fait mouche.
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