Vous les avez peut-être vus sur YouTube : ces vidéos des cantates de J. S. Bach dont les cartes de titre sont toutes en lettres majuscules sur un fond coloré uniforme. Ces enregistrements sont l’œuvre de l’équipe de la Fondation J. S. Bach de St. Gall, en Suisse, qui interprète en concert et enregistre mensuellement une œuvre vocale du grand Kantor. Le Chœur de la Fondation et le chef Rudolf Lutz ont atterris aujourd’hui même à Montréal pour leurs tout premiers concerts en Amérique du Nord, donnés les 6 et 7 décembre dans le cadre du Festival international Bach.
En Suisse, c’est dans la charmante église réformée de Trogen, une communauté des environs de Saint Gall et du Lac de Constance, lovée contre les montagnes de l’Appenzell, que se tiennent les concerts de la Fondation. Les concerts y sont présentés selon un déroulement régulier particulier : à 17 h 30, une introduction pré-concert permet une plongée dans l’œuvre au programme, dont l’exécution commence à 19 h; après une première prestation, un·e personnalité invitée – philosophe, auteur·e, journaliste, politicien·ne, etc. – présente une réflexion personnelle. Au terme de cette réflexion, le programme musical est repris, donnant au public l’occasion d’une deuxième écoute éclairée par le point de vue proposé.
Rudolf Lutz, claveciniste, organiste, improvisateur, chef et professeur à la Schola Cantorum Basiliensis, avoue qu’il a d’abord réagi avec scepticisme à l’idée que lui proposait dès 1999 l’homme d’affaires Konrad Hummler de créer une fondation consacrée à la musique de J. S. Bach. Il craignait les effets de centrer ainsi toutes ses activités musicales autour d’un seul compositeur. Les attraits qu’offre le catalogue de J. S. Bach ont cependant supplanté ses craintes, et aujourd’hui, la réputation de la Fondation de St. Gall repose en grande partie sur la passion avec laquelle Lutz se consacre à l’étude approfondie de chaque œuvre vocale.
Bien sûr, les années ont démontré qu’il n’était pas nécessaire pour lui de s’astreindre à un régime exclusif de J. S. Bach : non seulement il se permet de papillonner dans un répertoire plus large, comme lors de la tournée 2024 combinant le Requiem allemand de Brahms et la Kantate Wer weiss, wie nahe mir mein Ende, BWV 27, mais il contribue lui-même à l’élargissement de ce répertoire en composant. Son catalogue comprend entre autres un oratorio de Noël et deux cantates, ainsi qu’une Passion selon St-Marc, dont la composition a été motivée par le doctorat honorifique que lui a remis l’université de Zurich en 2021 pour ses accomplissements dans l’enseignement de la musique sacrée.
Concerts à Montréal
Le concert du 6 décembre mettra en valeur le chœur de 19 voix dans un panorama du motet allemand de Heinrich Schütz et Johann Hermann Schein à Johannes Brahms et Felix Mendelssohn, en passant par quatre membres de la famille Bach (Johann Sebastian, son grand-oncle Johann et ses cousins germains, les frères Johann Christoph et Johann Michael). Le lendemain, le chœur se joindra à l’Orchestre du Festival pour clore cette édition par une interprétation de la Passion selon Saint-Jean,
Malgré l’écart de temps et d’espace le séparant de J. S. Bach, Rudolf Lutz vit selon une maxime qui pourrait également s’appliquer à la vie du compositeur à qui il consacre autant d’efforts et dont il est maintenant un spécialiste reconnu à travers le monde : « Ne parle pas trop. Sois modeste. Travaille fort. » Pour ces premiers concerts de ce côté de l’Atlantique, il espère simplement que le public recevra leurs interprétations de la façon dont elles sont offertes : avec un cœur rempli d’espoir et de bonne volonté.
Inscrivez-vous à notre infolettre! La musique classique et l’opéra en 5 minutes, chaque jour ICI.
- CRITIQUE | Roomful of Teeth à la Salle Bourgie : Une soirée manquant de mordant - 3 décembre 2025
- PORTRAIT | Rudolf Lutz et le Chœur de la Fondation Bach de St. Gall en première nord-américaine au Festival Bach - 2 décembre 2025
- NOUVELLE | L’OSQ et le Conservatoire de Québec resserrent leurs liens par un partenariat officiel - 28 novembre 2025
