
Deux institutions ayant joué, et jouant toujours, un rôle fondamental dans l’essor musical à Montréal et au Québec célèbrent des anniversaires marquants cette saison-ci. La Faculté de musique de l’Université de Montréal fête ses 75 ans, tandis que la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) célèbre ses 60 ans. Les missions respectives de l’institution d’enseignement et de la société en font des partenaires naturels dont les destinées se sont souvent croisées. Ce samedi 15 novembre, elles s’unissent pour présenter Confluences contemporaines, un concert d’envergure retraçant les grandes lignes de la musique contemporaine québécoise.
« La fondation de la SMCQ, il y a 60 ans, coïncide avec un grand développement du milieu de la musique contemporaine au Québec dans les années soixante et soixante-dix, et dans le milieu institutionnel, en particulier à l’université de Montréal grâce à Serge Garant, qui fut à la fois professeur émérite à l’Université de Montréal et directeur artistique de la SMCQ. C’est donc cette longue collaboration et amitié entre ces deux institutions que nous fêtons demain. » – Simon Bertrand, directeur artistique de la SMCQ
La synergie existant entre les deux organismes sera représentée par la présence sur scène de l’Ensemble de musique contemporaine de l’UdeM (EMC), sous la direction de Jean-Michaël Lavoie, et celle de l’Ensemble de la SMCQ, dirigé par Cristian Gort, Le programme propose un panorama de la musique contemporaine québécoise à travers des œuvres des quatre premières personnes ayant assumé la direction de la Société. Les fondateurs et directeurs successifs Serge Garant (Quintette, 1978) et Gilles Tremblay (Souffles (Champs II), 1968) y sont bien sûr représentés, ainsi que Walter Boudreau (Coffre III (a), 1978/1984/1993), qui a été le visage (et les souliers) de la SMCQ pendant 33 ans, et Ana Sokolovic (Cinq locomotives et quelques animaux, 1996), professeure titulaire à la Faculté de musique.
Pour compléter la soirée et amener le programme plus fermement dans le présent, la SMCQ, aujourd’hui dirigée par Simon Bertrand, a commandé une œuvre au compositeur Maxime Daigneault, ancien étudiant en composition de la Faculté de musique et détenteur d’une maîtrise de l’Institut Peabody de l’université Johns Hopkins. Ludwig van Montréal s’est entretenu avec lui par écrit au sujet de sa pièce Sensations : Lueurs du néant (2025) et du rôle qu’ont joué la SMCQ et la Faculté de musique de l’Université de Montréal dans son développement.
LVM : Quels rôles ont joué la Faculté de musique de l’UdeM et la SMCQ dans le développement de votre identité de compositeur et l’établissement de votre carrière?
MD : L’UdeM a été pour moi un grand chemin d’exploration et de découvertes. J’étais président du Cercle de Composition (CéCo) lors de mes études. J’ai grandement apprécié mon dialogue avec la communauté lors de l’élaboration de saisons de concerts et de projets spéciaux pour découvrir et entendre tout ce qui se faisait de nouveau, d’ambitieux et de créatif entre ces murs. La collaboration et le soutien de mon élan créatif par l’équipe enseignante et mes collègues ont contribué à mon identité. La SMCQ était là, hors les murs, avec leurs séries de concerts stimulantes pour me faire découvrir les compositeurs et compositrices québécois. Grâce à ce parcours, je n’ai jamais cessé de croire que l’impossible est possible.
LVM : Votre pièce Sensations : Lueurs du néant va être créée dans le cadre d’un programme réunissant des œuvres de Walter Boudreau, Serge Garant, Ana Sokolovic et Gilles Tremblay, figures marquantes de la musique contemporaine québécoise. En tant que représentant de l’avenir de la musique québécoise, qu’apporte votre voix au programme, soit en continuité ou en contraste avec ceux et celles qui vous ont précédé?
MD : Je pense que chacun des compositeurs et compositrices au programme ont réussi à faire de leur musique une trame personnelle. Dans le médium de la musique contemporaine, ils ont su exprimer leurs convictions, leurs caractères et leurs émotions afin que l’on puisse capter leur essence. Pour cette commande de la SMCQ, j’ai grandement réfléchi à cette posture et ma composition découle directement de cette réflexion. Nous pourrions décrire cette posture en quatre étapes : prendre le pouls de soi-même, se dépasser, s’affirmer, s’amuser.
LVM : Parlant de voix, vous expliquez être parti de la vôtre et avoir cherché à la traduire pour ensemble instrumental. Est-ce que ça rend cette pièce particulièrement personnelle et proche de votre essence intime? Est-ce que vous vous entendez dans le résultat?
MD : Effectivement, cette pièce est personnelle. J’ai voulu me mettre dans un contexte créatif qui demandait à chaque étape d’insuffler ma créativité au processus et de repousser les limites de mon imagination. Avoir pris mes enregistrements vocaux pour initier le processus de composition a été fructueux. Ces enregistrements m’ont permis de fixer une expression personnelle bouillonnante et de devoir réagir à celle-ci maintes et maintes fois afin de comprendre ce qui devait atterrir sur ma partition. J’entends Maxime dans cette pièce, une personne qui adore être immergé dans un flux d’énergie débordant tant dans sa réalité physique que dans sa réalité mentale.
LVM : Quelles sont les lueurs du néant indiquées dans le titre?
MD : Les lueurs représentent chaque lumière que j’ai entretenu dans mon intérieur lorsque j’habitais le néant. Le néant fait référence à cet espace que j’ai dû habiter, un espace invisible, afin de faire apparaître ma composition. Chaque lueur est devenue une entité musicale avec laquelle je suis entré en dialogue afin d’élaborer la forme de l’œuvre. Concrètement, les lueurs sont devenues les différentes sections de l’œuvre. Pour chacune d’elle, une demande expressive est demandée sur la partition, par exemple Avec éclat, Avec urgence, Avec attitude ou Avec lyrisme.
CONFLUENCES CONTEMPORAINES : GRAND CONCERT ANNIVERSAIRE UdeM X SMCQ
LE 15 NOVEMBRE, 19 H 30, SALLE CLAUDE-CHAMPAGNE DÉTAILS ET BILLETS
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