We have detected that you are using an adblocking plugin in your browser.

The revenue we earn by the advertisements is used to manage this website. Please whitelist our website in your adblocking plugin.

CRITIQUE | Salle Bourgie : Leif Ove Andsnes, une force trop contenue

Par Béatrice Cadrin le 4 octobre 2025

Leif Ove Andsnes (Photo : Helge Hansen / Sony Music Management)
Leif Ove Andsnes (Photo : Helge Hansen / Sony Music Management)

Une atmosphère d’anticipation fébrile régnait à la Salle Bourgie le 2 octobre dernier : le public était venu nombreux pour assister au concert anticipé du pianiste Leif Ove Andsnes. Assis au Steinway de Hambourg, le Norvégien a offert un programme romantique de Grieg, Schumann et Chopin.

Ansdnes produit un son énorme, robuste comme du roc, aidé de surcroît par un couvercle ouvert à l’aide d’une tige plus longue, que le pianiste apporte avec lui partout où il joue. Que ce soit grâce à cette aide ou pas, il semble posséder des réserves infinies de volume sonore. Les crescendos descendants jusque dans le grave s’ouvrent en progression constante et contrôlée : quand on a l’impression qu’il a atteint le maximum, il réussit à augmenter encore de quelques degrés.  La main gauche est d’une articulation infaillible, chaque note des ostinatos rapides conservant une clarté distincte, malgré le registre grave et la résonance cumulative.

Dans l’ensemble du récital, les moments les plus réussis, que ce soit dans la Sonate en mi mineur de Grieg, Carnaval de Schumann ou les 24 Préludes de Chopin, étaient les mouvements rapides et virtuoses, joués avec une telle assurance que l’auditoire ne pouvait que se laisser emporter par les flots de notes. Le contrôle aiguisé dont fait preuve le pianiste est ici une force, alors que le même contrôle restait trop serré dans les moments plus lyriques ou expansifs, empêchant la musique de s’épanouir et de respirer.

Étonnamment, Andsnes arrive à produire son timbre riche et résonnant par des gestes pratiquement sans élan lancés d’à peine six pouces au-dessus du clavier. Aussi satisfaisant que soit le résultat, on aspire quand même pour certains passages à quelque chose de plus léger, de moins saturé. Le pianiste s’est permis très peu de moments – peut-être quatre ou cinq – plus délicats ou éthérés. Tout sonnait un peu comme « La grande porte de Kiev » à la fin des Tableaux d’une exposition de Moussorgski.

Contrairement à cette homogénéité prédominante dans le timbre, le phrasé faisait, lui, l’objet d’expérimentations plus ou moins heureuses, surtout dans les Préludes de Chopin. Bien qu’il soit louable de ne pas se contenter des options les plus évidentes, le résultat sonnait parfois comme quelqu’un qui parle une langue étrangère avec un gros accent : les mots sont les bons, mais le discours reste difficilement compréhensible.

Difficilement compréhensible aussi cette « Cathédrale engloutie » de Debussy offerte en rappel et qui souffrait d’une absence complète de direction. Le deuxième rappel, un petit morceau répétitif aux allures folkloriques de Grieg, était de facture à mieux soutenir un traitement superficiel.

Inscrivez-vous à notre infolettre! La musique classique et l’opéra en 5 minutes, chaque jour ICI.

Béatrice Cadrin
Partager cet article
lv_montreal_banner_high_590x300
comments powered by Disqus

LES NOUVELLES DU JOUR DANS VOS COURRIELS

company logo

Part of

Conditions d'utilisation & Politique de vie privée
© 2025 | Executive Producer Moses Znaimer