
Ce dimanche 3 août, à 14 h 30, le chef Jean-Philippe Tremblay prendra la baguette pour la dernière fois en tant que directeur artistique de l’Orchestre de la Francophonie (OF), l’ensemble qu’il a fondé en 2001. Ce concert vient couronner une phase de travail au cours de laquelle les trois candidat·e·s à sa succession – Emmanuelle Lambert-Lemoine, Léa Moisan-Pierrier et Julien Proulx – ont chacun·e diriger un concert. Le résultat de cette sélection sera justement dévoilé lors du concert dimanche.
Nous avons discuté avec Hélène Archambault, directrice générale de l’OF, de ce que ce changement représente et de l’avenir de l’orchestre.
LVM : C’est la première fois de son histoire que l’OF change de chef. Qu’est-ce qui était important pour vous à travers ce processus?
HA : Dans l’esprit de l’orchestre, on désirait avoir un processus ouvert à tous·tes pour donner la chance à tout le monde de pouvoir manifester leur intérêt. En parallèle, l’objectif pour l’OF était de faire des découvertes et d’ainsi ouvrir de nouvelles perspectives sur diverses visions artistiques et pédagogiques sans a priori. Le second élément était d’avoir un processus rigoureux et le plus objectif possible. Les étapes étaient nombreuses afin d’aller en ce sens, le vote du public nous a apporté aussi des éléments qualitatifs venant de l’extérieur. On ne cherchait pas à remplacer Jean-Philippe Tremblay (il est irremplaçable!) mais bien de trouver une direction artistique qui assurerait une relève en apportant sa propre vision, toujours dans le cadre de nos valeurs fondamentales et la mission de l’orchestre, qui, elles, ne changent pas.
LVM : Quel héritage laisse Jean-Philippe Tremblay?
HA : L’héritage de Jean-Philippe, c’est tout l’OF. Il l’a co-fondé et s’est engagé dans ce projet, l’a modelé, l’a réfléchi, lui a insufflé une continuité. Les valeurs dont je parlais, l’apprentissage, l’innovation et le partage, sont encore bien vivantes et l’OF va continuer à les incarner. Par exemple, depuis de longues années, l’OF a des collaborations que nous désirons conserver, comme avec Le Garage à musique. L’apprentissage d’un vaste répertoire est sans contredit aussi un des éléments fondamentaux. Quand tu as 20, 25 ans et que tu possèdes déjà dans ton répertoire par exemple l’intégrale des symphonies de Beethoven que tu as acquis en un été, on pense que c’est très formateur. Jouer et créer des oeuvres contemporaines canadiennes et québécoises est aussi un élément fondateur qui reste essentiel à nos yeux, tant pour l’apprentissage – souvent, les musicien·ne·s travaillent avec les compositeur·rices – que pour faire partie du renouveau et pour faire découvrir un répertoire au public. L’héritage de Jean-Philippe, c’est aussi plus de 1 200 musicien·ne·s qui se sont formé·e·s. avec l’OF avant de sauter dans le monde professionnel.
Jean-Philippe est encore avec l’OF. Il continue son travail au sein du c.a. et en tant que directeur musical émérite. Cependant, la nouvelle direction artistique est là pour insuffler sa vision artistique et pédagogique, et nous sommes prêt·e·s à cette aventure. Je reviens à la première question : nous voulions un processus le plus ouvert possible pour continuer à modeler l’orchestre, pour poursuivre son évolution, et pour nous assurer de rester pertinent – avant tout pour les jeunes, mais aussi pour le public et pour nos collaborateurs·ices. Toutes les idées et les façons de faire inédites sont les bienvenues. La continuité doit être au niveau de la mission et des valeurs; pour le reste, tout est ouvert!
LVM : Qu’avez-vous constaté au cours du processus de sélection?
HA : Je dois dire que sélectionner les trois candidat·e·s a été difficile. Les semi-finalistes étaient tous·tes très créatifs·ives et nous avons fait de superbes rencontres. Le facteur déterminant a été l’alliage vision artistique + approche pédagogique + intérêt pour la formation + volonté claire de jouer le rôle fin entre chef·fe et coach, entre excellence et apprentissage. C’est comme un fil de soie. Les candidat·e·s retenu·e·s nous ont semblé être en mesure de marcher très à l’aise sur ce fil.
La dernière étape a été incroyablement formatrice pour les jeunes musicien.nes qui ont appris auprès des trois candidat·e·s en passant toute une semaine avec chacun·e. Et tous·tes ont eu quelque chose à apporter.
On a aussi constaté à quel point il y a du talent en direction d’orchestre au Québec et ailleurs : pour qui pense que la musique dite classique n’a plus de place, il y a une relève forte et engagée en direction d’orchestre avec beaucoup d’idées pertinentes.
LVM : À quoi peut-on s’attendre lors du concert de dimanche?
HA : Le ou la gagnant·e sera dévoilé·e dès le début, car il ou elle va diriger en ouverture une pièce contemporaine qui faisait partie du programme de son concert assigné. Puis, Jean-Philippe va diriger le Deuxième concerto pour piano de Rachmaninov, interprété par Nadia Azzi. Cette jeune soliste a déjà été invitée à jouer avec l’orchestre il y a 10 ans (je crois qu’elle avait 17 ans à l’époque) et elle avait justement joué du Rachmaninov (la Rhapsodie sur un thème de Paganini). Le concert se conclut avec la Sixième symphonie de Tchaïkovski, que Jean-Philippe connait si bien, et que les musicien·ne·s ont hâte de jouer.
Cette année, l’OF est formé de 40 musicien·ne·s, plus seize ancien·ne·s qui se joindront à eux pour le concert final. On trouvait ça important d’inviter les ancien·ne·s pour appuyer l’importance de ce concert. Le concert de dimanche, c’est le passage officiel du bâton, ça symbolise tout ce que l’OF doit à Jean-Philippe, et toute la confiance que l’OF donne à sa nouvelle direction artistique.
LE 3 AOÛT, 14 H 30, MAISON SYMPHONIQUE DÉTAILS ET BILLETS
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