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ENTREVUE | Destinées : Un festin d'œuvres chorales à grand déploiement au Chœur Saint-Laurent

Par Béatrice Cadrin le 18 mars 2025

Philippe Bourque, directeur musical du Chœur Saint-Laurent. (Photo : Tam Photography)
Philippe Bourque, directeur musical du Chœur Saint-Laurent. (Photo : Tam Photography)

Le Chœur Saint-Laurent convie le public à un festin musical de mets rares, ce samedi 22 février, alors qu’il présentera deux œuvres pour chœur et orchestre de la tradition britannique peu interprétées ici, soit le monumental Belshazzar’s Feast de William Walton et l’œuvre-testament The Music Makers d’Edward Elgar.

Composées au début du siècle dernier (1912 pour The Music Makers et 1931 pour Belshazzar’s Feast), les deux œuvres sont issues de la tradition chorale britannique à une époque où chaque paroisse possédait un chœur ou une société chorale développée et où Le Messie de Handel pouvait être chanté avec 3 000 choristes. « Les critiques de l’époque se plaignaient que l’orchestre n’était pas assez fort! » s’étonne Philippe Bourque, directeur musical du Chœur Saint-Laurent, qui a approfondi le sujet dans le cadre de ses recherches doctorales à l’École de musique Schulich.

The Music Makers

En mettant en musique le poème The Music Makers d’Arthur O’Shaughnessy, Elgar a composé une œuvre d’un caractère personnel, un genre de manifeste sur le destin singulier de l’artiste. Au moment de la composition, Elgar traversait une période creuse après avoir été acclamé pour plusieurs succès, dont les célèbres marches Pomp and Circumstance, les Variations Enigma, l’oratorio The Dream of Gerontius et le Concerto pour violon. D’une disposition naturellement mélancolique et se sentant incompris, Elgar a trouvé réconfort dans le texte d’O’Shaugnessy accordant aux artistes un statut fondamental dans la construction de la trame de la société : « We are the music makers, / And we are the dreamers of dreams, / Wandering by lone sea-breakers, / And sitting by desolate streams. / World-losers and world-forsakers, / Upon whom the pale moon gleams / Yet we are the movers and shakers, / Of the world forever, it seems. »  (« Nous sommes les créateurs de musique / Et nous sommes les rêveurs de rêves, / Errant le long du littoral solitaire, / Assis le long de mornes ruisseaux. / Rejetés par le monde et le rejetant en retour, / Éclairés par le reflet pâle de la lune, / Pourtant nous sommes les agitateurs / du monde, éternellement. »)

Elgar inclut plusieurs citations de ses propres œuvres dans The Music Makers, marquant par là à quel point il fait sienne la déclaration d’O’Shaughnessy. C’est également une façon pour lui de marquer son héritage, de se consoler du sentiment d’abandon qu’il ressentait par la pensée que sa musique lui survivrait. On y retrouve la mélodie touchante de Nimrod, extraite des Variations Enigma, ainsi que des citations du Concerto pour violon, de ses deux symphonies, de The Dream of Gerontius (illustrant justement le mot dream) et de Sea Pictures (sur le mot sea-breakers).

Le solo de contralto est confié à Rose Naggar-Tremblay, de retour de Toulouse où elle a tenu le rôle-titre dans une production de Giulio Cesare de Handel.

Belshazzar’s Feast

Belshazzar’s Feast se déroule dans un tout autre registre que The Music Makers : lors d’un banquet décadent donné par le roi de Babylone, une main désincarnée apparaît et écrit sur le mur une prophétie menaçante annonçant la mort du roi et la chute de Babylone. L’œuvre, créée au festival de Leeds en 1931, avait été commandée à William Walton par la BBC, avec pour toute consigne de choisir un « texte connu de tous ».

La musique ciselée et nerveuse de Walton représente un défi de taille pour le chœur, qui doit naviguer avec assurance à travers des harmonies poussées et des changements de métriques inspirées du jazz. La partie de baryton solo, confiée au Torontois Jorell Williams, exige une voix solide, entre autres pour les passages entièrement a cappella, sans soutien du chœur ou de l’orchestre.

Destinées

Malgré la divergence de leurs langages expressifs, les deux œuvres explorent le concept de destinée, celle, discrète, du créateur disséminant des parcelles de rêves appelés ou non à devenir réalités, ou celle, éclatante, d’un roi incapable d’échapper aux conséquences de ses mauvaises actions.

En plus du Chœur Saint-Laurent et de l’orchestre mené par le violoniste Antoine Bareil, le concert de samedi verra monter sur scène le Chœur de l’Université de Montréal, préparé par Matthew Lane. Ce type de collaboration est précieuse pour Philippe Bourque, qui y voit une occasion de donner accès à un répertoire qui resterait autrement inaccessible à tous, ensembles participants et public. « J’aime bâtir des liens, des relations. La musique, c’est relationnel. Je crois en ce répertoire, je veux en faire découvrir toute la variété, que ce soit dans la musique sacrée ou profane, a cappella ou avec orchestre, » ajoute le chef, qui en est à sa onzième année avec le Chœur Saint-Laurent et qui enseigne également au Collège Vanier.

Le concert Destinées a lieu à la Maison symphonique ce samedi 22 mars à 19 h 30. Les lecteurs et lectrices de Ludwig van Montréal ont accès à un rabais de 15 % en utilisant le code LVM15 lors de l’achat de leurs billets sur le site de Place des arts.

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Béatrice Cadrin
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