
Pour son cinquième album, l’ensemble montréalais Paramirabo passe chez ATMA Classique et fait paraître Voix jetées, un album consacré à des œuvres contemporaines de compositeur·trices canadien·ne·s et américain·ne·s.
L’album tire son titre d’une œuvre de Keiko Devaux, d’abord conçue comme troisième mouvement de son opéra de chambre L’écoute du perdu. La pièce à l’atmosphère mystérieuse et suspendue est l’occasion pour Paramirabo de renouer avec une collaboratrice familière, la soprano Sarah Albu.

Dans Doublespeak de Nico Muhly, les rythmes perpétuels martelés ne peuvent renier l’influence de Philip Glass, tandis que des ponctuations percussives irrégulières et des motifs plus amples viennent ajouter du relief.
Dès les premières notes de Music for Body-Without-Organs, la signature musicale de Nicole Lizée est reconnaissable. Le titre de cette œuvre en métamorphose constante fait référence au concept de corps sans organe développé par les philosophes Deleuze et Guattari dans L’anti-Œdipe – Capitalisme et schizophrénie. La notion de corps sans organe étant liée à la désorganisation et à la déterritorialisation, il n’est pas étonnant qu’une compositrice attirée par les malfonctionnements d’un système organisé (surtout technologique) soit inspirée par le concept.
Dans Leviathan du compositeur canado-américain Jared Miller, ce n’est pas l’objet lui-même qui change, mais la perception qu’en reçoit la personne l’observant selon les points de vue. Le compositeur prend cette notion de parallaxe et la transforme en termes musicaux à travers l’évocation des chants de baleines bleues, que les humains perçoivent différemment que les baleines elles-mêmes.
Selon Missy Mazzoli, la compositrice de Still Life with Avalanche, la pièce explore la beauté dans le chaos et le chaos dans la beauté. Les instruments construisent des mélodies se déployant en rafale au-dessus des drones statiques d’harmonicas et s’effondrent ultimement en une chute chaotique.
L’ensemble de l’album est une compilation des cinq pièces les plus jouées par Paramirabo au cours des cinq dernières anneés, cette familiarité se manifestant dans la maturité et l’aisance des interprétations. La prise de son est limpide, permettant d’apprécier les juxtaposition de timbres et les subtilités compositionnelles.
Voix jetées sera disponible à partir du 27 septembre.
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