
Plus menaçant que Frère Jacques qui sonnait les matines, l’OSM peut dorénavant introduire le Dies Irae de la Symphonie fantastique avec tout l’impact et toute la résonnance prévus par Berlioz. En effet, l’orchestre compte maintenant dans son instrumentarium quatre belles cloches, dont celle en do et celle en sol exigées dans la partition. Les mastodontes feront leurs débuts fracassants dans la pièce La Chapelle, une commande de l’OSM au compositeur Michael Osterle, en début de concert mercredi soir, puis iront se cacher en arrière-scène pour le Berlioz en deuxième partie.
Cette acquisition, qui sera augmentée de six autres cloches en décembre, représente la concrétisation d’un rêve caressé de longue date par Sébastien Almon, directeur opérations artistiques de l’OSM, et adopté sans hésitation par Rafael Payare. Tout au long de l’histoire de l’orchestre, les percussionnistes de l’OSM ont substitué des cloches tubulaires aux cloches orchestrales dans les partitions comme Les tableaux d’une exposition de Moussorgski, la Troisième symphonie de Mahler ou Also sprach Zarathustra de Strauss. Dorénavant, ces passages résonneront avec toute la série des harmoniques et la profondeur imaginées par leur compositeur. Et même, dans certains cas, pas imaginées par le compositeur, mais ajoutées par la tradition – comme dans la Onzième symphonie de Chostakovitch, au calendrier de l’OSM en février prochain. Parions que Rafael Payare ne laissera pas passer cette occasion de faire vibrer les cloches neuves!
Sélection très nichée
C’est à Serge Desgagnés, percussioniste solo de l’orchestre depuis 1997 et instrumentiste attitré aux cloches, qu’est revenue la tâche de sélectionner la fonderie appropriée. Disons-le, les « marchands de cloches d’orchestre » ne courent pas les rues. Le choix s’est finalement arrêté sur la Fonderie Royal Eijsbouts des Pays-Bas, qui depuis sa production de cloches pour l’Orchestre royal du Concertgebouw a développé une expertise dans les cloches d’orchestre.

« Créneau des instruments rares »
Un tel achat représentant un investissement de taille, l’OSM a fait appel au mécène bien connu du milieu de la musique Roger Dubois et à sa compagnie Groupe Canimex.
« Après avoir prêté des instruments à cordes et une octobasse, et permis l’acquisition de deux autres de ces instruments par la suite, Canimex a été approché par l’OSM qui souhaitait se doter de cloches de carillon. On peut affirmer que Canimex occupe maintenant le créneau des instruments rares! » – Roger Dubois, président du Groupe Canimex
Les cloches en chiffres
- Les cloches sont composées de bronze, soit 20 % d’étain et 80 % de cuivre.
- Elles pèsent entre 20 et 384 kg.
- Leur diamètre varie entre 337 et 901 mm.
- Conçues pour émettre une note juste, les cloches peuvent être accordées en ajustant cinq points spécifiques.
- Les cloches orchestrales ne possèdent pas de battants. Elles sont frappées par le ou la percussionniste à l’aide de maillets métalliques.
- Les cloches sont ornées du nom de l’Orchestre symphonique de Montréal et d’une inscription reconnaissant le don de Canimex, ainsi que d’un motif rappelant la façade caractéristique de l’orgue Pierre-Béique.
- Les deux cloches nécessaires pour la Symphonie fantastique viendront s’ajouter à l’instrumentarium déjà très vaste, incluant machine à vent, célesta et harpes, que l’OSM transportera de ville en ville lors de sa tournée européenne en novembre. Un jeu de Tetris niveau expert …
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