We have detected that you are using an adblocking plugin in your browser.

The revenue we earn by the advertisements is used to manage this website. Please whitelist our website in your adblocking plugin.

VIRÉE CLASSIQUE | Voyage de groupe réussi

Par Béatrice Cadrin le 20 août 2024

Joseph Tawadros (Photo : Gabriel Fournier); Concert au Complexe Desjardins (Photo : Antoine Saito); Rafael Payare dirigeant l'ensemble Obiora à la Maison symphonique (Photo : Antoine Saito)
Joseph Tawadros (Photo : Gabriel Fournier); Concert au Complexe Desjardins (Photo : Antoine Saito); Rafael Payare dirigeant l’ensemble Obiora à la Maison symphonique (Photo : Antoine Saito)

La onzième édition de la Virée classique a eu lieu la fin de semaine dernière, offrant trois jours (plus le Concert sur l’Esplanade) de découvertes variées à des milliers de personnes s’étant déplacées pour profiter des programmations gratuites et payantes en divers lieux du Quartier des spectacles. Bilan de notre expérience.

 

Le groupe Constantinpople sur la scène de l'Esplanade Tranquille le 16 août. (Photo : Gabriel Fournier)
Le groupe Constantinpople sur la scène de l’Esplanade Tranquille le 16 août. (Photo : Gabriel Fournier)

Vendredi soir

Vendredi, avant le Requiem de Verdi à la Maison symphonique, j’ai passé un moment agréable à l’Esplanade Tranquille à souper accompagnée par les sonorités riches et toujours renouvelées du groupe Constantinople. Kiya Tabassian et ses collègues accueillaient Neva Özgen au kemenche, un instrument à cordes frottées à la sonorité étrangement plaintive.

 

Joseph Tawadros sur la scène de la Maison symphonique le 17 août 2024 dans le cadre de la Virée classique. (Photo : Antoine Saito)
Joseph Tawadros sur la scène de la Maison symphonique le 17 août 2024 dans le cadre de la Virée classique. (Photo : Antoine Saito)

Samedi

Samedi, j’ai débuté mon trajet méditerranéen à la Cinquième salle avec le Fakir Trio, formé de Marwan Fakir (violon), Louis Desseigne (guitare et saz) et Pierre-Antoine Despatures (contrebasse), et le joueur de flûte marocaine nay Rachid Zeroual, avec la participation d’Anwar Saidi au violoncelle et Bertil Schulrabe aux percussions. Le Fakir Trio s’inspire de musiques de tradition soufie, berbère, Gnawa ou hmadcha pour les interpréter dans un idiome jazz. Rachid Zeroual, pour sa part, est considéré le plus grand joueur de nay de la planète. Le résultat a été une heure de découvertes fort attrayantes, faisant autant taper du pied en rythme que se balancer avec les mélodies aux couleurs inconnues.

J’ai poursuivi mon parcours à la Maison symphonique pour le concert de l’ensemble Obiora, auquel se joignait l’oudiste Joseph Tawadros, dont le talent avait été révélé au public deux jours auparavant lors du Concert sur l’Esplanade du Parc olympique. Tawadros a interprété trois de ses compositions, aussi colorées et enlevantes que celles jouées mercredi soir. Rafael Payare est ensuite monté sur le podium pour diriger les membres d’Obiora dans une interprétation des Souvenirs de Florence de Tchaïkovski, dont les deuxième et troisième mouvements ont particulièrement touché le public. En début de concert, Obiora avait joué une transcription du célèbre mouvement « Asturias » d’Albéniz et Luctus Profugis, une lamentation pour cordes et percussions de Karim Al-Zand, entièrement sans chef. L’intention est louable, et nul doute que le jeune ensemble deviendra plus adepte s’il continue à adopter ce mode de fonctionnement, mais pour l’instant l’absence de direction donnait un résultat un peu mou et confus.

Au passage, j’ai attrapé à l’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme un extrait de la présentation éclairante offerte par Marwan Fakir et Rachid Zeroual, entendus en début d’après-midi, sur les maqâmat (maqâm au singulier), modes musicaux de la musique du Moyen-Orient, et sur leur classification en familles selon le tétracorde de début. Chaque maqâm est un univers sonore rattaché à une émotion spécifique.

Pour terminer ma journée musicale, je suis retournée à la Cinquième salle entendre des membres de l’OSM et le pianiste invité Cédric Tiberghien dans des œuvres de musique de chambre par Debussy, Fauré et Chausson. Avec Tiberghien, la violoncelliste Anna Burden a livré une très belle et très maîtrisée interprétation de l’exigeante Sonate pour violoncelle de Debussy, suivie de la lyrique Élégie de Fauré. Dans l’Élégie, la violoncelliste a soutiré de son instrument des couleurs en demi-teintes tout à fait appropriées au chant mélancolique. Malheureusement, le pianiste n’en faisait pas autant sur le Steinway sous ses doigts dont l’aigu était particulièrement perçant.

Venait ensuite la pièce de résistance de ce concert, le Concert pour violon, piano et quatuor à cordes de Chausson. Marianne Dugal, deuxième violon solo associé de l’OSM, a brillamment tenu la partie soliste, accompagnée par ses collègues Alexander Haupt et Richard Zheng (violons), Victor Fournelle-Blain (alto) et Anna Burden (violoncelle). Cédric Tiberghien, maître des arpèges cristallins évanescents, a fait preuve d’une endurance de niveau olympique en virevoltant à travers cette partition exigeante après avoir joué le Cinquième Concerto pour piano dit l’Égyptien de Saint-Saëns plus tôt en après-midi.

Je reste persuadée qu’une amplification d’appoint était employée, l’emplacement des micros favorisant malheureusement le quatuor plus que le violon solo. Tout le long de la soirée, les cordes ont souffert d’un excès de réverbération qui empiétait sur leur production sonore naturelle.

 

Milos en solo avec l'OSM le 17 aoout 2024 à la Maison symphonique. (Photo : Antoine Saito)
Milos en solo avec l’OSM le 17 aoout 2024 à la Maison symphonique. (Photo : Antoine Saito)

Dimanche

Mon dimanche après-midi a de nouveau débuté à la Cinquième salle pour le récital solo du guitariste Milos, que j’avais manqué la veille lors de sa prestation comme soliste dans le Concerto d’Aranjuez avec l’OSM. Le Montenegrin d’origine, formé à Londres, a interprété environ huit pièces tirées du répertoire standard, des transcriptions de sa main et une composition écrite à son intention par Mathias Duplessy, Amor Fati, que, nous a-t-il expliqué avec emphase, chaque auditeur·rice perçoit différemment selon son propre vécu, ou son propre destin (le fatum du titre). Il me reste à saisir en quoi cela la différencie de l’ensemble du répertoire.

J’ai terminé ma Virée par une petite saucette au Complexe Desjardins, que j’avais négligé jusque là, où j’ai entendu l’Harmonie des jeunes de la Virée sous la direction d’Éric Levasseur. Ce projet réunissait des jeunes de cinq écoles secondaires différentes, réuni·e·s en répétition depuis une semaine. Le répertoire pour harmonie se prête bien à une thématique méditerranéenne, puisque les arrangements d’inspiration espagnole et moyen-orientale abondent. Levasseur a dirigé l’ensemble avec la fermeté et la compétence que lui connait le public des concerts du programme Arts-Études de l’école secondaire Joseph-François-Perrault. Toutes les sections ont contribué avec sérieux et concentration au succès de la prestation, les claviers des percussions ajoutant entre autres un relief bienvenu.

Conclusion

La programmation en salle allégée et l’offre foisonnante et multiculturelle des concerts gratuits semblent avoir contribué à un engouement renouvelé pour cette édition de la Virée classique. La thématique méditerranéenne permettait un vaste échantillonage de musiques et de traditions culturelles ainsi que la mise en valeur de groupes montréalais sortant des sentiers battus, tout comme l’accueil d’artistes internationaux.

Inscrivez-vous à notre infolettre! La musique classique et l’opéra en 5 minutes, chaque jour ICI

 

Béatrice Cadrin
Partager cet article
lv_montreal_banner_high_590x300
comments powered by Disqus

LES NOUVELLES DU JOUR DANS VOS COURRIELS

company logo

Part of

Conditions d'utilisation & Politique de vie privée
© 2025 | Executive Producer Moses Znaimer