Pour sa programmation 2024-2025, disponible depuis mardi, la Salle Bourgie offre de nouveau un vaste éventail de concerts, dont quelques nouveautés. La plus marquante de celles-ci est sans contredit le lancement d’une intégrale des lieder de Schubert, un projet qui, à l’image de l’intégrale des cantates de Bach maintenant complétée, s’étendra sur plusieurs années.
Caroline Louis, directrice générale de la Salle Bourgie, qualifie ce nouveau projet de « résidence posthume » à Schubert. Les plus de six cents lieder du compositeur, dont seulement 20 % sont fréquemment interprétés selon l’évaluation du directeur artistique et idéateur du projet Olivier Godin, seront présentés à coup de sept à dix concerts par année.
Le cadre intime de la Salle Bourgie en fait l’endroit tout indiqué pour cette entreprise unique. À la différence de l’intégrale des cantates de Bach qui étaient présentées dans une plage-horaire consacrée, les concerts du cycle Schubert seront proposés à différents moments afin de rejoindre des publics variés.
Olivier Godin qualifie les lieder de mini-opéras, des histoires de deux ou trois minutes où la partie de piano fournit tout à la fois les décors, la lumière et les costumes. Il sera d’ailleurs lui-même au piano le 2 novembre en compagnie de Magali Simard-Galdès et Simon Poirier au cor naturel.
Le concept du projet n’est cependant pas limité au format voix et piano : la série sera lancée par l’Orchestre de l’Agora et la mezzo-soprano Ema Nikolovska le 25 septembre avec un programme comprenant des orchestrations d’oeuvres de Schubert par Berlioz, Webern et Reger, ainsi que la création d’une oeuvre de Ian Cusson commandée par l’orchestre.
Pour poursuivre, la Salle Bourgie accueillera la multitalentueuse Rachel Fenlon, qui chante en s’accompagnant elle-même au piano.
Dans la nouvelle année, les concerts de la série Schubert seront donnés par le baryton allemand Benjamin Appl et le pianiste Eric Lu; le Studio de musique ancienne de Montréal; le retour du ténor Ian Bostridge avec Julius Drake au piano et finalement, Harriet Burns (mezzo-soprano), Julien Van Mellaerts (baryton) et Ian Tindale (piano).
Ce mélange d’artistes établis et d’autres en début de carrière est voulu par les concepteur.e.s afin d’explorer les différences dans la façon d’aborder ce répertoire entre la grande tradition établie et une approche libre d’attaches. Cette volonté d’inclure un regard plus contemporain sur ce répertoire est aussi ce qui a poussé la Salle Bourgie à passer une commande auprès de Sandeep Bhagwati pour une oeuvre reprenant un texte mis en musique par Schubert.
La voix, sans Schubert
Pas tous les récitals de chant seront consacrés à Schubert : Barbara Hannigan et Bertrand Chamayou viendront présenter l’oeuvre de John Zorn Jumalattaret, composée pour la chanteuse, dans un programme comprenant également les Chants de terre et de ciel de Messiaen ainsi que deux pièces de Scriabin. Le baryton Christian Gerhaher et son fidèle collaborateur Gerold Huber monteront sur scène en janvier, et ce sera au tour de la soprano Donna Brown en mars, accompagnée de la harpiste Frédérique Cambreling, de la violoncelliste et compositrice Margaret Maria et du Quatuor Molinari.
Lumière sur les cordes
Une autre nouveauté est l’ajout d’une série mettant de l’avant les instruments à cordes. Le premier invité de cette série est le grand violoniste grec Leonidas Kavakos, qui interprétera le 7 novembre des sonates et partitas de Bach. Le violon sera également représenté par Stella Chen, Aubree Oliverson et Kerson Leong, tandis que l’altiste Antoine Tamestit reviendra en compagnie des Violons du Roy, après un concert phénoménal la saison dernière. Le violoncelle ne sera pas en reste, avec Steven Isserlis, Adolfo Gutiérrez Arenas, Dominique Beauséjour-Ostiguy et Raphaël Pidoux, qui reviendra cette fois sans ses collègues du Trio Wanderer.
Artiste en résidence et autres pianistes d’exception
La Salle Bourgie marque les quarante ans de carrière du pianiste Louis Lortie en l’accueillant comme artiste en résidence. Lortie donnera quatre récitals : il se produira deux fois en compagnie du Quatuor Modigliani dans des programmes de musique de chambre commémorant le centième anniversaire du décès de Gabriel Fauré et le 150e anniversaire de naissance de Reynaldo Hahn, et donnera deux récitals au cours de la deuxième moitié de la saison qui permettront d’entendre l’intégrale des oeuvres pour piano de Ravel.
Plusieurs autres pianistes d’exception feront une apparition, dont Louise Bessette, Benedetto Lupo, Kirill Gerstein, Imogen Cooper, Raoul Sosa, Elisabeth Brauss, Charles Richard-Hamelin et Sofya Gulyak.
Continuité
Comme par le passé, la Salle continue d’accorder une place d’importance à la musique ancienne et baroque. En plus d’ensembles internationaux tels que les Tallis Scholars, Stile antico et Les Talens lyriques, ainsi que des ensembles locaux réputés tels que les Violons du Roy et les Idées heureuses, la programmation 2024-2025 offre en décembre deux occasions de mieux connaître la viole de gambe. L’ensemble britannique Fretwork et le contreténor Iestyn Davies viendront présenter un concert de musique germanique, tandis que l’ensemble Près de votre oreille interprétera un programme de musique élisabéthaine.
Les partenariats avec l’OSM et l’OM se poursuivent, sous la forme de concerts de musique de chambre mettant en vedette des musicien.ne.s de ces orchestres. Entre autres, l’artiste en résidence de l’Orchestre Métropolitain, le pianiste Christian Blackshaw, donnera un concert d’oeuvres pour piano et cordes.
Les musiques d’ici et d’ailleurs et le jazz trouvent encore une place de choix, dont le retour du maintenant traditionnel concert de A Charlie Brown Christmas.
Succès
Depuis ses débuts, la Salle Bourgie s’efforce de présenter des musiques de tous les styles, dans un contexte de concert permettant de percevoir les détails d’exécution. En réponse à la qualité de l’acoustique de la salle, les publics fréquentant les concerts variés ont développé une qualité d’écoute remarquée par les artistes invités. Une autre caractéristique est le rajeunissement du public : grâce à un démarchage ciblé et à des tarifs avantageux, la Salle a réussi à doubler le nombre de jeunes assistant à ses concerts. Cette recrudescence a pu contribuer à ce que 25 concerts se soient donnés devant une salle pleine depuis décembre.
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