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ENTREVUE | L'âme irlandaise de Daniel Hope

Par Anya Wassenberg le 22 avril 2024

Daniel Hope et son ensemble (Photo : courtoisie)

Le violoniste Daniel Hope et l’ensemble AIR s’arrêteront mardi soir à la Salle Bourgie dans le cadre de leur tournée nord-américaine pour offrir un concert constitué de pièces d’un album à paraître cet été.

Au cours des trente dernières années, Hope s’est bâti une carrière unique dans le monde de la musique classique. Il a joué avec plusieurs des orchestres les plus reconnus de la planète, ainsi qu’en solo et en musique de chambre. Il est le directeur musical de l’Orchestre de chambre de Zurich depuis 2016 et directeur musical du New Century Chamber Orchestra de San Francisco depuis 2018. En 2019, il est devenu directeur artistique de la Frauenkirche de Dresde, et président de la Beethoven-Haus de Bonn en 2020.

À travers toutes ces activités, il combine musicalité et pertinence sociale.

Daniel Hope

Daniel Hope est né en Afrique du Sud au sein d’une famille militante anti-apartheid. Quand il avait environ six mois, sa famille a dû quitter le pays, avec la condition de ne jamais y revenir. Les parents de Hope ont pris la direction de l’Europe, s’établissant d’abord à Paris, puis à Londres, où sa mère est devenue la secrétaire du légendaire violoniste Yehudi Menuhin. Le petit Daniel avait cinq ans quand il a débuté les leçons de violon.

Ses ancêtres venaient d’Irlande. Son arrière-grand-père Daniel McKenna a quitté ce pays il y a environ un siècle, aboutissant éventuellement avec sa famille en Afrique du Sud. Hope, qui détient un passeport irlandais, explore ses racines dans ce documentaire.

Au cours la pandémie, Hope s’est fait connaître grâce à sa série Hope@Home.

Daniel Hope : Dance

Son album Dance produit en 2024 propose un panorama couvrant plusieurs siècles de musique de danse. Les trames incluent des compositions de Britten, Bartók, Shostakovich, Price, Schubert, Purcell, Stravinsky et de plusieurs autres encore. C’est le résultat d’un projet que Hope caressait depuis plusieurs années, même des décennies, dit-il.

Il avait d’abord conçu ce projet alors qu’il commençait tout juste à enregistrer des albums. « La danse », le titre d’origine de l’album, faisait partie de sa toute première liste d’idées et devait explorer 500 ans de danse occidentale.

« J’ai toujours voulu découvrir d’où venait la danse, » dit-il. En approfondissant le sujet, il a réalisé que les danses du début de la Renaissance étaient simplement une continuation d’une pratique remontant à des dizaines et peut-être même à des centaines d’années dans l’histoire de la Grèce et de la Rome antiques, et au-delà.

« Éventuellement, à partir d’un certain point, quelqu’un a commencé à garder une trace de ces activités, » dit-il. Des peintures et autres artefacts laisssent deviner une histoire encore plus longue.

Hope voit une connexion naturelle entre son instrument et la danse : les violonistes servaient souvent de maîtres de danse durant la Renaissance et la période baroque.

« J’ai esquissé ce projet au dos d’une enveloppe, il y a 25 ans. »

Entre temps, le plan a évolué et a pris de l’ampleur. Le projet couvre maintenant 700 ans de répertoire et est passé d’un seul CD à deux. « C’est vraiment quelque chose que je rêvais de faire, » dit le violoniste.

Ce n’est pas que l’aspect musical qui l’intéresse, mais également ce que celui-ci nous révèle au sujet de l’histoire sociale. « Ce que je trouve fascinant dans ce projet, c’est la signification de la danse » ». Il souligne le rôle que jouaient les classes dans le développement de l’art de la danse, certaines formes étant réservées à l’aristocratie, alors que d’autres formes sont associées au quotidien de la vie paysanne, soit la récolte automnale ou des danses pour invoquer la pluie. D’autres danses sont cérémoniales, marquant des événements spécifiques.

« La danse a été employée de tellement de façons. »

Plusieurs compositions de musique dite classique trouvent leur inspiration dans ces racines anciennes de la danse. Hope fait remarquer que la Danse macabre de Saint-Saens, par exemple, représente le point de vue d’un compositeur du XIXe siècle sur un concept médiéval, la danse de la mort. D’autres liens peuvent être faits avec le colonialisme et l’expansionisme européens : des chercheurs croient que le fandango a été inspiré par des nations indigènes d’Amérique du Nord et ramené en Europe par les Espagnols.

« Plusieurs de ces danses comportent des aspects hautement politiques et historiques, » dit-il.

Environ 30 000 personnes ont déjà assisté au concert conçu par Daniel Hope. « Quand je raconte l’histoire de la provenance de ces danses, je sens que les gens écoutent vraiment. Parfois, il y a des gens qui se lèvent et qui se mettent à danser. Il y a une communication qui se forme entre la scène et la salle. »

La réception est très positive : son album s’est hissé en première et deuxième places des listes allemandes. « La réponse est réjouissante. Je me compte extrêmement chanceux de pouvoir produire ces concerts avec un grand nombre de musiciens d’à travers le monde, » dit-il. « Ça a été un énorme projet à mettre ensemble (…) pendant que tout ça se prépare, tu ne sais pas comment ça sera reçu. »

Les racines irlandaises de Daniel Hope à la Salle Bourgie

Pour les concerts de sa tournée nord-américaine, incluant Toronto et Montréal, Hope présente du répertoire de son nouvel album à paraître cet été. Le programme pour la Salle Bourgie est intitulé The Soul of Ireland (L’Âme de l’Irlande) et propose un plongeon dans l’histoire de la musique irlandaise, un sujet qui lui tient à coeur.

La musique de danse y tient une place importante, quoique non exclusive. « Bien sûr, il y a plusieurs gigues, c’est très excitant! »

Au cours de ses recherches, Hope a découvert plusieurs pièces, qui elles aussi ont une histoire à révéler au sujet de l’évolution sociale.

« L’histoire mouvementée de l’Irlande et les conflits tragiques qui y ont eu lieu au cours de cinq ou six siècles ont forcément changé le cours de la vie. » Le répertoire au programme comprend des chants de protestation et de l’authentique musique folklorique irlandaise des XVIIIe et XIX siècles,  ainsi que des pièces de compositeurs irlandais de la Renaissance jusqu’à la fin de l’époque baroque, ainsi que des oeuvres de compositeurs d’Europe centrale ayant été inspirés par la musique irlandaise.

Hope sera accompagnée sur scène de son groupe AIR, constitué de musicien.ne.s trié.e.s sur le volet. En plus de l’aspect musical, le violoniste va présenter au public les mythes et légendes de l’Irlande.

Le futur

“Ça fait 25 ans que je fais des albums concept, entre guillemets. Quand j’ai commencé à en faire, personne ne voulait les écouter, » dit-il. Il avance que le streaming et les listes de lecture ont contribué à rendre plus populaire les publications « à thème » comme les siennes.

Basé sur ses expériences récentes, Hope considère que le public est de retour dans les salles en Europe, et qu’il semble apprécié la musique peut-être encore qu’avant la pandémie. « C’est formidable. En Allemagne, on voit un retour complet. » Dans certains cas, le niveau d’assistance excède même les niveaux pré-pandémie. « Les grandes salles de concert sont pleines. »

Ce qui ne veut pas dire que qui que ce soit peut se permettre de devenir complaisant.

« Plus que jamais, on doit soutenir la pression et maintenir le momentum. »

LE 23 AVRIL, 19 H 30, SALLE BOURGIE DÉTAILS ET BILLETS

Cette entrevue a été menée et rédigée par Anya Wassenberg pour Ludwig van Toronto. L’article anglais, disponible ici, a été traduit et adapté par Béatrice Cadrin pour Ludwig van Montréal.

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