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CRITIQUE | Le raffinement d'Andrew Wan dans le Concerto pour violon de Beethoven

Par Béatrice Cadrin le 26 octobre 2023

Rafael Payare à l'écoute d'Andrew Wan dans le Concerto pour violon de Beethoven (photo : Gabriel Fournier)
Rafael Payare à l’écoute d’Andrew Wan dans le Concerto pour violon de Beethoven (photo : Gabriel Fournier)

L’Orchestre symphonique de Montréal mettait hier soir en vedette son violon solo Andrew Wan dans le Concerto pour violon de Beethoven, précédé en première partie du Ricercar de l’Offrande musicale de J.-S. Bach dans l’orchestration de Webern, de la Symphonie Haffner de Mozart et de la Passacaille de Webern.

Il est évident, une fois de plus, qu’Andrew Wan est un grand musicien. Son interprétation du Concerto pour violon de Beethoven est remplie de finesse, de délicatesse, ce qui donne occasionnellement des résultats surprenants. L’écoute attentive du public est sollicitée en tout temps, puisqu’on ne peut plus rien prendre pour acquis : une montée en gamme n’est pas une simple suite continue de notes égales, mais une juxtaposition de notes ayant des fonctions, et par conséquent, des coloris différents. Andrew Wan ne se contente jamais de répéter automatiquement les motifs; chaque répétition est plutôt l’occasion de leur faire dire autre chose, de les modeler autrement.

Cette redirection constante doit être pleinement assumée pour être uniformément convaincante et hier soir, la nervosité s’en mêlant au début, certaines intentions ont manqué leur but dans l’exposition du premier mouvement. Vive la forme sonate, qui a donné l’occasion au soliste de se reprendre et au public d’entendre sa « vraie » version. Les deuxième et troisième mouvements se sont déployés sans achoppement similaire.

 

Rafael Payare dirigeant l'OSM (photo : Gabriel Fournier)
Rafael Payare dirigeant l’OSM (photo : Gabriel Fournier)

Redirection aussi en première partie

Vu sous la thématique de la redirection, le jumelage du Concerto de Beethoven avec les oeuvres de Webern, lui aussi maître de la redirection, acquiert une nouvelle dimension. La justification théorique de ce jumelage était plutôt de rapprocher les deux Écoles de Vienne, la première représentée par Mozart et Beethoven, la deuxième par Webern. Après l’ouverture décevante qu’a formé le Ricercar de l’Offrande musicale ré-imaginé par Webern, la Symphonie Haffner de Mozart a heureusement ramené le concert sur des bases plus solides. En formation diminuée d’un pupitre chez les cordes, la section des contrebasses ne conservant que deux joueurs, l’orchestre et Rafael Payare ont offert une lecture exubérante ici, intimement ravissante là. La gestuelle expansive du chef, déplacée dans l’oeuvre précédente, pouvait de nouveau soutenir la musique et l’aider à se déployer. Les articulations étaient claires, l’équilibre des parties juste.

L’inclusion de la Passacaille de Webern était une idée heureuse. Là encore, l’auditeur est amené dans une tout autre direction que tout ce qui a précédé. L’oeuvre, composée en 1908, demeure dans un langage post-romantique proche de Richard Strauss, mais avec l’esprit d’économie propre à Webern. Avec Mozart, elle nous fournit une nouvelle preuve que Rafael Payare sait ciseler finement la musique.

Timbales

Le thème inavoué de la soirée semblait être les timbales. J’allais écrire le thème secret, mais il n’y avait pas grand chose de secret dans la présence dominante de cet instrument dans toutes les oeuvres. Leur utilisation thématique dans le Concerto de Beethoven était innovatrice à l’époque, et leur donne une importance bien méritée en deuxième partie du concert. Cependant, le choix de faire ressortir autant les timbales dans le Mozart soulève des interrogations. On ne peut renier que cela contribuait à clarifier la forme et à guider l’oreille dans les enchaînements harmoniques. On ne rejette pas non plus d’emblée leur entrée soudainement agitée dans le milieu du quatrième mouvement. On se pose quand même la question s’il était vraiment nécessaire de pousser jusqu’à ce degré d’agressivité pour obtenir le résultat visé. Peut-être qu’un léger ajustement dynamique permettra de mieux apprécier l’intention lors de la reprise du même programme ce soir.

Andrew Wan et l’inoubliable Concerto pour violon de Beethoven, ce soir 26 octobre, 19 H 30, Maison symphonique DÉTAILS ET BILLETS

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Béatrice Cadrin
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