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CRITIQUE | L'OSM en tournée: salle comble et ambiance électrique à Paris

Par Thierry Guyenne le 20 mars 2019

La première partie s'achevait avec le très attendu cycle de Wagner interprété par Marie-Nicole Lemieux. (PHOTO: Jean-Marc Abela)
La première partie s’achevait avec le très attendu cycle de Wagner interprété par Marie-Nicole Lemieux. (PHOTO: Jean-Marc Abela)

L’OSM poursuit sa tournée européenne entamée le 11 mars. Après Düsseldorf, Hambourg, Essen et Vienne, il s’arrêtait hier soir à Paris. Ludwig van Montréal avait dépêché un collaborateur sur place. 

Salle comble et ambiance électrique pour l’étape parisienne, à la Philharmonie, de la douzième tournée européenne de l’OSM, avec Kent Nagano, son directeur musical attitré depuis septembre 2006.

Le programme, aussi varié que démonstratif, met en regard deux pièces aussi différentes que possible, quoique toutes deux écrites pour les Ballets russes de Sergueï Diaghilev, créées à quelques jours d’intervalle à Paris (Théâtre des Champs Élysées) en mai 1913, Jeux de Debussy et Le Sacre du printemps de Stravinsky. Entre les deux, se glisse le romantisme échevelé des Wesendonck-Lieder de Wagner.

Le poème dansé de Debussy ouvre le tout, montrant d’emblée les qualités de l’OSM : élégance du jeu, sonorité – très française – claire et transparente, excellence des bois, le tout au service d’une partition allusive et volatile qu’un Nagano aussi précis que souple sert avec finesse et esprit.

La première partie s’achevait avec le très attendu cycle de Wagner interprété par Marie-Nicole Lemieux. La comparaison est éloquente avec son tout premier disque, enregistré en 2000 dans la foulée de sa victoire au Concours Reine Elisabeth, où la contralto québécoise s’attaquait déjà au cycle, mais dans l’accompagnement piano – original, le compositeur n’ayant par la suite orchestré lui-même que Traüme – et dans sa version pour voix grave.

Dix-neuf ans après, force est de constater que l’instrument a encore gagné en ampleur et en moelleux, la musicalité s’est affirmée et affinée, l’allemand sonne plus naturel et fluide, malgré quelques négligences parfois sur des doubles consonnes (« hüllet »,« Sonne »).

Confrontée de plus à la tessiture originale de soprano, la voix sonne glorieuse dans Der Engel, entravée seulement par quelques aigus pris par en-dessous et un peu trop vibrés.

L’agitation de Stehe still lui convient moins, avec un début plus imprécatoire qu’exalté et certains aigus assez tendus, et un retour au calme final sans doute pas assez apaisé.

Mais c’est dans les chromatismes exacerbés d’Im Treibhaus, d’un érotisme morbide, que, portée par un orchestre enveloppant à souhait, la chanteuse déploie tous ses sortilèges, timbre moelleux et sensuel et cantabile sans faille osant d’ineffables piani aigus.

Elle trouve le grand ton nécessaire à Schmerzen, même si le La de « Glorie » est un peu arraché. Elle revient enfin à sa musicalité la plus naturelle de douce ferveur pour un Traüme au charme insinuant, pris dans un tempo assez allant, ce qui peut tout à fait se justifier (l’indication de partition est d’un mouvement très régulier mais sans jamais traîner) à condition toutefois d’aller vers une fin de plus en plus douce et apaisée ( indiquée expressément avec toujours plus d’abandon), afin de suggérer la paix ultime du tombeau, ce qui n’était pas tout à fait le cas ici.

Très aimée du public parisien, qui l’a souvent entendue et appréciée aussi bien en concert qu’à la scène, la contralto canadienne a recueilli un tonnerre d’applaudissements très mérité, quittant l’estrade avec ce sautillement primesautier qu’on lui connaît bien en récital, et dont elle s’était sagement abstenue pendant une prestation toute de concentration fervente.

Le Sacre du printemps

Après l’entracte, l’OSM retrouvait l’un de ses chevaux de batailles, le Sacre stravinskien, particulièrement d’actualité en cette veille de printemps, qui a permis d’exhiber la solidité de tous les pupitres et la rythmicité implacable du chef, très à l’aise dans le foisonnement d’une partition aussi exaltante que périlleuse pour le grand orchestre convoqué, et dont on ne dira jamais assez le caractère novateur et fondateur de tout le XXe siècle.

Le résultat est éblouissant de sûreté et de précision, avec une battue d’une clarté qui jamais ne s’affole et des rutilances qui ne vont jamais jusqu’au clinquant, dans des tutti fortissimo toujours très maitrisés.

Certes, on devra chercher chez d’autres une vision plus sauvage de ce vaste rite païen, avec par moments des cordes plus âpres, un martèlement rythmique plus tribal ou une vraie course à l’abîme pour la fin. Mais on ne saurait nier que cette lecture, sans doute plus apollinienne que dionysiaque, a beaucoup d’allure.

Et c’est le généreux rappel qui achèvera de transporter la salle avec une Valse de Ravel de grande classe, claire de son, irrésistible d’élan et au déhanché délicieusement décadent.

Pour sa première prestation à la Philharmonie de Paris, l’OSM n’aura pas raté son rendez-vous !

Ce concert était diffusé sur la chaîne spécialisée Mezzo Live HD. Il sera rediffusé aux dates suivantes:

Le 3 avril à 20h
Le 9 avril à 1h15
Le 18 avril à 12h30
Le 23 avril à 8h45
Le 28 avril à 20h

L’OSM jouera ce soir au Palais des beaux-arts de Bruxelles. Nous y serons également! À lire, notre critique, demain. 

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