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DOSSIER | L’Orchestre symphonique de Toronto remet le Jour du Souvenir au cœur de nos vies

Par Jennifer Liu le 31 octobre 2017

Pour commémorer le Jour du Souvenir, le TSO présente la composition révolutionnaire Afghanistan: Requiem for a Generation de Jeffrey Ryan et Suzanne Steele.

 

 

 

 

Cette année, pour coïncider avec le Jour du Souvenir, l’Orchestre symphonique de Toronto (TSO) a inscrit à son programme deux prestations d’Afghanistan: Requiem for a Generation, qui feront sortir son public de sa zone de confort en le confrontant à des images des champs de batailles afghans.

La pierre angulaire de ces concerts sera le requiem susmentionné, une mise en musique de la poésie de Suzanne Steele par le compositeur Jeffrey Ryan. Cette collection de vignettes évoquant la guerre a connu sa première à Calgary en 2012, et sera jouée pour la première fois à Toronto cette année. À en juger par les prestations antérieures, le public, ému, passera du rire aux larmes.

« Je considère que l’art doit être porteur de compassion et d’empathie », estime Steele. « Je crois qu’on sait que l’on a atteint la cible lorsque certains membres du public pleurent, tandis que d’autres rient… »

Dans le cadre de la série de concerts Mosaïque canadienne, le TSO a assemblé un groupe d’artistes chevronnés qui donneront vie, les 9 et 11 novembre, à quatre expériences de guerre. Colin Ainsworth (ténor) et Brett Polegato (baryton) incarneront deux soldats; si l’un ne semble pas souffrir des séquelles de son expérience, l’autre est atteint de trouble de stress post-traumatique (TSPT). Quant à la soprano Measha Brueggergosman, elle tiendra plusieurs rôles, y compris celui d’une technicienne médicale chargée de prendre des décisions de vie ou de mort au nom de ses patients. Enfin, Allyson McHardy (mezzo-soprano) jouera le rôle d’une mère et d’une amante.

Le Toronto Children’s Chorus et le Toronto Mendelssohn Choir partageront la scène de la salle Roy Thomson avec l’Orchestre symphonique de Toronto, sous la direction de Tania Miller. Le premier violon du TSO, Jonathan Crow et des membres des Forces canadiennes interprèteront plusieurs œuvres émouvantes sur le thème de la guerre, écrites par Vaughan Williams et les compositeurs canadiens Julien Bilodeau (le 9 novembre) et Jordan Pal (le 11 novembre), lesquelles seront intercalées de lectures de poèmes évoquant eux aussi la guerre.

« Je considère que l’art doit être porteur de compassion et d’empathie. »

Steele, qui détient elle-même un diplôme en interprétation de chant classique de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), cite parmi ses influences les plus profondes le Requiem allemand de Brahms et le Requiem de Fauré. Dans sa démarche de poète, Steele accorde une grande importance aux choix de mots, et le  mot « requiem » englobe sa double identité de musicienne et de fervente catholique.

Lorsque Steele et Ryan ont discuté de leur collaboration, il est vite devenu apparent que la musique se marierait tout naturellement au texte. Échangeant des idées sur la manière dont un médium influencerait l’autre, leur inspiration s’est rapidement concrétisée. « Les mots de Suzanne n’y vont pas de main morte, mais ils sont aussi magnifiquement faciles à chanter et à mettre en musique », souligne Ryan, qui n’a d’ailleurs pas tardé à entendre la musique dans sa tête.

Composer Jeffrey Ryan / War poet Suzanne Steele
Compositeur Jeffrey Ryan / Poétesse de guerre Suzanne Steele

Dans une scène particulièrement viscérale du Dies irae, le texte et la musique restituent un moment marquant où un soldat canadien pose le pied sur une bombe artisanale, qui est suivi d’un signal SOS transmis en code Morse. Plus loin, dans le passage Libera me, un médecin débordé est représenté dans l’aire de triage, tandis que l’orchestre joue et compte à voix haute simultanément. Alors que la musique s’estompe, les voix continuent de dénombrer les victimes. « Jeff a accompli un boulot extraordinaire au niveau du traitement musical », précise Steele. « C’est une véritable collaboration, à 50/50. »

En dépit de son contexte résolument sombre, cette prestation sera l’occasion d’une heureuse réunion entre le compositeur et l’orchestre : Ryan était le compositeur affilié du TSO de 2000 à 2002. Quinze ans plus tard, il est reconnaissant envers l’orchestre pour son appui constant : « Cela me touche beaucoup que le TSO […] ait mis tout en œuvre pour présenter [Afghanistan: Requiem for a Generation] à la salle Roy Thomson. »

« La plupart d’entre nous connaissent la guerre à distance, par le biais des nouvelles », ajoute Ryan. « Cette œuvre nous fait vivre l’expérience dans toute son urgence, ce qui, selon moi, lui confère un véritable impact émotionnel. »

« Tout ce qui se trouve dans ce requiem, je l’ai vu de mes yeux ou cela m’a été raconté par des témoins. Rien n’a été inventé. »

Suzanne Steele a marqué l’histoire militaire en devenant la première « poète de guerre » à être nommée dans le cadre du Programme d’arts des Forces canadiennes. Pendant dix-huit mois, à partir de 2009, Steele a été intégrée aux forces déployées en Afghanistan, où elle a été témoin de confessions livrées à l’état brut qui donnaient la mesure de l’impact du conflit sur leur bien-être émotionnel, pour ensuite rendre ces récits dans une anthologie de poèmes qui documentent le périple jusqu’en Afghanistan et le chemin du retour au Canada.

Steele souligne que son affectation en Afghanistan n’était pas simplement l’occasion de documenter les effets néfastes de la guerre, ses impacts sur le plan physique et émotionnel, et les séquelles du stress post-traumatique. La poésie de Steele nous livre également des scènes de paix et des vignettes montrant la culture afghane; les parents des soldats canadiens y sont représentés, de même que les enfants afghans. La poète fait alterner quatre langues : outre le français et l’anglais, qui représentent les langues officielles du Canada et de l’OTAN, le latin reflète les conventions du requiem, et le pachtou représente le peuple afghan. « Tout ce qui se trouve dans ce requiem, je l’ai vu de mes yeux ou cela m’a été raconté par des témoins », affirme Steele. « Rien n’a été inventé. Pas une seule chose. »

 

Habituellement pétillante, la soliste Measha Brueggergosman pèse bien ses mots durant notre conversation téléphonique. Bien que la carrière de cette grande soprano soit ancrée dans le répertoire classique, elle évoque la pertinence que revêt Afghanistan: Requiem for a Generation pour le public d’aujourd’hui. « En tant que musiciens classiques, il nous arrive parfois d’être un peu distants, du fait que nous interprétons des œuvres dont les compositeurs sont disparus depuis très longtemps. Pourtant, la musique classique englobe une foule de thématiques, ce qui atteste de sa grande polyvalence. »

Afghanistan: Requiem for a Generation est une œuvre solennelle, dont l’atmosphère marque son propos. « Il est important que nous discutions ensemble de ces questions », observe Brueggergosman. « Pour rester fidèle et humble dans notre travail, il nous faut reconnaître combien nous sommes privilégiés d’être nés où nous sommes nés. » Elle est heureuse de pouvoir prêter sa voix à ceux et celles qui sont touchés par ce conflit, et garde espoir qu’une réconciliation se profile à l’horizon. « Nous contribuons parfois au problème, mais cela nous offre aussi l’occasion d’être des artisans de la paix, comme nous sommes capables de l’être. »

En tant qu’institution artistique de premier plan au pays, l’Orchestre symphonique de Toronto partage cet impératif d’agir pour le mieux-être social. Des concerts tels qu’Afghanistan: Requiem for a Generation concilient une prérogative d’agir à l’échelle mondiale avec l’expertise musicale de l’organisation. Des initiatives comme celle de faire un don d’instruments à un réfugié syrien ont permis au TSO de tisser des liens avec la collectivité au-delà de la salle de concert.

Afghanistan: Requiem for a Generation aura lieu à la salle Roy Thomson de Toronto les 9 et 11 novembre à 20h00. Billets : www.tso.ca ou 416-598-3375.

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