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ENTREVUE | Daniel Bartholomew-Poyser, ambassadeur extraordinaire de la musique

Par Béatrice Cadrin le 16 février 2024

Daniel Bartholomew-Poyser (Photo : Melissa Taylor)

Natif de Montréal qu’il a quittée à l’âge de cinq ans, le chef Daniel Bartholomew-Poyser est de retour dans sa ville natale pour diriger l’ensemble Obiora samedi soir à la salle Pierre-Mercure. Nous nous sommes entretenus avec celui qui porte le titre d’ambassadeur communautaire auprès des orchestres de Toronto et de Nouvelle-Écosse, celui de chef en résidence pour l’engagement et l’éducation auprès de l’Orchestre symphonique de San Francisco, en plus d’être premier chef des concerts jeunesse et partenaire de création au Centre national des arts et d’animer l’émission de radio Centre Stage sur CBC.

LvM : Vous êtes né à Montréal, mais c’est la première fois que vous y venez en tant que chef d’orchestre. Quels sentiments cela éveille-t-il en vous?

DBP : C’est un grand honneur de diriger pour la première fois à Montréal! J’ai toujours été fier d’être né à Montréal. Même une fois à Calgary, je suis allé à l’école en français, plus tard quand je suis devenu professeur, j’ai enseigné en français. J’adore parler français.

LvM : Vous êtes ici pour travailler avec l’ensemble Obiora, le premier ensemble de musique classique canadien essentiellement composé de musicien.ne.s profesionnel.le.s dits issus de la diversité culturelle. Comment ça se passe?

DBP : C’est un ensemble très généreux et très amiable! C’est rare d’avoir autant de musiciens de différentes couleurs et de différentes cultures réunis. Durant ma jeunesse en Alberta et même encore souvent dans ma carrière, je suis la seule personne noire dans la salle. Je n’ai pas vécu de racisme ouvert, on m’a toujours encouragé à poursuivre la carrière que je souhaitais, mais il reste que j’étais le seul. Je me sens toujours à l’aise quand je suis avec mes collègues, mais dans ce contexte-ci, il y a une appréciation qui est partagée entre nous, nous nous retrouvons ensemble sachant que nous avons tous vécu cette expérience d’être seul dans la salle, il y a une solidarité.

 

Daniel Bartholomew -Poyser à Symphony Nova Scotia (Photo : courtoisie Dispeker Artists International)

Lvm : Vous êtes ambassadeur communautaire auprès de quelques orchestres, qu’est-ce que cela comporte?

DBP : Cela signifie que je suis le porte-parole pour la communauté au sein de l’organisme. Cela prend une forme un peu différente pour chaque organisme, mais dans tous les cas je dois être en contact avec la communauté et songer à ce qui les touche vraiment. Ça peut être par exemple de dire à l’Orchestre symphonique de Toronto, il y a beaucoup de personnes du sous-continent indien dans ce secteur de la ville, pourquoi ne ferions-nous pas quelque chose pour eux? Et l’orchestre dit, c’est une excellente idée, organisons un concert de musique bhangra (NDLR : style de musique populaire amalgamant des caractéristiques de la musique folklorique du Punjab à la musique pop des années 70 et 80, associée avec la diaspora Punjab) à Brampton. À l’Orchestre symphonique de San Francisco, on essaye de mettre en lumière des membres de l’orchestre venant de la région pour les faire connaître auprès de la communauté.

Je suis connu pour mon aspect communicatif, j’aime communiquer, j’aime créer des collaborations. C’est comme un Ferrero Rocher : j’aime trouver un emballage brillant qui va mettre en valeur ce que les autres apportent au projet.

Dans tous les contextes variés, il s’agit de trouver des gens dans la communauté qui peuvent travailler avec l’orchestre pour faire de grandes collaborations dans le but de nourrir l’âme de la communauté.

 

Daniel Bartholomew-Poyser (Photo : Riley Smith)

LvM : Est-ce que les orchestres ont du rattrapage à faire en termes de refléter les communautés dans lesquelles ils sont établis?

DBP : Je pense qu’il y a un processus de réaction qui est très long chez les orchestres, simplement parce que tout est tellement planifié d’avance. Il y a beaucoup de personnes intelligentes dans l’industrie qui font de leur mieux pour être à l’avant-garde de ce qui se passe et pour accélérer le temps de réaction entre une idée et sa réalisation. Mais c’est un marché où c’est délicat d’essayer de faire des prédictions sur la direction que vont prendre les choses et sur ce que les gens vont vouloir.

LvM : Plusieurs des postes que vous occupez aujourd’hui ont été créés spécifiquement pour vous. Avez-vous trouvé votre voie avec ce genre d’engagement?

DBP : J’ai trouvé ma voie, absolument! Ce n’est pas nécessairement un rôle traditionnel. Mon travail est de faire des connexions, soit entre les musiciens d’un orchestre, en répétition, ou entre l’orchestre et le public, ou le public avec quelque chose qui s’est passé dans l’histoire. Des fois je fais ça avec la baguette, en dirigeant l’orchestre. Dans mon travail, aucune part de ma personnalité n’est laissée en arrière, je suis entièrement là. J’ai la chance d’être au centre de plein de projets excitants. Je suis très fortuné parce qu’on ne peut pas toujours dire ça!

 

Ensemble Obiora (Photo : Tam Lan Truong)

LvM : Comment se passe votre expérience avec l’ensemble Obiora jusqu’à présent?

DBP : C’est un très, très bon ensemble, un excellent orchestre! Tout le monde est très motivé, le son est là. On a le temps de travailler en détail, je crois que c’est ce que les gens vont apprécier samedi, le temps qu’on a investi dans les détails, comme l’équilibre entre les parties. Tout le monde travaille très très fort, l’atmosphère est très positive et collégiale, mais on est vraiment là pour travailler sérieusement la musique. J’aimerais qu’ils aient un concert à chaque mois!

LvM : Le concert se nomme Influences. De quelles influences s’agit-il?

DBP : On joue du Piazzolla, alors pour lui évidemment c’est l’influence du tango dans sa musique, même si les puristes du tango à l’époque étaient un peu choqués par ce qu’il faisait. Il y a beaucoup de joueurs latinos dans l’orchestre, alors c’est un langage qui est proche d’eux. On joue Polyphonic Lively de Dinuk Wijeratne, qui inclut les influences de ses origines sri lankaises dans sa musique. Dans le cas d’Elgar, avec les Variations Enigma, il s’agit de l’influence de ses amis. L’amitié est quelque chose de très très spécial : je ne sais pas si je serais devenu chef d’orchestre sans l’encouragement de mes amis. Même si la musique que les compositeurs ont créée est souvent au sujet de l’amour, la puissance qui soutenait la création de la musique venait la plupart du temps de l’amitié.

Daniel Bartholomew-Poyser et l’ensemble Obiora sont en concert à la salle Pierre-Mercure le samedi 17 février à 19 h 30. DÉTAILS ET BILLETS

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Béatrice Cadrin
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