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CRITIQUE | Les jours heureux, une réussite tempérée

Par Béatrice Cadrin le 24 octobre 2023

La comédienne Sophie Desmarais joue le rôle principal dans le film Les jours heureux de Chloé Robichaud (Photo: courtoisie de Maison4tiers)
La comédienne Sophie Desmarais joue le rôle principal dans le film Les jours heureux de Chloé Robichaud (Photo : courtoisie de Maison4tiers)

On a beaucoup entendu parler du film Les jours heureux pour l’implication de Yannick Nézet-Séguin comme conseiller musical durant la préparation et le tournage, de même que pour la place importante qu’occupe l’Orchestre Métropolitain au sein de l’histoire. Maintenant que le film est en salle, qu’en est-il du résultat?

Réussites

Répondons tout de suite à la question brûlante : la gestuelle de direction de l’actrice Sophie Desmarais dans le rôle de la jeune cheffe Emma est-elle crédible? La réponse est oui. L’actrice a fait un impressionnant travail d’assimilation des gestes du chef d’orchestre. Inévitablement, on y reconnaît l’influence du modèle « Yannick », mais comme le modèle a fait ses preuves, ce n’est pas un désavantage. Exploit encore plus fort, sa gestuelle et son implication physique évoluent avec le personnage au fur et à mesure de son affranchissement des chaînes qui la retiennent.

Sa comparse Nour Belkhiria est elle aussi frappante de vérité comme violoncelliste, au point qu’on se dit qu’elle a dû en jouer précédemment dans sa vie – ou alors Sheila Hannigan, la violoncelliste de l’Orchestre métropolitain qui lui a servi de coach, est une magicienne absolue!

Emma (Sophie Desmarais) et Naëlle (Nour Belkhiria) (photo : courtoisie de Maison 4tiers)
Emma (Sophie Desmarais) et Naëlle (Nour Belkhiria) (photo : courtoisie de Maison 4tiers)

Autre réussite, les scènes en répétition avec l’orchestre sont convaincantes et naturelles; les demandes que fait Emma à l’orchestre sont plausibles, compréhensibles et formulées adéquatement. La scène dans laquelle son père exige d’Emma qu’elle joue un passage de Pelléas et Mélisande de Schoenberg au piano représente un moment fort et efficace, à la fois pour camper la psychologie des deux personnages et dans la justesse de ses aspects musicaux. Toujours en lien avec Pelléas et Mélisande, les gros plans montrant Emma dirigeant la pièce en concert happent le spectateur et lui font vivre les émotions d’Emma.

Omissions

Face à tant de soins mis à reproduire fidèlement autant la vie orchestrale que le travail de direction d’orchestre, on est perplexe devant deux omissions. Étrangement, le scénario a oblitéré toute trace de musique à l’extérieur de la vie professionnelle d’Emma. Elle devrait avoir des professeurs, des amis dans le monde musical; il aurait été tout à fait plausible que d’anciens collègues d’études jouent dans l’Orchestre métropolitain. Bien sûr, il n’est pas possible de tout montrer dans un film, mais comme celui-ci ratisse large par ailleurs, cette absence de référence à sa formation musicale est déroutante.

Autre omission peu naturelle, l’absence complète d’étude de partitions. Le travail d’assimilation de partitions, assise à un bureau ou au piano, armée d’un crayon à mines bleue et rouge, n’est probablement pas très cinématographique, mais il aurait été aisé d’insérer une séquence de ce type parmi celles où Emma se promène en ville, écouteurs constamment sur les oreilles, censées représenter l’application qu’elle met à maîtriser la partition du Pelléas et Mélisande de Schoenberg.

La communication ne passe pas entre Emma (Sophie Desmarais) et son père Patrick (Sylvain Marcel) (Photo : courtoisie Maison 4tiers)
La communication ne passe pas entre Emma (Sophie Desmarais) et son père Patrick (Sylvain Marcel) (Photo : courtoisie de Maison 4tiers)

Scénario épars, acteurs impeccables

L’histoire s’articule autour du parcours d’Emma pour obtenir un poste de cheffe d’orchestre auprès de l’Orchestre métropolitain. Pour y arriver, elle doit s’affranchir de l’emprise de son père, qui est également son agent. Le combat intérieur qu’elle mène pour atteindre son objectif a par ailleurs des répercussions sur ses relations avec sa mère, avec son amoureuse, avec ses employeurs, avec la musique, avec elle-même, toutes explorées à l’écran. Chacun de ces personnages réagit à ces bouleversements émotifs selon son propre parcours personnel, ce que rendent les acteurs et actrices concernés avec finesse. Mentionnons spécialement Sylvain Marcel dans le rôle du père dur et contrôlant, dissocié de ses émotions, et Maude Guérin, d’une justesse remarquable dans le rôle de la mère incapable de soutenir sa fille dans son évolution hors des schèmes familiaux établis. Au terme de confrontations et de déchirements, et de quelques scènes superflues, le tout est bouclé élégamment par une scène en miroir avec celle du début, annonciatrice des jours heureux à venir.

 

Les jours heureux est présenté au Cinéma Beaubien et dans les Cineplex Odeon.

 

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Béatrice Cadrin
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