Ludwig Van Montreal

DISQUES | Trois beaux disques de piano pour embellir novembre

Cette semaine, notre chroniqueur, passionné de piano, a écouté trois nouveaux disques dont la description donne envie de s’asseoir pour passer quelques heures en compagnie de ces artistes inspirants. Bonne écoute!

 

Louise Bessette, Escale à Curaçao/ Analekta

En ces courtes journées de novembre, où la grisaille fait son apparition un peu de soleil n’est pas de refus. Pianiste toujours étonnante, Louise Bessette s’est tournée vers le compositeur néerlandais Win Statius Muller (1930-2019) pour nous apporter un peu de chaleur. Ce contemporain méconnu de Charles Ives étudia la composition dans une école prestigieuse avant de se tourner vers un autre métier, soit le contre-espionnage, nous apprennent les notes du livret sous la plume de Réjean Beaucage.

Celui qui fut surnommé « le Chopin de Curaçao » nous invite donc à découvrir sa musique. Effectivement dans l’esprit de Chopin, cette escale contient des petites miniatures aussi jolies les unes que les autres. Avec un peu d’imagination, nous pourrions être transportés dans un salon de thé au 18e siècle, sinon en bord de mer sirotant un « ti-punch ». Avec, beaucoup de finesse, Louise Bessette recrée ces atmosphères, loin d’être tous classiques, beaucoup plus proche d’une musique dite populaire, qui vous feront oublier, pour un instant, la grisaille du quotidien.

 

Lucas Debargue/Giudon Kremer/Zal/Sony

Parlant de découvertes, en voici une autre. En 2017, le violoniste Gidon Kremer et son Kremerata Baltica proposent au jeune pianiste Lucas Debargue une carte blanche. Celui-ci a profité de l’occasion pour ouvrir la porte au compositeur Milos Magin (1929-1999), que lui fit découvrir sa professeure de piano Christine Muenier.

Selon Lucas Debargue, « Le pianiste Magin m’impressionnait beaucoup. Je m’étais rapidement procuré ses magnifiques enregistrements de Chopin, réalisés pour le label Decca dans les années 60. Il avait passé sa vie à approfondir cette musique ».

Nous avons donc tendu une oreille attentive à approche tonale cultivant les formes classiques, selon la description du jeune pianiste. Très vivant avec des codes parfois « anciens » qui évoquent Tchaïkovski, le Concerto no 3 pour piano fait étrangement penser à un ballet. Très dynamique, dans son essence, soutenu par des violons crépitants, il peut se révéler un redoutable défi pour l’interprète. Debargue offre une vision épique, dominée par des coloris intenses, le tout en osmose avec Kremer et son ensemble qui enveloppe son jeu de façon superbe. Le Concerto Rustico no 1 pour violon, cordes et timbales est un peu acide, virevoltant certes, dominé évidemment par la pulsation des cordes, souvent sur le fil du rasoir. Pour la suite des choses, nous vous recommandons fortement cette nouveauté particulièrement trépidante.

 

Sergey Tanin/Brahms/Schubert/Prokofiev/Prospero/Naxos

Jeune pianiste prometteur de 25 ans et des poussières, avec, comme distinctions, une 3e place au concours Géza Anda, puis en 2020, le premier prix au Kissinger KlavierOlymp, Sergey Tanin est certainement à surveiller. Pour ce premier disque, avouons que le répertoire est particulièrement costaud. Avec Brahms, Liszt et Prokofiev, nous sommes en mesure de voir et et entendre de quel bois il se chauffe. Pour le Brahms, il rappelle un peu la patte du géant brésilien Nelson Freire qui vient hélas de nous quitter, tandis que le Schubert, où nous sentons fort bien l’attitude professorale, est disons à taille humaine, mais sans plus. Plutôt que de revoir un concerto pour Prokofiev, il aura choisi les Dix petites pièces, op. 12. De jolies miniatures qui exaltent le romantisme serein.

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