Ludwig Van Montreal

CRITIQUE | Yannick Nézet-Séguin et Lisa Batiashvili ont mené l’OM vers des sommets dans Sibelius

Lisa Batiashvili et Yannick Nézet-Séguin saluent en compagnie des musicien.ne.s de l'Orchestre Métropolitain. (Photo : François Goupil)
Lisa Batiashvili et Yannick Nézet-Séguin saluent en compagnie des musicien.ne.s de l’Orchestre Métropolitain. (Photo : François Goupil)

L’Orchestre Métropolitain (OM) a réellement atteint des sommets lors du concert « Sibelius, l’apothéose d’un cycle » présenté dimanche après-midi à la Maison symphonique. L’orchestre et Yannick Nézet-Séguin présentaient les deux dernières symphonies de Sibelius, complétant par là leur cycle entamé en 2018. En première partie, la réputée violoniste Lisa Batiashvili complétait le programme consacré au compositeur finlandais en interprétant admirablement le Concerto pour violon du même compositeur.

Tel qu’expliqué en présentation du concert, Sibelius a poussé ses expérimentations sur la forme du genre encore plus loin dans ces sixième et septième symphonies : dans la Sixième, il déjoue habilement les attentes liées à l’alternance de caractères des mouvements, alors que dans la Septième, il abandonne complètement la séparation en mouvements et compose une œuvre symphonique en seul jet.

Nézet-Séguin, dont j’ai regretté dans Beethoven le manque de conscience de la forme, est ici au contraire un guide infaillible, construisant avec finesse l’architecture unique de ces deux œuvres hors-normes. Encore plus que dans la Troisième symphonie de Mahler fin septembre, l’orchestre a fait preuve d’une communion symbiotique, bougeant et respirant d’un même élan. Le résultat est une entité sonore vivante et flexible, imbue là, d’une force massue et là, d’une douceur délicate.

La violoniste invitée Lisa Batiashvili est une collaboratrice régulière de Yannick Nézet-Séguin, mais les deux artistes ne s’étaient encore jamais produits ensemble ni à Montréal, ni dans Sibelius. Batiashvili a donné une leçon d’interprétation en abordant ce concerto avec des idées neuves et fraîches. Elle marie un timbre clair, sans chair excessive sur l’os, et un vibrato réellement constant, ne laissant tomber aucune note par inconfort d’un doigt moins fort, à une conduite des phrases en grands arcs, leur donnant du souffle et de la vision. L’orchestre, encore un peu prudent dans cette première partie, faisait néanmoins déjà la démonstration des qualités qui allaient se déployer sans entrave dans la seconde, réagissant avec souplesse et sensibilité aux propositions de la soliste.

Cette saison de l’Orchestre Métropolitain a déjà livré deux concerts mémorables. Les attentes sont élevées pour la suite!

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