Ludwig Van Montreal

CINÉMA | TIFF 2025 : Primavera, un récit qui plonge dans l’univers de Vivaldi

Une scène tirée du film Primavera (Photo : courtoisie du TIFF)
Une scène tirée du film Primavera (Photo : courtoisie du TIFF)

Par Marc Glassman, pour Ludwig-Van.

Primavera est le genre de film qui rend la fréquentation des festivals véritablement agréable.

C’est une œuvre remarquable, sans doute peu susceptible de remporter des prix ou de séduire un large public, mais qui offre une expérience subtile et plaisante. Elle saura séduire le type de public qui fréquente le Festival international de films de Toronto (TIFF), tout comme celui des lecteurs et lectrices de Ludwig van : des amateurs de musique classique, prêts à découvrir un film qui s’intéresse à la vie restreinte des femmes il y a deux siècles.

L’histoire

L’action se déroule dans les années 1720, à Venise, lorsque Antonio Vivaldi (incarné par Michele Riondino) revient dans sa ville natale pour reprendre son poste de maître de concert et compositeur à l’Ospedale della Pietà, un orphelinat pour jeunes filles dirigé par l’Église catholique.

Le scénario, inspiré du roman Stabat Mater de Tiziano Scarpa, s’appuie sur la vie et l’art de Vivaldi en inventant l’histoire d’une orpheline, Cecilia (jouée par Tecla Insolia), qui devient cheffe de section des premiers violons au sein de l’orchestre de l’école.

Cecilia partage la passion du compositeur pour la musique, mais contrairement à Vivaldi, elle n’est pas en position d’en faire le centre de sa vie.

Le drame du film repose sur les fiançailles de Cecilia avec un noble engagé dans une grande guerre contre les Turcs (Stefano Accorsi). Bien qu’elle aime profondément jouer du violon pour Vivaldi, son destin est déjà tracé — et l’on souligne qu’elle est « chanceuse » d’être promise à un homme riche capable de la sortir de la pauvreté.

Lorsqu’elle tente de résister et demande à rester à l’orphelinat comme violoniste, Cecilia s’engage dans une voie parsemée de difficultés et de résistance.

Le cadre

Le film évoque avec finesse la Venise du XVIIIe siècle — ses églises, ses marchés, ses gondoles — tout en critiquant discrètement les forces conservatrices qui dominaient la société.

L’Église et la noblesse régnaient alors sur la cité, n’accordant que des libertés limitées à ceux qui contribuaient à sa grandeur. En tant que femmes et orphelines, les jeunes filles comme n’avaient aucun droit ; leur existence dépendait de la volonté des puissants et des riches, qui leur offraient une vie de pauvreté « honorable » sous le regard de l’Église.

Conclusion

Le réalisateur de Primavera, Damiano Michieletto, signe ici son premier film, mais il est déjà un metteur en scène d’opéra reconnu, notamment pour Rossini, et démontre sa capacité à s’entourer d’une solide équipe technique.

L’équipe de direction artistique, menée par Gaspare De Pascali, recrée avec minutie la Venise d’il y a trois siècles. Les costumes, l’immense dortoir des orphelines, les salles de concert où les musiciennes jouaient dissimulées derrière des grilles : tout est rendu avec précision.

La musique de Vivaldi, omniprésente, contribue à la force du film. Né à Venise, Michieletto filme sa ville avec une grande assurance.

Primavera est le genre de film que l’on espère voir distribué en Amérique du Nord. Après sa première au TIFF, les droits ont déjà été acquis pour des territoires comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie, les pays baltes et la Corée du Sud.

Il reste à souhaiter qu’un distributeur ou une plateforme canadienne offre ce beau film au public d’ici.

Cet article a été rédigé en anglais par Mac Glassman pour Ludwig van Toronto. Il a été traduit et adapté par Béatrice Cadrin pour Ludwig van Montréal. L’article original peut être consulté ici. 

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