
Dimanche après-midi, Arion Orchestre Baroque présentait le dernier de deux concerts avec la violoniste invitée Leila Schayegh dans un programme de musique baroque pour cordes (et un basson occasionnel).
La violoniste suisse a elle-même décrit le programme comme formant deux sandwichs italo/franco-allemand, faisant ainsi référence à la Sonata da camera no 5 de Georg Muffat encadrée par deux concertos grossos de Corelli en première partie, et au Concerto pour violon en sol majeur JunP I.4.a de Pisendel flanqué de deux concertos grossos de Vivaldi en deuxième.
Dès les premières notes s’installe l’aplomb élégant qui allait caractériser l’ensemble du concert. La nature des œuvres de la première partie permettait d’établir la complicité entre l’invitée et l’ensemble, alors que la deuxième partie donnait l’occasion à de petits groupes d’instrumentistes, au premier plan bien sûr Schayegh, de se démarquer en tant que solistes. C’était par exemple le cas dans le Concerto en la majeur per eco in lontano de Vivaldi, qui a été tout à fait envoûtant. Un petit ensemble caché dans les coulisses, mené par la violon solo d’Arion Jessy Dubé, y a adroitement donné la réplique musicale à Leila Schayegh et à l’orchestre restés sur scène.
Le Concerto pour deux violons et violoncelle en ré mineur de Vivaldi, certainement la pièce la plus connue du programme, a fourni une autre occasion d’admirer autant l’invitée que les instrumentistes d’Arion appelés à se joindre à elle comme solistes, dans ce cas-ci la violoniste Julie Rivest et la violoncelliste Andrea Stewart. D’ailleurs, le leadership communicatif de cette dernière à partir de sa place dans le continuo joue sans doute un rôle de première importance dans cette complicité que nous mentionnions plus haut.
L’orchestre est complété par une section d’altos de premier plan constituée de Jacques-André Houle et de Valérie Arsenault qui, même lorsque divisée en deux, a joué avec le genre de présence assurée qu’on souhaiterait toujours entendre dans les voix intérieures.
Alors que plusieurs mouvements allegro (dont le dernier mouvement du concerto de Pisendel, particulièrement réussi) étaient empreints d’un esprit espiègle entraînant, les deux mouvements marqués vivace (dans les concertos grossos op 6 no 4 et no 9 de Corelli) manquaient, eux, de vivacité, pourtant textuellement prescrite.
Cependant, l’assurance des articulations, le bon goût de l’ornementation et l’intelligence générale des interprétations ont tôt fait de supplanter ce détail de tempo, laissant le souvenir d’un après-midi de raffinement musical de la plus grande qualité.