Ludwig Van Montreal

FESTIVALS | Ahuntsic en fugue: bien plus que de la musique

Lieu d'accueil sur du Parcours Gouin. (Photo: Julie Turp)
Lieu d’accueil sur du Parcours Gouin. (Photo: Julie Turp)

Le Festival Ahuntsic en fugue fête ses cinq ans cette année et nous en avons profité pour leur rendre visite dans ce beau quartier en compagnie du fondateur, Clément Canac-Marquis. Ce fut la découverte d’un festival qui fait véritablement les choses autrement.

Clément Canac-Marquis est plus qu’un passionné. On peut dire que c’est un visionnaire. Guitariste de formation, il s’est dédié à l’enseignement pendant des années, tout en participant à des concerts et en développant de projets de toutes sortes. Aujourd’hui, il consacre une partie importante de son temps libre à organiser et coordonner bénévolement Ahuntsic en fugue avec sa conjointe, Lucie Hamel.

 

Lucie Hamel et Clément Canac-Marquis, fondateurs d’Ahuntsic en fugue. (Crédit: Julie Turp)

Je le retrouve au métro Sauvé et mon tour de l’arrondissement commence par le secteur Chabanel, dans un café situé près d’un petit parc dont l’aménagement récent contribue à la revitalisation de ce coin de la ville en pleine effervescence. Connu pour son industrie du vêtement, laquelle a fortement décliné au cours des dernières décennies, Chabanel est aujourd’hui plus diversifié sur le plan économique. C’est là, il y a quelques années, qu’un concert présenté au beau milieu d’un atelier a donné le goût aux élus municipaux d’encourager ce festival audacieux dans lequel ils ont vu une occasion de développer la vie culturelle dans le quartier.

« Avec les années, j’ai accumulé un savoir-faire dans le développement culturel et c’était un projet que j’avais en tête depuis très longtemps de développer un organisme culturel qui serait voué à un territoire spécifique, un arrondissement. Et c’est ce que j’ai fait, avec ma conjointe, et Ahuntsic en fugue est devenu partenaire de l’arrondissement. On ne fait pas que vendre des billets de concerts. On a une implication dans l’arrondissement afin de créer un axe décentralisé par rapport aux événements centraux de la Ville de Montréal. On travaille à l’intérieur de l’arrondissement et de ses quatre districts pour créer des événements. Chaque quartier est distinct et a sa personnalité propre. Une fugue, comme tu le sais, est une pièce à quatre voix qui évolue de façon simultanée, et on s’est servi de ce concept pour avoir quatre quartiers distincts qui sont autonomes mais qui, ensemble, forment un arrondissement. On a des gens qui participent au Festival chaque été et qui disent qu’ils « font la fugue » en allant aux concerts dans les quatre districts, qui sont très différents les uns des autres. »

 

Parc dans le quartier Chabanel (Photo: Julie Turp)

Faire la fugue

En effet, quand le public assiste aux concerts d’Ahuntsic en fugue, il peut se retrouver dans un lieu de patrimoine, l’église de la Visitation, dans Saut-aux-Récollets, dans un lieu industriel, à Chabanel, dans un monde très multiethnique dans Bordeaux-Cartierville, et dans la nature avec le Parc de la Visitation du secteur Ahuntsic.

« On tient compte des particularités de chaque district pour développer notre programmation. On travaille de très près avec les citoyens et les organismes locaux pour créer des concerts conçus sur mesure pour répondre à leurs besoins. On va jusqu’à donner la parole aux citoyens avant les concerts. Ici, dans Chabanel, on a déjà joué dans une usine de vêtements. On a déplacé une cinquantaine de machines à coudre, avec les ouvriers, et ce sont eux qui ont choisi le répertoire et le titre du concert. Ils ont préparé l’atelier et ils ont accueilli les spectateurs. Ils ont présenté au public tout leur savoir-faire. La veille, les spectateurs étaient à l’église de la Visitation et là, ils se retrouvaient dans un atelier avec des néons. »

Un des objectifs est aussi de faire déplacer les citoyens et de les faire sortir de leur quartier en assistant aux événements des autres secteurs.

« On est un organisme qui prend de gros risques, dit Clément Canac-Marquis. Il faut toujours se réinventer. Il y a des constantes, comme l’église de la Visitation, mais autrement, on se déplace d’année en année. »

Nous nous dirigeons ensuite vers le Parc-nature de l’Île-de-la-Visitation. C’est là qu’aura lieu le premier concert de l’Orchestre des berges d’Ahuntsic-Cartierville, demain, le 12 août, à 20 h. L’OBAC est un orchestre éphémère formé spécialement pour le festival. Il sera dirigé par le pianiste Mathieu Gaudet.

Tout au long du trajet, Clément Canac-Marquis, féru d’histoire, parle de son quartier, qu’il connait très bien. Il me montre d’anciennes usines à munition du temps de la guerre ou me raconte l’histoire d’Ahuntsic, Français ayant vécu parmi les Hurons et mort noyé dans la rivière des Prairies.

On aura l’occasion d’en savoir plus en allant aux concerts d’Ahuntsic en fugue, qui se déroule cette année principalement du 18 au 24 août.

Aperçu du programme

12 août, 20 h, – Grand concert gratuit de l’Orchestre des berges d’Ahuntsic-Cartierville, Parc-Nature de l’Île-de-la-Visitation. DÉTAILS

18 août, 20 h – Dialogue témoin – Salle Marguerite-Bourgeoys du Collège Régina-Assunta

Programme de musique de chambre avec Jean-Michel Richer, ténor, Mariève Bock, violoncelle, Mathieu Gaudet, piano. Pièce de Kiya Tabassian, Enescu, Schubert, Bach et autres. DÉTAILS

19 et 20 août, 20 h – Dialogue des regards – Chapelle Charles-Daudelin

Carte blanche à l’ensemble Constantinople, qui jouera en compagnie du nouveau Quatuor Ahuntsic. DÉTAILS

22 août, 20 h – Dialogues territoriaux – Loft situé au 433 rue Chabanel

Spectacle multidisciplinaire intégrant des projections de l’artiste visuelle Julie Turp, avec Andréanne Brisson-Paquin, le Quatuor Ahuntsic, Nazih Borish (oud) et Showan Tavakol (kamancheh). DÉTAILS

24 août, 20 h – Dialogues de l’intime au grandiose – église de la Visitation

Valérie Milot, harpe, Geneviève Deraspe, flûte, Hubert Tanguay-Labrosse, clarinette, Marc-André Doran, orgue, Quatuor Ahuntsic et le Chœur du Plateau. DÉTAILS