
Cette semaine, les Violons du Roy retrouvent leur directeur musical sortant Jonathan Cohen pour ouvrir la saison à Québec et à Montréal. En août dernier, l’annonce du non-renouvellement du mandat de Cohen était arrivée à brûle pourpoint, signalant rétrospectivement la fin de sa fonction officielle comme directeur musical. Cela ne signifie cependant pas que des adieux sont de mise : additionnellement aux concerts des 9 et 10 octobre, Cohen dirigera encore deux programmes au cours de la saison, en novembre et en mars.
Jonathan Cohen ne tarit pas d’éloges sur les dix années qu’il a passées à la tête des Violons du Roy : la décision de mettre un terme à leur collaboration a été prise pour des considérations pratiques, les déplacements entre Londres, sa ville d’attache principale, Boston, où il est directeur artistique de la Handel and Haydn Society depuis 2023, et Québec commençant à lui peser.
« Je suis très reconnaissant d’avoir travailler aussi étroitement avec cet ensemble merveilleux, » dit le directeur musical sortant. « Leur façon de jouer dans le style baroque sur des instruments modernes produit un son fort et clair; ça m’a montré à entendre différemment. »
Le chef exprime aussi son admiration pour la concentration des membres de l’orchestre en répétition, une manifestation de la volonté de chacun·e d’atteindre le meilleur résultat possible. Bien sûr, il y a eu une période d’adaptation au début, surtout du fait que Cohen dirige souvent à partir du clavecin. « Cela force les membres de l’orchestre à prendre plus de responsabilité – mais tout le monde est rapidement devenu très confortable avec cette façon de fonctionner. »
La collaboration entre le musicien britannique et l’orchestre fondé par Bernard Labadie a donné lieu à plusieurs moments marquants. Cohen souligne, en premier lieu, leur production d’Alcina de Handel en février 2023, avec en tête d’affiche la soprano Karina Gauvin, ainsi qu’une autre œuvre lyrique, La Senna Festiggiante de Vivaldi. Les trois albums parus comptent également parmi les hauts faits à retenir. Le premier, que Jonathan Cohen qualifie de « wacky », ou farfelu, à cause de la combinaison inattendue de la musique de Philip Glass avec celle de Handel, leur a valu une nomination aux prix Emmy. Les deux suivants ont approfondi un partenariat fructueux avec Charles Richard-Hamelin dans des concertos pour piano de Mozart, menant à des nominations aux prix Juno, Félix et Opus.
La polyvalence de l’orchestre a occasionnellement poussé le claveciniste et chef, spécialiste de la musique baroque et classique, en-dehors de sa zone de confort. Jamais il n’aurait imaginé être appelé à diriger le Concerto pour piano et cordes d’Alfred Schnittke, composé en 1979 : c’est pourtant ce qu’il a fait au printemps 2023, avec Marc-André Hamelin au piano.
Additionnellement aux prix et concerts mémorables, Jonathan Cohen laisse comme trace de son passage le programme Émergence, qui voit de jeunes instrumentistes fraîchement diplômé·e·s s’asseoir au sein de l’orchestre aux côtés de musicien·ne·s aguerri·e·s. « C’est positif pour tout le monde, » affirme le chef. « Et c’est un programme très nécessaire dans le climat financier difficile actuel, qui réduit les occasions pour les jeunes de prendre de l’expérience. »
Grand concert d’ouverture
Pour le concert d’ouverture, c’est sur l’avant-scène que les Violons du Roy accueilleront deux jeunes solistes en pleine ascension : la soprano Élisabeth St-Gelais chantera des airs de Gluck, et le violoncelliste Cameron Crozman interprétera le Concerto pour violoncelle en do mineur, RV 401 de Vivaldi. Pour ouvrir la soirée, l’orchestre à cordes fera entendre la Suite du Bourgeois gentilhomme, musique de scène composée par Lully pour la comédie de Molière. La majestueuse Troisième suite pour orchestre de J. S. Bach conclura le programme avec faste.
LE 9 OCTOBRE, 19 H 30, PALAIS MONTCALM DÉTAILS ET BILLETS
LE 10 OCTOBRE, 19 H 30, MAISON SYMPHONIQUE DÉTAILS ET BILLETS