
« C’est peut-être notre meilleure édition!, » se réjouit Marc-Antoine d’Aragon, le directeur général de l’Institut canadien d’art vocal (ICAV). Depuis 20 ans, l’Institut accueille début août une cohorte de chanteurs·euses, pianistes et chef·fe·s et leur dispense une formation de haut niveau dont le but est de les outiller pour entreprendre leur carrière professionnelle. Du même coup, le public est invité à découvrir les meilleur·e·s artistes de demain, destiné·e·s à monter sur les plus grandes scènes.
D’Aragon a plusieurs raisons de se réjouir, dont l’attrait de plus en plus grand de l’ICAV auprès des artistes vocaux du monde entier : « Cette année, nous avons reçu plus de 280 demandes d’inscriptions en provenance de 34 pays différents! » C’est au comité artistique formé d’Étienne Dupuis, d’Esther Gonthier et de Nathalie Deschamps qu’est revenue la tâche de sélectionner les participant·e·s. En même temps que le nombre de demandes explose, cependant, le nombre d’élu·e·s diminue : cette année, l’ICAV a fait le choix de réduire le nombre de participant·e·s.
Il y a deux raisons à cette décision : d’une part, l’ICAV peut ainsi s’assurer que chaque participant·e reçoive une formation personnalisée de la meilleure qualité possible. « Chaque participant·e passe beaucoup plus de temps avec ses professeur·e·s que par les années passées, » indique d’Aragon. L’autre raison, représentant un changement d’approche fondamental, est que pour la première fois, les académicien·ne·s de l’institut sont rémunéré·e·s pour leur participation, alors que par le passé, ils et elles devaient s’acquitter de frais de plus en plus élevés (jusqu’à 1 800 $). « Même si on offrait quelques bourses, le fait d’exiger des frais aussi élevés faisait que par la force des choses, on favorisait les gens les plus fortunés plutôt que les meilleur·e·s. Pour changer ça, il fallait enlever les barrières à l’entrée. »
C’est grâce à la générosité de fidèles donateurs·ices, dont la mécène Vanda Treiser, la Fondation Jacqueline Desmarais, la Fondation Azrieli et PowerCorp, que l’ICAV a pu opérer ce revirement. D’ailleurs, 85 % du budget de l’organisme provient de dons et de commandites, un ratio très élevé, alors qu’il ne reçoit aucune subvention.
C’est donc un petit groupe de chanteurs·euses trié·e·s sur le volet que le public aura l’occasion d’entendre encore quelques fois cette semaine. Jeudi soir, chanteurs·euses, pianistes et chefs présentent une soirée gala au cours de laquelle se succéderont les airs et les ensembles les plus aimés du répertoire d’opéra et dimanche après-midi, une présentation de La flûte enchantée viendra couronner leurs apprentissages. Durant notre entrevue, d’ailleurs, des bribes de Natalie Grimmett se réchauffant pour son rôle de la Reine de la Nuit flottaient jusqu’à nous. Le rôle de Pamina est tenu par Natasha Henry, « l’une de nos meilleures jeunes sopranos au Québec », selon Marc-Antoine d’Aragon. Yiran Xing est Tamino, tandis que Danlie Rae Acebuque et Marie-Claire Drolet forment le couple Papageno-Papagena. Han Zhengji sonde les profondeurs de Sarastro et Fletcher Bryce Davis joue le vilain Monostatos. Lise Nougier, Marianne Bertrand et Oryna Veselovska forment le trio de dames tandis que Graham Cooper et Handong Fu assument les rôles des prêtres et des hommes armés.
L’opéra est accompagné par l’Orchestre de la Francophonie (OF), placé pour l’occasion sous la direction de Christopher Gaudreault. Pour d’Aragon, la collaboration entre l’ICAV et l’OF tombe sous le sens : « Nos deux organismes sont rendus à la même place de leur évolution. Nous sommes deux académies d’été, qui maintenant rémunérons toutes les deux nos participant·e·s, qui organisons des spectacles professionnels avec des jeunes en leur offrant parallèlement une formation. J’espère que ce partenariat va se poursuivre. »
D’Aragon n’a aussi que des éloges pour les employé·e·s de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, qui héberge les activités de l’ICAV depuis les tout débuts : « C’est rare d’être appuyé par une équipe qui remue mer et monde pour nous comme ça! »
Pour l’avenir, le directeur général caresse aussi deux autres objectifs : rendre l’admission aux concerts gratuites pour le public, et mettre encore plus l’accent sur le répertoire francophone. « Montréal est la deuxième métropole francophone après Paris. C’est clair que cela fait partie des attraits pour les participant·e·s étrangers. On voudrait embrasser cet aspect-là encore plus. C’est difficile de chanter en français, la langue pose des exigences particulières différentes, entre autres l’assise des consonnes et l’absence d’accent tonique. On pourrait inviter les participant·e·s non francophones à venir une semaine plus tôt pour faire une immersion en français. »
Dans l’immédiat, l’infatigable directeur doit d’abord finaliser les enregistrements démos qu’il a faits pour les participant·e·s. Car chacun·e d’entre eux repart avec une trousse de démarchage comportant une photo de casting par le photographe en demande Tam Lang Truong et l’enregistrement préparé par d’Aragon, en plus des formations reçues sur la gestion de leur présence sur le web.
Ainsi outillé·e·s, les jeunes artistes sont prêt·e·s à faire une entrée remarquée dans le monde du chant professionnel. À nous de saisir l’occasion de les découvrir avant tout le monde!
GALA D’OPÉRA : LE 24 JUILLET, 19 h 30 SALLE CLAUDE-CHAMPAGNE DÉTAILS ET BILLETS
LA FLÛTE ENCHANTÉE : LE 27 JUILLET, 14 H, SALLE CLAUDE-CHAMPAGNE DÉTAILS ET BILLETS