
Après plusieurs jours d’écoute bien chargés à la salle Bourgie, le jury du CMIM a sélectionné dix candidat·e·s qui poursuivront à la demi-finale des 3 et 4 juin à la Maison symphonique. D’ici là, il y aura également la finale du Prix mélodie, à laquelle le jury a invité cinq candidat·e·s à participer. De plus, deux prix spéciaux ont été remis hier soir, soit le Prix pour la meilleure interprétation d’un air contemporain et le Prix de la relève.
Demi-finalistes
Voici les noms des dix chanteurs et chanteuses qui se produiront avec l’Orchestre symphonique de Montréal et le chef Patrick Summers, suivis de brefs commentaires sur mon impression récoltée lors du volet Aria de la première épreuve :
- Junho Hwang (ténor, Corée du Sud) : Un authentique ténor de bel canto. Tout le répertoire qu’il a présenté dans le volet Aria misait sur cette force, incluant l’air contemporain de William Bolcom, une ballade dans le style musical qui n’avait de contemporain que la date de composition.
- Katerina Burton (soprano, États-Unis) : Elle m’a impressionnée par son contrôle constant et impeccable de tous les aspects de sa voix, dont le vibrato, le timbre et l’articulation soigneuse.
- Chanhee Cho (baryton-basse, Corée du Sud) : Il possède une présence scénique magnétique ainsi qu’une voix extrêmement puissante.
- Yewon Han (soprano, Corée du Sud) : Elle a été tout à fait éclatante dans « I Am the Wife of Mao Tse-Tung » (extrait de Nixon in China de John Adams).
- Fleuranne Brockway (mezzo-soprano, Australie) : un peu étonnée par ce choix. Elle possède des atouts indéniables, dont un très beau timbre sombre, mais sa prestation m’a semblée un peu « verte » sous certains aspects. Son Mozart sonnait comme son Strauss.
- Fanny Soyer (soprano, France) : la seule qui a vraiment su moduler sa voix aux exigences stylistiques de la musique baroque. Elle a présenté un air de Jean-Philippe Rameau, dans lequel elle a démontré une grande flexibilité dans le jeu dramatique et une excellente présence scénique, en plus de sa flexibilité stylistique et expressive.
- Ariane Cossette (soprano Canada) : un autre choix qui m’étonne. Une bonne interprète avec de grandes qualités, mais une voix placée en arrière qui la fait sonner comme les chanteuses d’une autre époque. Encore une fois, un air de Mozart qui sonne comme … autre chose que du Mozart.
- Jingjing Xu (mezzo-soprano, Chine) : un timbre incroyablement plein et solide.
- Theodore Platt (baryton, États-Unis) : interprétations d’une grande finesse.
- Julia Muzychenko-Greenhalgh (soprano, Russie) : La qualité de son timbre ample et plein est d’une égalité remarquable sur toute l’étendue de son vaste registre.
Bien qu’elle n’ait pas été admise à la demi-finale, la soprano allemande Isabel Weller a démontré maturité et justesse d’approche dans ses interprétations de Mozart et Haydn, ainsi qu’un air prenant de l’opéra d’Udo Zimmermann sur l’histoire de la résistante Sophie Scholl. Je crois qu’elle n’a malheureusement pas démontré suffisamment de polyvalence pour être une candidate sérieuse à l’épreuve suivante.
Finalistes – Prix Mélodie
La finale du volet Mélodie se tiendra le 31 mai à la salle Bourgie. Un prix de 10 000 $ sera offert à l’interprète s’étant le plus distingué·e dans ce genre aux exigences différentes de celles de l’opéra.
Les finalistes sont :
- Fleuranne Brockway
- Julia Muzychenko-Greenhalgh
- Theodore Platt
- Laureano Quant (baryton, Colombie) : très belle voix souple et puissante. Mini accrocs d’intonation et d’émission dans l’épreuve Aria. Points bonis pour la prononciation française réussie qui a échappé à d’autres candidats.
- Fanny Soyer
Prix spéciaux
Meilleure interprétation d’un air contemporain
Ce prix, assorti d’une bourse de 2 500 $, est remis à la meilleure interprétation d’un air composé après 1975.
- Theodore Platt, pour l’air extrait de Written on Skin de George Benjamin. Un prix entièrement et indubitablement justifié. Sa prestation a été d’une grande justesse d’interprétation, en plus de démontrer son adaptabilité et sa profonde compréhension musicale.
Prix de la relève
Le CMIM a introduit l’an dernier ce prix de 1 000 $ remis par un jury formé d’étudiant·e·s issu·e·s des programmes musicaux des institutions d’enseignement supérieur de la métropole. Pour cette édition Voix, le jury de la relève était placé sous la présidence de la soprano Aline Kutan.
- Fleuranne Brockway