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ENTREVUE | Suzanne Careau, l’altiste devenue directrice générale d’I Musici

Suzanne Careau, altiste et nouvelle directrice générale d'I Musici (Photo : courtoisie I Musici)
Suzanne Careau, altiste et nouvelle directrice générale d’I Musici (Photo : courtoisie I Musici)

Les musicien·ne·s de l’orchestre de chambre I Musici ont entrepris d’écrire un nouveau chapitre de l’illustre histoire de l’ensemble, mais ne tournent pas pour autant le dos au riche héritage de leur passé. C’est ce qu’indique leur choix de directrice générale, une musicienne qui a rejoint les rangs d’I Musici en 1986 et qui y a assumé plusieurs fonctions administratives, l’altiste Suzanne Careau.

Depuis l’annonce de cette nomination, les messages de félicitations affluent de la part de donateurs, d’anciens chefs et d’anciens membres de la direction, preuve des liens de confiance qu’a noués Careau au cours des 20 années qu’elle a passées à gérer le personnel musicien, à négocier des conventions collectives et à préparer des budgets. Celle qui jouera son dernier concert comme musicienne le 3 avril prochain a vécu les années d’or de l’ensemble, alors que celui-ci multipliait les tournées à l’étranger et les enregistrements.

Le mandat de la nouvelle directrice générale est de taille, en cette période d’adaptation : c’est à elle qu’il revient de guider la nouvelle équipe et d’établir les bases du nouveau mode philharmonique auquel les membres ont récemment choisi d’adhérer.  Elle note avec insistance qu’elle ne se serait pas embarquée dans cette nouvelle aventure sans être assurée du soutien d’un conseil d’administration solide, formé des musiciennes Julie Triquet (présidente), Amélie Benoît-Bastien (vice-présidente) et Elvira Misbakhova (administratrice), du membre de longue date Robert Dutton et des nouveaux membres Luc Chaput (directeur du Conservatoire de musique de Montréal) et François Colbert (professeur à l’école des HEC, titulaire de la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux et de la Chaire UNESCO de management culturel, codirecteur du programme Master of Management in International Arts Management).

Les déboires récents d’I Musici auront eu ceci de bon qu’ils permettent à l’ensemble de mesurer la place importante qu’il occupe au sein de l’écosystème musical montréalais : « Je n’en reviens pas comment I Musici est chaud au cœur des gens », dit Careau. Thierry Lavoie-Ladouceur, nouveau responsable des communications, rajoute : « Ce qu’on remarque de plus en plus, du fait que ce soit les musicien·ne·s qui soient le point de contact, c’est que cela crée des liens plus forts, que la réponse est plus forte. » Manifestation éloquente de cet attachement, aucun donateur ne s’est retiré malgré la précarité actuelle. « On sent que les gens embarquent, qu’ils nous admirent, » réitère Careau.

Cette admiration s’étend à la direction de la Guilde des musiciennes et musiciens du Québec (GMMQ), qui suit le dossier d’I Musici de près depuis plusieurs mois. Rapidement mis au courant de la situation préoccupante issue des problèmes de gouvernance de l’ensemble et désireux d’appuyer les musicien·ne·s, le président et le secrétaire-trésorier du conseil d’administration Vincent Séguin et Éric Lefebvre les ont rencontré·e·s au courant de l’été dernier et sont restés en contact de façon assez régulière depuis. « I Musici a notre appui et notre admiration, » affirme Vincent Séguin. « La GMMQ souligne la ténacité et la persévérance dont font preuve les musicien·ne·s d’I Musici, leur volonté de sortir de leur zone de confort malgré tout ce que ça implique aux niveaux physique et mental. On leur lève notre chapeau et on est 100 % derrière eux. Ils savent que la GMMQ répondra présente au moindre appel s’ils ont besoin de nous. »

Pour Suzanne Careau, la réorganisation courageuse que traverse actuellement l’ensemble est la marque d’un esprit innovateur qui fait partie de l’ADN de l’ensemble : « Aux débuts d’I Musici, c’était innovateur de jouer debout, de considérer tous les membres comme des solistes. Aujourd’hui, on est encore innovateur en attribuant la direction artistique à l’ensemble des musicien·ne·s. »

Le mot d’ordre gouvernant la planification de la nouvelle saison est malgré tout la prudence : « On est en réflexion pour déterminer comment on articule la prochaine saison financièrement. Il n’y aura pas de concert bénéfice cette année, parce qu’on n’a pas le temps. On va devoir commencer doucement, aussi pour faciliter l’acceptation de notre nouveau mode de fonctionnement auprès des gouvernements. »

Grâce aux canaux de communications ouverts et à l’échange rapide d’information sur tous les dossiers, Suzanne Careau affirme malgré tout être dans une meilleure position que ceux qui ont occupé le poste de direction générale auparavant : « J’ai la vérité de tout, même s’il a fallu qu’on aille la chercher, cette vérité. » La confiance réciproque entre la nouvelle directrice et sa troupe est palpable : « On se nourrit mutuellement. »

Ce lien étroit entre les membres est également un héritage du fondateur Yuli Turovsky, qui considérait son ensemble comme une grande famille. Aujourd’hui, cette famille se serre les coudes plus que jamais, animée d’un élan commun à retrouver sa place légitime sur les scènes locales et internationales.

PROCHAINS CONCERTS :

LES TABLEAUX D’UNE EXPOSITION, LE 6 MARS, 19 H 30, SALLE PIERRE-MERCURE  DÉTAILS ET BILLETS

JEUNESSE ÉTERNELLE, LE 3 AVRIL, 19 H 30, SALLE PIERRE-MERCURE  DÉTAILS ET BILLETS

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