Le 25 mai 2023, un incendie dévastateur privait la communauté musicale montréalaise d’un lieu vital et emblématique, la Chapelle historique du Bon-Pasteur, dérobant du même coup les résident.e.s de la coopérative d’habitation Sourire à la vie et de la Maison Aurélie-Cadotte de leur lieu d’habitation. À l’occasion de l’anniversaire de ce triste événement, le Conseil québécois de la musique (CQM), appuyé par plus de 200 co-signataires, a publié vendredi dernier une lettre ouverte exortant les paliers gouvernementaux à entreprendre la reconstruction de la Chapelle et à s’engager à la rendre à nouveau disponible à la communauté dans les meilleurs délais.
La Chapelle est la propriété de la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM), qui la cédait à la Ville de Montréal en vertu d’un bail emphytéotique valide jusqu’en 2037. La Ville se dit intéressée à conclure une nouvelle entente du même ordre pour un autre 50 ans, et assure le CQM qu’un budget est réservé à la reconstruction. C’est la disponibilité des argents éventuellement accordées par le gouvernement provincial qui inquiète Dominic Trudel, directeur général du CMQ : le contexte financier actuel en culture est inquiétant à plus d’un point de vue et le plus récent budget a réduit les enveloppes de plusieurs organismes subventionnaires.
À l’heure actuelle, l’état du bâtiment n’a toujours pas été entièrement établi. Les travaux accomplis jusqu’à présent ont servi à solidifier la structure restante et à construire un toit temporaire, question d’empêcher le bâtiment de se dégrader encore plus.
Les signataires de la lettre ouverte rappellent que bien que la programmation de concerts ait pu être maintenue grâce à l’aide généreuse du Centre canadien d’architecture (CCA), il ne s’agit là que d’une partie de la mission de la Chapelle historique du Bon-Pasteur qui soit ainsi rescapée : pour offrir de nouveau des résidences artistiques et des possibilités d’enregistrements déterminantes pour le milieu, l’organisme de la Chapelle historique du Bon-Pasteur doit retrouver un lieu physique comparable au bâtiment d’origine – bien que le CQM soit ouvert à l’inclusion de quelques améliorations dans les futurs plans de reconstruction, par exemple une meilleure aire d’accueil du public.
La conversion du monastère du Bon-Pasteur en lieu réunissant vocations sociale et culturelle était souvent citée en exemple de grande réussite. L’avantage qu’a malgré tout le projet dans sa situation actuelle est que tous les partenaires nécessaires à la reconstruction étaient déjà impliqués dans le projet d’origine : paliers de gouvernement, propriétaire privé, protection du patrimoine. Il ne s’agit donc pas de les convaincre d’ouvrir leurs bourses pour une nouvelle initiative, mais il reste primordial que tous s’engagent à faire avancer le dossier de la reconstruction de façon prioritaire.
Dominic Trudel tient à souligner à quel point Simon Blanchet, agent culturel, et toute l’équipe de la Chapelle historique du Bon-Pasteur ont travaillé fort depuis le jour où tout a basculé. Ils ont également reçu énormément d’appui du CCA, tout comme la Ville de Montréal a offert un soutien exemplaire. Il est évident que les acteurs du milieu saisissent l’importance du lieu et la perte qu’il représente. Maintenant qu’un tour de calendrier est révolu, il faut aller au-delà de la bonne volonté et amorcer l’étape des actions concrètes.