Hier soir avait lieu le premier de deux concerts avec quatre grandes chanteuses de la musique québécoise, Luce Dufault, Marie Denise Pelletier, Marie Carmen et Joe Bocan, accompagnées par l’OSM et Jean-Michel Malouf. Les arrangements symphoniques sont le fruit du travail de l’arrangeur-compositeur Benoit Groulx, qui cumule une vaste expérience en musique de concert et en musique de film.
Vous êtes déjà familier avec le talent de Benoit Groulx si vous avez assisté au spectacle Echo du Cirque du Soleil ou écouté la série britannique Jonathan Strange & Mr. Norrell, par exemple. Sa participation à ce spectacle symphonique, depuis sa version initiale à l’Orchestre symphonique de Québec jusqu’à sa mouture actuelle bonifiée, était pour lui une occasion de retrouver Jacques Roy, contrebassiste et directeur musical, avec qui il avait déjà travaillé sur un album de Geneviève Charest. Le lien de confiance unissant les deux musiciens a permis dès le départ l’établissement d’une atmosphère de travail sympathique et collaborative, avec peu de contraintes.
Travail de longue haleine
Même si les seize chansons du spectacle Pour une histoire d’un soir avaient déjà été données en version symphonique à Québec, il fallait ajuster les orchestrations au contexte de la Maison symphonique et de l’OSM en y ajoutant plus de percussion et en redistribuant les parties de synthétiseur, absent, à l’orchestre. La première partie chantée par Luce Dufault, elle, n’existait pas en version orchestrale et exigeait donc la production de dix nouveaux arrangements. De quoi occuper notre arrangeur intensément pendant quatre mois. Il a même livré la totalité des pièces complétées avant la date de tombée, un fait plutôt rare!
L’intensité du travail à fournir ne l’a pas empêché de s’amuser un peu : « Je me donnais des petits défis esthétiques. Comme dans J’ai le blues de vous, j’ai inséré un motif qui monte à travers l’orchestre, des contrebasses jusqu’aux flûtes. Il y a peut-être juste moi qui l’entends, mais ça me donne une petite satisfaction de savoir qu’il est là. J’essaie aussi le plus possible de donner quelque chose d’intéressant à jouer à tout le monde. »
« André serait content »
Dans certains cas, c’était les interprètes qui aiguillaient la vision d’une pièce. « Marie Denise avait une demande spéciale pour moi, elle voulait que j’arrange la chanson Manquer d’amour d’André Gagnon seulement pour cordes et piano. Elle voulait un son de cordes luxuriant, suave. Je lui ai dit « Fais-moi confiance ». Quand elle a entendu ce que j’avais fait, elle m’a dit « André serait content ». J’étais content d’avoir réussi à reproduire ce qu’elle avait en tête. »
À entendre la réaction du public, transporté par cette nouvelle incarnation sonore des hits qu’il connaît bien, il y avait plusieurs personnes contentes hier soir. Je n’ai pu m’empêcher de tendre l’oreille aux commentaires du groupe assis en avant de moi, discutant de ce qu’ils venaient d’entendre : « On dirait que les instruments jouent les paroles, tellement la musique colle bien à la chanson. » L’arrangeur ne pouvait demander mieux pour cette première prestation : « Les filles étaient en feu, l’orchestre impeccable. »
Le spectacle est donné de nouveau ce soir, à 20 h à la Maison symphonique. DÉTAILS ET BILLETS
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