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CRITIQUE | Le retour de l'OSM à la Maison symphonique: et que la musique soit!

Par Caroline Rodgers le 12 septembre 2020

Karina Gauvin, soliste invitée pour le retour de l’OSM à la Maison symphonique, 11 septembre 2020. (Photo: Antoine Saito)

Après six mois de prestations virtuelles, de récitals en formation de chambre à l’extérieur ou même en mode cinéparc à l’aéroport, l’Orchestre symphonique de Montréal était enfin de retour à la Maison symphonique, hier soir, pour son concert inaugural d’une saison que l’on peut qualifier d’historique en raison des circonstances uniques de cette pandémie de 2020.

Que ceux qui craignent d’attraper la COVID-19 en allant à un concert à la Maison symphonique soient rassurés: le protocole sanitaire est tel que les risques sont presque inexistants. Grâce aux précautions prises et au nombre limite de personnes permises dans la salle, il est certainement moins risqué d’aller à la Maison symphonique qu’au supermarché. La Place des arts, très paisible en cette soirée au lieu de son brouhaha habituel, ne rigole pas avec la sécurité du public!

Évidemment, tout le monde porte un masque, comme partout ailleurs. À l’arrivée, on nous fait passer par le salon rouge pour se laver les mains ou les désinfecter (il y a même des lavabos) et on nous pose les questions réglementaires désormais de mise partout. Avez-vous des symptômes? Avez-vous été en contact avec une personne atteinte de la COVID?

Même si nous vivons avec ces contraintes ailleurs depuis un bon moment, c’est la première fois que je m’astreins à un protocole dans un contexte d’événement culturel. Je ne peux m’empêcher de trouver l’atmosphère bien étrange. On s’y fera. On n’a pas le choix. Je suis bien prête à porter un masque pour pouvoir enfin entendre de la musique « en vrai ».

Dans le lobby, avant le concert, on doit s’asseoir à une petite table si l’on souhaite boire un verre au lieu de le commander au bar. C’est le serveur qui se déplace. Les abreuvoirs sont condamnés. Dans les salles de bain, même les robinets pour se laver les mains sont « distancés »: un sur deux n’est pas fonctionnel, c’est bien indiqué au moyen d’affiches. Il en va de même pour les toilettes.

 

L’Orchestre symphonique de Montréal, de retour à la Maison symphonique, 11 septembre 2020, année de la COVID-19. (Photo: Antoine Saito)

Une fois dans la salle, les places ont été attribuées de façon à ce qu’il n’y ait personne ni à côté, ni devant soi. Au moins 3 sièges sont libres entre chaque spectateur. Il faut garder son masque tant que la musique n’aura pas commencé, car quelqu’un pourrait encore passer devant nous pour gagner sa place. Évidemment, il n’y a pas de programmes imprimés. On a décidément pensé à tout.

Lucien Bouchard arrive sur scène, lui-même masqué, pour son petit discours annuel, qui me semble plus court que d’habitude. Il annonce que cette 86e saison de l’OSM sera dédiée aux victimes de la pandémie et souligne que tout au long de cette épreuve collective, l’orchestre a voulu maintenir ses liens avec la communauté.

Il est vrai qu’ils sont restés bien présents par de multiples événements et moyens de communication, incluant même la création d’une émission hebdomadaire avec André Robitaille. À ce chapitre, c’est mission accomplie.

 

Marie-Nicole Lemieux interprétait deux airs de Mozart avec l’OSM pour ce premier concert à la Maison symphonique au retour du confinement. (Photo: Antoine Saito)

Le concert

Au total, 43 musiciens, assis à une distance respectable les uns des autres, prennent place sur scène pour cette soirée dont le programme comporte uniquement des œuvres de Beethoven et de Mozart. De nouveaux éclairages orangés mettent une ambiance chaleureuse dans la salle aux spectateurs dispersés.

Bernard Labadie dirige assis. À deux reprises, on projette une vidéo du chef d’orchestre parlant de la musique qu’il va diriger en termes fort pertinents. Le concert s’ouvre sur l’ouverture symphonique Coriolan, de Beethoven, et l’on peut enfin, après tout ce temps, entendre notre orchestre résonner dans sa vraie maison.

Les musiciens étant moins nombreux, la sonorité de l’OSM est évidemment plus légère qu’à l’habitude, mais convient parfaitement au répertoire de la soirée. L’orchestre n’a rien perdu de son agilité, de sa justesse et de sa précision.

La direction de Labadie est sobre mais avec juste ce qu’il faut de caractère pour souligner les subtilités du discours musical, qui nous apparaît limpide, équilibré et naturel. Cette musique parle d’elle-même, pas besoin, pour un chef, d’en rajouter, et il le sait.

Marie-Nicole Lemieux apparaît très élégante, vêtue de noir, pour Parto, Parto, ma tu ben mio, cet air de concert de Mozart tiré de La Clemenza di Tito qui s’agrémente d’une importante partie de  clarinette de basset, ici jouée par André Moisan.

Retrouver la vie de concert, c’est aussi retrouver Marie-Nicole. Elle est ici égale à elle-même, absorbée dans l’intensité de son rôle, chantant chaque mot, chaque phrase avec une intention musicale juste, une intuition parfaite de la façon dont les choses doivent être dites. Les vocalises de cet air sont peut-être un peu aigues pour elle, mais elle les fait bien. On est toutefois à la limite.

J’ai encore plus apprécié la chanteuse dans le second air du même opéra, Deh, per questo istante solo, qui lui convient mieux et qu’elle interprète avec de la profondeur, une voix cuivrée, puissante et juste. Un beau moment.

Karina Gauvin n’avait qu’un seul air à chanter, mais quel air! Elle est littéralement incandescente dans Ah! perfido, un air de concert de Beethoven. La soprano est parfaitement en contrôle de son instrument vocal et des subtilités de l’œuvre dont elle livre une interprétation spectaculaire.

 

Bernard Labadie dirigeait l’OSM pour ce concert du 11 septembre 2020. (Photo: Antoine Saito)

L’OSM, avec 43 musiciens, nous fait oublier qu’ils nous normalement plus nombreux dans la Symphonie no 1 de Beethoven, qui contient, si l’on peut dire, un résumé de ce que le compositeur a été jusque là, et un aperçu de ce qu’il va devenir. Une somme de sentiments heureux guettés par des drames dont les contours ne se dessinent encore qu’au loin.

Le chef Bernard Labadie apporte ici son expertise, une compréhension approfondie du style et de l’époque que les musiciens adoptent avec aisance. L’exécution est épurée, sans effets superflus, et tout à fait satisfaisante. La première symphonie de Beethoven pour ce premier concert en salle après des mois d’isolement me semble un choix qui apporte de l’espoir et du sens à nos vies bouleversées.

 

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