Tandis que la routine de nos vies est en suspens et que le passage du temps semble à la fois accéléré et ralenti, profitons-en pour explorer des musiques de toutes les époques, des magnifiques pièces pour violes de gambe de Marin Marais aux ballades et mazurkas de Chopin, en faisant un arrêt pour découvrir une opérette négligée de Jacques Offenbach.
Mélisande Corriveau, Eric Milnes, Marin Marais, Badinages, ATMA Classique/ Naxos
Du compositeur et gambiste Marin Marais (1656-178), mes connaissances sont minces. Comme bien d’autres passionnés de musique et de cinéma, j’ai découvert son œuvre à travers le film Tous les matins du monde. Compositeur à la cour, ami de Couperin, Marais domina musicalement une bonne partie de son époque, honneur qu’il partagea avec son maître Sainte-Colombe. En ces heures où les concerts devant public sont momentanément impossibles, il devient primordial de donner un coup de pouce à nos artistes. La gambiste Mélisande Corriveau et le claveciniste Eric Milnes revisitent l’œuvre de Marin Marais dans un esprit empreint de poésie et de tendresse. Si ce corpus fut amplement exploré par nul autre que Jordi Saval, une référence en soi, cette nouveauté disponible sur internet vous apportera calme et réconfort. Nos deux interprètes offrent une vision tout à fait convaincante, techniquement impeccable et stylistiquement attrayante. Du très beau travail qui dénote une fois de plus la richesse du talent de nos musiciens.
Orchestre National de France et Markus Poschner, Offenbach, Maître Péronillla, Naxos
Si tous les amateurs d’opérette connaissent Les contes d’Hoffmann, La vie parisienne ou La Périchole, l’oeuvre Maître Péronilla devrait s’inscrire « aux abonnés absents » et pour cause. Elle fut composée le 3 mars 1878, à une époque où Offenbach est accablé par des maux professionnels. Comme l’explique Alexandre Dratwicki dans les notes du livret : « Les contes d’Hoffmann sont abandonnés par la direction du Théâtre Lyrique, Madame Favart est reportée, etc. ». Présenté dans un superbe livre à tirage limité (4000 exemplaires sont en circulation), cet opéra-bouffe hispanisant raconte l’histoire de Léona, emprisonnée pour bigamie! De cette aventure aux accents coquins, l’Orchestre National de France sous la direction de Markus Poschner interprète cette partition endiablée reposant sur une vingtaine de voix que nous suivons, livret à la main. À la fois légère et moqueuse, cette découverte plus que séduisante nous fait redécouvrir Jacques Offenbach, bien loin des gaietés parisiennes.
Vladimir Horowitz, The Chopin Collection, Ballades, Études, Mazurkas, etc. RCA/ Sony, 7 CD
Dans l’univers Chopin, Vladimir Horowitz fait sans aucun doute partie des incontournables. Si votre serviteur préfère Arrau et plus encore, Samson François, ma semaine fut bien occupée avec ce coffret à prix modique. De 1945 à 1989, ce maitre du piano aura donc fréquenté Chopin sous toutes les coutures. Oubliant la sensibilité ainsi que l’esbroufe, Horowitz impose sa vision, servie par une technique époustouflante, particulièrement dans les mazurkas et les ballades. Un aristocrate des 88 touches qui allie la finesse et l’intelligence pour notre plus grand bonheur. Même si nous regrettons l’absence d’un livret, toujours bien pratique, ne boudez pas votre plaisir.
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