We have detected that you are using an adblocking plugin in your browser.

The revenue we earn by the advertisements is used to manage this website. Please whitelist our website in your adblocking plugin.

CRITIQUE | « Cosi Fan Tutte » par l’Université de Montréal: une boîte à bijoux

Par Michel Joanny-Furtin le 1 mars 2019

 

 

Emmanuel Hasler et Kirsten LeBlanc (Photo: Andrew Dobrowolskyj)
Emmanuel Hasler et Kirsten LeBlanc (Photo: Andrew Dobrowolskyj)

L’Atelier d’opéra et l’Orchestre de l’Université de Montréal présente pour trois fois encore un bijou d’opéra, quoiqu’il faudrait plutôt parler d’une boite à bijoux: le fameux Cosi Fan Tutte de Mozart et Da Ponte. Il reste des places : profitez-en pour découvrir les trésors que cache cet écrin conçu par le chef d’orchestre Jean-François Rivest et le metteur en scène Claude Poissant.

Des voix vraiment intéressantes se partagent la distribution. La mezzo-soprano Camille Brault assure le chant de Dorabella. Une voix juste, bien calibrée, présente et posée. La puissance, toutefois, semble encore à développer, mais tout est là. Une voix prometteuse à surveiller dans les prochaines productions.

Le ténor Emmanuel Hasler propose un Ferrando plein de nuances et d’émotions contraires, très humaines au bout du compte. Une voix ronde et efficace avec plus d’aisance dans le second acte.

Pierre- Étienne Bergeron, baryton, offre un Guglielmo charmeur, joueur et crédible, dans le jeu comme dans le chant. Une prestation solide et enracinée, presque théâtrale.

Le baryton Dominic Veilleux est très constant dans le jeu de Don Alfonso. Cet artiste fait ici figure de premier de la classe au sens positif du terme : un professionnel sérieux qui semble vocalement inébranlable.

La soprano Lila Duffy incarne une Despina espiègle et délurée, plutôt libertine. Un casting vocal réussi car son timbre de voix se prêtait avec talent aux différentes facettes du personnage.

La cerise sur le gâteau, c’est la soprano Kirsten LeBlanc (Fiordiligi) dont la voix ample autant dans le registre que la puissance et la qualité du jeu dramatique fait d’elle une artiste que l’on retrouvera bientôt sur d’autres (grandes) scènes. L’ovation finale a bien montré l’enthousiasme du public pour son talent.

Une mise en scène… et en abyme

« La partition de Mozart est un vrai profil psychologique », affirme le chef d’orchestre Jean-François Rivest.

C’est l’approche choisie par le metteur-en-scène Claude Poissant qui dispose les éléments d’une démarche presque psychologique de cette histoire. Cet opéra – qui n’a jamais été une pièce de théâtre ! – commence chez Goldoni et s’achève chez Molière. La farce devient une comédie dramatique.

À l’issue, tout se remet en place, mais tout ne finit pas forcément bien. Même Despina croit participer à une farce qui se révèle un piège pour ses deux maitresses. Pire, un traquenard amoureux dont elle fera, elle aussi, les frais.

La direction d’acteur menée par Claude Poissant va dans le même sens et tous les chanteurs, même le chœur, jouent ! Le chant deviendrait presque accessoire si les arias de Mozart ne soulignaient pas les atermoiements des âmes d’une manière quasi chirurgicale !

Cela donne une complétude au spectacle où les personnages sont littéralement bousculés entre la confusion des sentiments, les incertitudes de l’amour, et le rappel de la fidélité versus l’appel du désir. Rappelons que L’école des amants est le sous-titre de l’œuvre. Opera buffa, cette bluette pour ados raconte le passage difficile à l’âge adulte de quatre jeunes gens.

 

François Rivest et le metteur en scène Claude Poissant. (Photo: Andrew Dobrowolskyj)
Il reste des places : profitez-en pour découvrir les trésors que cache cet écrin conçu par le chef d’orchestre Jean-François Rivest et le metteur en scène Claude Poissant. (Photo: Andrew Dobrowolskyj)

Une disposition scénique valorisante

On soulignera la disposition de la scène, les chanteurs sur une scène en mezzanine au-dessus de l’orchestre qui est la scène initiale. Puisqu’il n’y a pas de fosse d’orchestre, cette particularité de la salle Claude-Champagne permet d’apprécier la présence des musiciens. Ce personnage à part entière et important à l’opéra qu’est l’orchestre est, pour une fois, visible. De plus, la mezzanine place les chanteurs au milieu du cadre de scène et favorise l’expression vocale des artistes. Quelle bonne idée !

Chanteur invité dans cette production, Pierre-Étienne Bergeron a remplacé le baryton David Turcotte, souffrant. Des proches de David nous ont dit la tristesse de l’artiste qui prépare ce rôle avec ses compagnons de scène et de chant depuis octobre. David Turcotte devrait reprendre son rôle samedi soir. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement.

Deux distributions en alternance à la salle Claude-Champagne, les vendredi 1er mars et samedi 2 mars à 19h30, puis le dimanche 3 mars à 15h. 

LIRE AUSSI:

OPÉRA | Cosi fan Tutte: une oeuvre au tournant des siècles

 

 

 

 

 

Partager cet article
lv_montreal_banner_high_590x300
comments powered by Disqus

LES NOUVELLES DU JOUR DANS VOS COURRIELS

company logo

Part of

Conditions d'utilisation & Politique de vie privée
© 2024 | Executive Producer Moses Znaimer