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CRITIQUE | Violons du Roy: le chant engagé d'Anthony Roth Costanzo

Par Emmanuel Bernier le 27 septembre 2018

Le contreténor Anthony Roth Costanzo est l'invité des Violons du Roy cette semaine. (Photo: Matthu Placek)
Le contreténor Anthony Roth Costanzo est l’invité des Violons du Roy cette semaine. (Photo: Matthu Placek)

Dès les premières notes émises par le contreténor Anthony Roth Costanzo hier soir au Palais Montcalm, il paraissait évident que le concert d’ouverture des Violons du Roy allait être à inscrire dans les annales de l’orchestre.

Invité pour un programme Haendel-Glass initialement préparé pour un enregistrement paru ces derniers jours chez Decca, le chanteur états-unien s’est tellement dépassé dans Stille amare, un air de l’opéra Tolomeo de Haendel placé en début de soirée, que nous nous sommes demandé s’il était possible de maintenir un tel standard jusqu’à la toute fin du concert.

Précisons d’emblée que Roth Costanzo n’est pas, stricto sensu, une « grande voix ». Expliquons. Chanteur au gabarit physique on ne peut plus léger, l’artiste possède un instrument qui n’a ni le volume ni la chaleur d’autres voix de contreténors. On le constate notamment dans certains passages d’Amadigi di Gaula de Haendel ou d’Akhnaten de Glass, où le son passe assez difficilement par-dessus l’orchestre.

Le timbre, tendre dans les graves et fruité dans les aigus, reste cependant souvent trop mince dans le médium. Cela n’a pas empêché Roth Costanzo de tutoyer les sommets sur le plan musical. Artiste total, le chanteur ne s’est pas contenté pas de livrer une interprétation correcte : il s’est surpassé à chaque note, mariant musique et texte avec une technique suprêmement maîtrisée.

Certains retiendront les déferlements virtuoses de Rompo i lacci et de Vivi tiranno, des airs tirés des opéras Flavio et Rodelinda de Haendel, où le contreténor a enchaîné les vocalises avec une désarmante assurance. D’autres garderont davantage à l’esprit les moments de pure tendresse chantés, presque susurrés pourrait-on dire par Roth Costanzo, dont les da capo de Lascia ch’io pianga (en rappel) et de Stille amare. À la fin de ce dernier air, lorsque le personnage semble près de trépasser sur le mot « morte », le public retenait son souffle, avant d’applaudir à tout rompre.

Le contreténor a fait preuve du même raffinement dans les extraits d’Akhnaten et de Monsters of Grace de Glass, chantés comme en apesanteur avec une attention spéciale pour chaque inflexion du texte. Chanteur très « physique », Roth Costanzo possédait littéralement la scène et captait d’emblée l’attention du spectateur. Dans The Encounter, de 1000 Airplanes on the Roof, de Glass, un air écrit simplement sur des « a », il semblait chanter avec toutes les pores de sa peau.

L’orchestre est resté un partenaire idéal tout au long de la soirée. On ne s’attendait à rien de moins pour un programme ayant récemment été l’objet d’un enregistrement. Dans le Concerto grosso, opus 6 no 10 de Haendel, le chef Jonathan Cohen, qui inaugure sa première saison à la tête des Violons du Roy, a été égal à lui-même, avec des mouvements lents et modérés sculptés avec grâce dans des tempos idéaux, mais des mouvements rapides manquant un brin de fougue. Les troisième et quatrième mouvements, dans lesquels les entrées en imitations étaient trop « à leur place », insuffisamment spontanées et anticipées, ressemblaient en effet plus à des allegrettos qu’à des allegros.

Vous avez raté ce concert? Les Violons du Roy et Anthony Roth Costanzo seront à la Maison symphonique ce samedi, 29 octobre, à 19 h 30. 

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